Après l’Assemblée plénière des évêques de France

Du 3 au 8 novembre 2007 à Lourdes s’est tenue l’Assemblée plénière des évêques de France. Monseigneur Dominique Rey a participé aux débats qui ont animé ces journées. Il revient sur les différents thèmes qui ont été abordés.

Extraits de l’interview publiée dans le mensuel « Eglise de Fréjus-Toulon » n° 113 – décembre 2007.

Monseigneur, vous avez participé à l’assemblée plénière des évêques qui s’est tenue début novembre à Lourdes. Le cardinal André Vingt-Trois a été élu président de l’Assemblée des évêques de France. Parmi les dossiers traités par l’assemblée, les relations islamo-chrétiennes ont fait l’objet de larges débats. Qu’en est-il ?

Devant les évolutions de l’Islam en France et les répercussions de ce qui se déroule dans le monde musulman, nous constatons que des craintes, voire des peurs, se développent parmi les citoyens français, et plus particulièrement, parmi les communautés catholiques. 4 à 5 millions de personnes résidentes en France sont de culture ou de tradition musulmane : 50% d’entre eux sont citoyens français. C’est au quotidien (quartiers, écoles, travail, université) que des catholiques côtoient des musulmans. De ce fait, de nouvelles questions surgissent : multiplication des mariages entre personnes appartenant à des traditions différentes, des conversions religieuses ont lieu dans les deux sens…

Les questions abordées au cours de l’assemblée plénière ont tourné autour des problématiques suivantes :

– Comment promouvoir l’attitude évangélique de rencontre et de dialogue avec tous ?

– Comment tenir en même temps le dialogue et l’annonce de la foi ?

– Comment former des catholiques, prêtres et laïcs, à affirmer en même temps leur identité chrétienne et, sans crispation, amorcer un vrai dialogue dans une attitude de respect et d’ouverture interreligieuse avec les musulmans ?

Vous avez également abordé la question de la formation des prêtres. On constate en effet une forte diminution du nombre de séminaristes en France.

1990 : 1230 séminaristes – 2000 : 976 – 2006 : 764.

Notre diocèse fait exception, puisque près d’une soixantaine de candidats au sacerdoce, poursuivent leur formation à La Castille.

L’échange entre évêques a été l’occasion de rappeler les fondamentaux de la préparation au sacerdoce, dans le nouveau contexte ecclésial. Il est difficile d’établir une typologie unique du séminariste. Tous ont des parcours très différents. Beaucoup ont fait des expériences humaines et professionnelles antérieures. Un bon nombre a vécu une « conversion » et un retour significatif à l’Eglise. La plupart ont assumé le fait d’être minoritaires, comme chrétiens, et peut-être comme prêtres. Ils ont pris des engagements risqués en laissant tout pour le Christ, leur famille, leur vie professionnelle, leur sécurité affective.

Dans le cadre de nos échanges, quelques convergences ont émergé. L’Eglise a besoin d’hommes libres, c’est-à-dire capables de s’assumer et de prendre des engagements dans la durée ; « ni mollusques, ni crustacés, mais vertébrés« , disait l’un des évêques. La vie communautaire régulière doit leur permettre de déployer un authentique sens de l’Eglise et de sortir d’une culture de réseau. La formation humaine est fondatrice de tout le reste, soulignaient beaucoup d’évêques notamment dans la prise de distance par rapport à une affectivité trop prégnante, qui ne permet pas d’assumer sereinement la solitude et d’entrer en intériorité. Le lien avec des familles et des communautés peut être particulièrement équilibrant.

Un troisième dossier à aborder : la question du ministère des prêtres et de la vie des communautés chrétiennes. Si le prêtre n’est pas seul à la tâche dans l’Eglise, on peut faire ressortir quelques axes majeurs de ce qui constitue son ministère spécifique.

L’assemblée des évêques a fait un rapide repérage de ces points d’attention. En particulier, on a souligné le service de l’unité du Corps du Christ. En effet, les prêtres sont par excellence les ministres du rassemblement de tous les baptisés en un seul Corps. Ce rassemblement trouve sa perfection dans le sacrifice eucharistique. Ce service de la construction du Corps ecclésial est la ligne de fond de toute l’activité apostolique du prêtre.

Un autre axe de réflexion portait sur le service ministériel de l’éducation de la foi. Les prêtres ont à être ceux qui « proposent la foi », qui la rendent accessible, tout comme le père offre à son fils ce qui est fondamental pour sa croissance. Les prêtres doivent se trouver aux avant-postes de l’action et de la réflexion missionnaires !

