Conformez-vous au Christ serviteur

Homélie de monseigneur Dominique Rey lors de l’ordination diaconale de :

– Marc de Saint Sernin,

– Eloi Gillet.

Samedi 6 septembre 2008 en la paroisse saint-François-de-Paule à Toulon.


Deux séminaristes, Eloi et Marc, vont endosser dans quelques instants la robe de service que l’Eglise a apprêtée. Ils vont revêtir le Christ serviteur.

Ce service qu’ils vont accomplir ne relève pas d’abord de motivations altruistes ou philanthropiques. Ce service relève d’un appel particulier du Seigneur. Leur service se définit à partir du Christ, lui qui est le « Serviteur » par excellence.

Plus qu’une tâche à réaliser ou qu’une fonction à assumer, pour Jésus, servir constitue un état de vie, une manière d’être au Père et aux autres, une façon de se donner totalement pour faire vivre celui qu’on sert de telle sorte que celui-ci devienne, à son tour, serviteur.

Le Christ est « le serviteur » annoncé par le prophète Isaïe, dans l’Ancien Testament.

Le Christ est « le serviteur » qui déclarera aux siens dans l’Evangile de Marc : « Je suis venu, non pour être servi, mais pour servir, et donner ma vie en rançon pour la multitude ».

Marc, Eloi, la célébration de ce jour inscrit sacramentellement dans tout votre être, dans votre âme et dans votre chair, ce caractère sacré du service, vous conformant au Christ serviteur.

Qui devez-vous servir ?

Marc, Eloi, quel est votre maître ? Devenir serviteur, c’est placer toute votre vie sous la seigneurie de Dieu, en reprenant à votre compte la célèbre formule de Jeanne d’Arc : « Dieu premier servi ». L’engagement au célibat que vous prenez, en ce jour, souligne précisément votre entière consécration à Dieu. Jusque dans l’expression de votre affectivité. Jusque dans le don d’une fécondité génétique.

Presbyterorum ordinis (n° 16) souligne qu’en gardant la virginité ou le célibat pour le Royaume, les prêtres (et les diacres) se consacrent au Christ d’une manière nouvelle et privilégiée. Ils sont alors plus libres pour se consacrer, en Lui et par Lui, au service de Dieu et des hommes, plus disponibles pour servir son Royaume et l’œuvre de régénération spirituelle, plus capables d’accueillir largement la paternité dans le Christ.

Les »dérives » du service

Il y a une manière évangélique de « servir » à la suite du Christ qui nous libère des dérives multiples du service réalisé à la manière du « monde ». Car dans tout service, peut se nicher une recherche de soi, une complaisance, un besoin de reconnaissance affective ou sociale, une idolâtrie. Celui qui sert peut se comporter en « sauveteur » de la personne aidée et prétendre secourir autrui, malgré lui, dans une relation de sujétion et de dépendance. L’implication excessive peut même étouffer l’autre.

Celui qui sert peut être contaminé par une logique « marchande ». Nous occupons-nous du malade ou de sa maladie ? Du pauvre ou de sa pauvreté ? La perspective chrétienne ne réduit jamais la personne à son problème existentiel, matériel ou spirituel.

Le service peut tenir en otage celui qu’on aide, l’infantiliser, exercer une emprise abusive dans un rapport de réduction et de manipulation… En langue germanique, le don « gift » se traduit par le même terme que le mot « prison ».

Marc et Eloi, l’engagement au célibat, à la continence volontaire, que vous prenez par amour du Christ, va faire grandir votre liberté intérieure afin que vous trouviez à la fois une vraie disponibilité et une juste distance vis-à-vis des personnes. Cette liberté fait échapper à la peur de l’autre mais elle délivre aussi de la tentation de le manipuler, de le posséder en exerçant une certaine mainmise affective.

Service et Charité

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait « que ce qui est important, ce ne sont pas les grandes choses, mais le poids d’amour que l’on met dans chaque chose ». La vraie charité se vérifie dans la qualité de l’action entreprise, tout autant que sa matérialité.

