Connaître pour mieux comprendre les cultures des jeunes…

_ Pourquoi est-ce un enjeu pour la mission ?

La mission auprès des jeunes implique inévitablement le rapport à des visions renouvelées du monde. Penser les mentalités nouvelles qui ont surgi, analyser le rapport différent à l’espace et au temps, à se demander quelles sont les représentations de Dieu. Ainsi, toute forme d’activités, de célébrations, voire toute initiation aux sacrements obligent les éducateurs chrétiens à se poser la question des cultures. Comment annoncer, aujourd’hui, l’Evangile du Christ aux jeunes générations ?


« Chers jeunes, permettez-moi de vous poser une question. Que laisserez-vous à la prochaine génération ? Bâtissez-vous vos existences sur des fondements solides, construisez-vous quelque chose de durable ? Vivez-vous vos vies de telle sorte que vous faites place à l’Esprit au milieu d’un monde qui veut oublier Dieu, ou même le rejeter au nom d’un concept erroné de liberté ? Comment utilisez-vous les dons qui vous ont été faits, la « force » que l’Esprit-Saint, aujourd’hui encore, est prêt à répandre sur vous ? Quel héritage laissez-vous aux jeunes qui viendront après vous ? Comment vous distinguerez-vous ? »

Benoît XVI aux jeunes de Sydney le 20 juillet 2008.

Citation de Jean Paul II. Catechesi Tradendae n° 59.

Le terrain sur lequel évolue le jeune d’aujourd’hui n’a pas été labouré mais en partie défoncé. Ce qui pouvait être facilement accueilli et accepté ne l’est plus. Ce qui représente la Tradition n’est plus reçue ou du moins ce qui est reçu demande à être inventorié, soupesé, défini, prouvé. C’est ainsi et nous devons en prendre conscience sous peine de rater les premiers moments de l’évangélisation. Le culte de l’immédiat et du zapping permanent fait que nous avons du mal à présenter une Personne qui a 2000 ans d’histoire et qui, de plus, est vivante de toute éternité.

La modernité

La modernité est d’abord rupture avec une « tradition », c’est-à-dire avec une manière de voir plus ou moins ancrée dans un sentiment de continuité historique, de fidélité à des valeurs et à des modèles, voire de dette à l’égard d’un héritage. La modernité à cet égard se définirait au contraire comme l’irruption d’une nouveauté radicale, la trahison ou l’oubli des normes traditionnelles, et une double attitude à l’égard de l’héritage : une grande disponibilité de celui-ci, susceptible de tous les usages, et une absence totale d’obligation de le faire vivre ou transmettre ».

Nous vivons certes dans le présent, mais nous avons tendance à ne vivre rien qu’au présent ; un présent qui se suffit à lui-même, un présent qui semble nous suffire ; un « immédiat permanent » qui ne semble plus avoir de liens avec le passé et l’avenir. « C’est cette « perte du sens de la continuité historique », cette érosion du sentiment d’appartenance à une « succession de générations enracinées dans le passé et se prolongeant dans le futur » qui, selon Christian Lasch, caractérise et engendre la société narcissique. Aujourd’hui nous vivons pour nous-mêmes, sans nous soucier de nos traditions et de notre postérité ; le sens historique se trouve déserté au même titre que les valeurs et institutions sociales ». Quand l’avenir fait peur –attentats terroristes sur toute la planète, apparition et développement de nouvelles maladies sans qu’on ait réussi à proposer une réelle solution pour celles qui sont apparues il y a plus de 20 ans, crise des énergies et dépendance de ceux qui en possèdent encore, soubresauts de plus en plus fréquent de la planète…et je pourrai hélas continuer la liste…- quand l’avenir fait peur donc, on a tendance à chercher refuge dans le présent, « qu’on ne cesse de protéger, aménager et recycler dans une jeunesse sans fin. Simultanément à la mise entre parenthèse du futur, c’est à la « dévaluation du passé » que procède le système, avide qu’il est de larguer les traditions et territorialités archaïques et d’instituer une société sans ancrage ni opacité ».

Nous vivons dans une situation historique que je crois sans précédent où le présent apparaît déconnecté du passé et de l’avenir et c’est là le cœur du problème qui nous concerne : dans cette dimension purement horizontale comment transmettre la dimension verticale qui est au-delà du temps et de l’espace.

Ainsi que l’écrit Jean Claude Guillebaud dans « Le goût de l’avenir » : « L’individu contemporain est émancipé mais orphelin. Notre bonheur d’être libre est un bonheur blessé. Il porte le deuil –et parfois le regret- des anciennes appartenances, des sujétions rigoureuses mais rassurantes, des protections de toute nature que nous avons rejetées pour leur préférer le grand large et son vent glacé ».