Ces caractéristiques spécifiques du ministère sacerdotal aujourd’hui appellent des attitudes intérieures qui constituent la physionomie spirituelle du ministère presbytéral : l’homme d’action doit être aussi un homme de prière, de réflexion et de recul ; l’homme de l’annonce doit être aussi un homme d’écoute ; l’homme de la communauté doit être également un homme d’ouverture, capable d’entrer dans un vrai dialogue, en acceptant, lui aussi, de parcourir un vrai chemin de conversion. La fécondité du sacerdoce repose sur la sainteté d’une vie baptismale radicalement vécue, à la suite du Christ.

Dans son discours de clôture de l’Assemblée, monseigneur André Vingt-Trois, nouveau président de la conférence, a effectué la synthèse de vos travaux et abordé la mission qu’ont les évêques « d’alerter les consciences de nos contemporains ». En particulier, il a abordé le sujet du Téléthon qui avait suscité une polémique en 2006. Qu’en est-il ?

Nous ne pouvons que nous sentir solidaires de la tragédie que vivent les familles et les enfants marqués par cette terrible maladie génétique qu’est la myopathie. Les efforts considérables entrepris par les bénévoles, les associations, les écoles… qui se mobilisent pour collecter des fonds afin de lutter contre la maladie, ne peuvent que susciter admiration et encouragement.

La polémique qui s’est développée autour du Téléthon l’an passé souligne aussi les dérives dans l’utilisation d’une part des dons pour financer certaines recherches qui manipulent et détruisent les embryons, comme s’ils n’étaient que de simples matériaux de laboratoire.

Chacun doit se mobiliser face à cette maladie, avec le double souci de la générosité et du discernement.

L’Eglise a rappelé à maintes reprises le « principe non négociable » du respect de la vie de l’enfant à naître. En suivant ce principe, nous ne pouvons pas nous associer à la promotion de recherches qui instrumentalisent l’embryon. Nous demandons le fléchage des dons, et soutenons aussi les investigations prometteuses faites sur les cellules souches adultes et sur le sang du cordon ombilical, et qui respectent ce principe.

Extraits du discours de clôture de l’Assemblée plénière des évêques de France par monseigneur André Vingt-Trois

« Notre mission, c’est aussi d’alerter les consciences de nos contemporains. Nous le savons, les occasions ne manquent pas. La prochaine révision des lois de bioéthique supposera des interventions qualifiées auxquelles une cellule de notre conférence travaille déjà. Mais, plus profondément que les prises de position nécessaires sur tel ou tel sujet particulier, c’est tout un état d’esprit qui est en cause, une mentalité. Tous doivent travailler à ce niveau de profondeur où affleure la question de l’homme, de sa dignité et de sa vocation. Nous ne pouvons rester comme des chiens muets quand nous voyons se développer une sorte d’instrumentalisation rampante de la personne humaine. On le constate aussi bien dans les domaines économiques et sociaux que dans le domaine de la bioéthique. Jusqu’où irons-nous dans l’utilisation et l’exploitation de l’être humain pour la satisfaction de nos désirs, même légitimes, même généreux ?
C’est à la lente transformation des attentes et des requêtes de nos contemporains que nous devons travailler sans relâche. Nous devons avoir le courage de leur dire que notre mode de vie actuel ne pourra pas être préservé sans grave dommage pour l’avenir : dommage écologique mais aussi dommage financier des dépenses faites sur le compte des générations futures, misère culturelle et misère affective.

C’est à ce niveau de réflexion que se situent les questions que nous avons posées à propos du téléthon. Nous pensons d’abord aux jeunes malades et à leurs familles, à leurs espoirs de guérison et à leur courage. Nous admirons la générosité qui anime ceux qui participent au téléthon et nous n’avons pas l’intention de jeter le discrédit sur cette générosité qui porte des fruits. Des chrétiens nombreux se joignent à ce grand mouvement de solidarité comme à d’autres initiatives qui ne sont pour autant ni confessionnelles ni implantées dans des organisations ecclésiales. Mais la générosité ne légitime pas tout. Nous souhaitons donc que chacun réfléchisse et que soient entendues les graves questions que nous avons soulevées : tri embryonnaire, utilisation des cellules embryonnaires et médiatisation de jeunes malades. Ces questions ne sont pas seulement les nôtres, mais nous devons les formuler. »

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