Tout au long de l’Evangile, Jésus nous apprend comment exercer une vraie diaconie, dans une disponibilité et une attention délicate vis-à-vis de chacun. Mais l’acte qui signifie le plus la diaconie du Christ est le lavement des pieds (que relate l’Evangile de Jean au chapitre 13). Passant au milieu des siens, le Maître fait le geste de l’esclave. Ce rite précède la célébration de la Cène, comme pour la préparer. La charité fraternelle vérifie l’authenticité de la communion au Corps et au Sang du Seigneur. Et l’eucharistie est le sommet de toute diaconie. D’une part, laver les pieds de ses disciples, d’autre part donner le pain de vie et partager la coupe du salut, expriment pour Jésus le don suprême de soi pour faire vivre son Eglise.

Servir à la suite de Jésus, mais de quelle manière ?
Marc, Eloi, l’Eglise vous rappelle dans cette liturgie les 3 lieux où votre diaconie s’exercera : vous serez les serviteurs de la Parole, de l’autel, et des pauvres.

Serviteurs de la Parole
Serviteurs de la Parole, vous devez la proclamer, non seulement à la messe, mais par toute votre vie. C’est à un monde sans repères et sans boussole que vous êtes envoyés, munis de cette Parole de Vérité qu’est l’Evangile du salut. Une parole qui n’est pas une construction humaine mais qui vient de Dieu et qui révèle à l’homme égaré ou en quête de sens, la valeur et la dignité de sa vie.

C’est une parole exigeante qui appelle à la conversion du cœur, au retournement de soi puisqu’elle convie à une transformation intérieure pour vivre l’impératif de la charité.
C’est une parole d’espérance tandis que nous cédons si souvent au fatalisme et au découragement.

C’est une parole libre qui nous dégage du conformisme et de la tyrannie des modes.
Votre obéissance à cette Parole, qui est la Parole du Christ et qui retentit en son Eglise, témoignera de ce que le Christ a fait pour vous, a fait en vous, a fait de vous.
Vous êtes serviteur de cette Parole.


Serviteur de l’autel

Mais vous êtes aussi serviteur de l’autel. Vous rappelez ainsi à la communauté chrétienne que la liturgie est le premier service que nous sommes appelés à rendre : servir, c’est rendre à Dieu le culte qui lui revient.

Sans être exclusif, votre attachement principal à la forme extraordinaire du rite romain, dans la ligne du Motu Proprio Summorum Pontificum, rendra manifeste vis-à-vis de tous le sens du sacré et du sacrifice que doit honorer la prière de l’Eglise. A plusieurs reprises, le pape Benoît XVI, parlant de « l’ars celebrandi« , soulignait que la manière de célébrer renvoyait à un art de vivre qui sanctifie le quotidien (j’ajouterais la matière et la nature) et où se joue l’incarnation de la grâce de Dieu dans l’ordinaire de chaque geste, de chaque parole. La foi ritualise la vie. Elle ne peut se laisser corrompre par l’intellectualisme cérébral.

Serviteur du pauvre
Serviteur de la parole et de l’autel, le diacre est ordonné au service de la charité. « Si quelqu’un se dit chrétien, interrogeons-nous sur la manière dont il nous parle de Dieu, mais aussi des petits« , disait récemment un missionnaire. « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, disait Jésus, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25, 40). « Tu vois la Trinité quand tu vois la charité » (Saint Augustin)

Quand on aime, à la façon de Jésus (comme Il nous a aimés), le centre de notre vie se déplace à l’extérieur de soi. Il se trouve en Dieu et dans celui qui devient mon prochain. Celui-ci me précède et m’oblige. Je suis comptable de sa vie et de son salut (Le vrai serviteur a un amour de prédilection pour le pauvre). « Qu’as-tu fait de ton frère ? » nous dit le Créateur.

Eloi, Marc, la diaconie que vous aurez à exercer participe de la création d’un monde nouveau, inauguré par le Christ : le Royaume de pain, de justice et d’amour.

Dans sa première encyclique, Deus Caritas est, le pape Benoît XVI évoquait les qualités spécifiques de celui qui était appelé à exercer la diaconie dans l’Eglise.
Je le cite : »Ils ne doivent pas s’inspirer des idéologies de l’amélioration du monde, mais se laisser guider par la foi, qui dans l’amour devient agissant. Ils doivent être des personnes touchées avant tout par l’amour du Christ, des personnes dont le Christ a conquis le cœur par son amour en y réveillant l’amour pour le prochain. Le critère qui inspire leur action devrait être l’affirmation de la 2ème lettre aux Corinthiens : L’amour du Christ nous presse« (5, 14).

Publié le 11.09.2008.

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