Ainsi, l’univers jeune est fréquemment associé à un désenchantement violent.

Les jeux en ligne

Il est alors compréhensible, pour fuir ce désenchantement, de chercher des fuites, parmi d’autres, l’univers des jeux en ligne s’y prête.

Le cinéma

Dans ce registre, le cinéma tient également une place de choix.

Dans une enquête réalisée par l’Education Nationale il y a quelques années, sur le loisir préféré des jeunes entre 15 et 25 ans, le cinéma arrivait en premier.

Les jeunes interrogés disaient aller au cinéma une à deux fois par semaine. La quasi totalité de ces jeunes disent ne parler avec personne de ce qu’ils ont vu.

Le cinéma a un fort impact sur les spectateurs que nous sommes. Pourquoi ? Lorsque nous entrons dans une salle de cinéma, sans le savoir, nous allons nous trouver dans une position de réceptivité passive. Tout en nous est sollicité jusqu’à des zones inconscientes qui nous échappent. Nous devenons vulnérables aux émotions, aux rires, aux pleurs.

Avec les jeunes un travail de mise à distance peut-être effectué.
S’intéresser à ce qu’ils regardent est une première étape, ensuite il est bon de parler avec eux. Si nous en prenons l’initiative, ils répondent.
Cela suppose que nous ayons vu certains films qu’ils aiment le plus et que nous nous soyons documentés sur le film…

La musique

Au sein de cet univers, la musique tient une place de choix.

Trois exemples permettront de comprendre certaines attitudes et pourront nous éviter (les connaissant) de prononcer un jugement trop vite négatif :

La techno

Le gothique

Le metal

Dans l’ouvrage « Homo sentiens: les jeunes et la musique. La renaissance de la communauté dans l’esprit de la nouvelle musique« , Orazio Maria Valastro associe la musique à un lieu de compensation sociale et à un phénomène ancestral de la communauté.

Son analyse précise que la musique des jeunes ne conduit plus seulement à l’écoute, mais à une « expérience totale », s’identifiant avec « leur trajectoire existencielle », et conduisant à la réalisation d’un « néo-tribalisme qui cherche l’expérience totale, immédiate et vif des images et des sons omni-compréhensifs ».

Alors, « le savoir passe en deuxième ligne par rapport au sentir. »

Les grand thèmes sensibles que nous retrouvons chez les jeunes sont ainsi :
– Se surpasser.
– Le refus de la mort qui conduit à pratiquer les sports de l’extrême.
– Habiter le monde. (Y installer sa demeure. Une certaine expérience de la musique.)
– La passion des voyages.
Avec internet, le jeune peut facilement se croire citoyen du monde. Il visite aussi des mondes imaginaires développant un goût de l’étrange et de l’inexploré.

Prenant en considération, dans ces réflexions autour d’un « homo sentiens », l’analyse sur la sociabilité et le besoin des jeunes d’un lieu à eux, il est possible de raisonner même en terme de colonisation des lieux. De nouveaux espaces et structures pour les besoins culturels et de socialité, sont considérés comme porteurs d’un accroissement du temps libre ou libéré, proposant un nouveau modèle du temps libre dans lequel la frontière entre la nuit et le jour s’efface.

Le Sacré ?

Dans nos sociétés occidentales où l’existence du sacré ne fait plus nécessairement consensus, il est capital d’initier les jeunes au sacré, d’expliquer, de faire comprendre aux jeunes pourquoi dans l’espace sacré on se comporte différemment. Les attitudes corporelles de la louange, de la contrition, de l’adoration sont un code à décrypter : « N’approche pas d’ici, dit le Seigneur à Moïse, ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte« . (Exode, III, 5).

De la même façon que l’Eternel dans le récit biblique expliquait à Moïse comment il devrait se comporter dans un espace sacré, car l’Eternel allait se manifester dans ce même espace sacré (hiérophanie), ainsi doit-on aujourd’hui expliquer aux jeunes et parfois aux moins jeunes comment se comporter dans un espace sacré, la signification des objets et des rites liturgiques, le sens des représentations artistiques qui jalonnent l’espace sacré, …

Sans cette initiation, l’espace sacré reste hermétique pour celui ou celle qui ne vit son rapport au monde que sous le mode profane. Si l’attitude de l’homme profane peut parfois apparaître scandaleuse à l’homme religieux, c’est que le plus souvent aujourd’hui l’homme profane n’a pas été initié au sacré.

Père Thierry Dassé

Publié le 10.02.2009.

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