Comment organiser une mission qui mobilise toute la paroisse ?

En 2004, une petite paroisse de l’Est varois a organisé cinq soirées à thèmes, deux journées festives pour les jeunes et cinq jours de porte à porte chez les habitants.

Votre paroisse est-elle vieillissante ? Trop petite ? Trop pauvre en forces vives ? Faites donc une mission ! C’est le paradoxe qui s’est vécu au Plan-de-la-Tour, village de 1500 habitants.

Programme d’une mission paroissiale

« L’année précédente, à la suite de “Paroisse en mission I“, opération montée dans tout le golfe de Saint-Tropez, on s’était juré de continuer… en allant sur le terrain. Et Plan-de-la-Tour, village rural dans l’intérieur des terres, avait été choisi. A la rentrée, la trop petite équipe d’organisation se regardait avec appréhension. Malgré la présence rassurante du père Martin, aumônier des jeunes du Golfe et celle de Myriam, responsable de la communication et de l’organisation.

Pourtant, fin mai 2004, l’objectif était atteint. Après une campagne postale d’envoi de dépliants, la majorité des 18 hameaux qui composent la commune avait été couverte par le porte à porte. Avec l’aide de six chrétiens venus des paroisses voisines.

Le coup d’envoi de la mission fut la “KT-fête”. On y vit tous les enfants catéchisés du secteur traverser le village, en costumes bibliques, sous un mistral du tonnerre, à la rencontre de l’ évêque. Un spectacle à toucher le cœur des plus pessimistes des paroissiens ! Et puis les soirées se sont succédées, à un rythme enlevé :
– table ronde sur l’éducation des jeunes,
– soirée de prévention de la drogue,
– soirée “pistou-témoignage” (une formule qui a de l’avenir, pour la recette, demandez à Armande),
– soirée “Miséricorde” avec l’aide de la communauté de l’Emmanuel,
– comédie musicale suivie par une procession nocturne. Sans compter les apéritifs et repas paroissiaux.
Dans le dialogue, les a priori tombent

Le fruit de tout cela ? Un peu de fatigue, quand même… Mais surtout une grande joie.

Et la certitude d’avoir vécu ce que le Christ demande à ses disciples. Et puis, les appréhensions ont été vaincues . “Cette mission m’a enlevé la peur du porte à porte, déclare Aline, catéchiste. Il fallait seulement faire le premier pas.” Comme Elisabeth, paroissienne d’origine protestante, Andrée et Francine, venues de Sainte-Maxime, ont été agréablement surprises par le bon accueil de l’immense majorité des habitants de la commune. Elles ont pu , à cette occasion, retrouver une amie, perdue de vue depuis bien longtemps, maintenant âgée et malade. “Nous nous reverrons, se sont-elles promises.” De fait, bien des liens se sont créés avec des personnes côtoyées chaque jour, mais non vraiment connues jusque-là. Ou avec des voisins isolés, comme cette mère de deux enfants, nouvelle dans le village, récemment séparée de son mari et bien occupée par sa formation professionnelle. “Le contact avec l’Eglise n’est plus naturel comme autrefois, commentait le père Bruno Bellec, alors curé du village. Il faut créer des occasions de se rencontrer et, dans le dialogue, les a priori tombent. Les chrétiens , précisait-il, ont pour mission de faire le lien entre les propositions de la paroisse et la population du lieu.”

Propos confirmé par Stella, jeune mère de famille non paroissienne venue à plusieurs soirées : “j’ai l’impression de partager avec vous quelque chose qui nous est commun, confiait-elle. C’était beau.
Nous avons du compter sur la Providence. Elle ne nous a pas déçus !

Conseils pratiques pour la mission

– Sur un plan plus pratique, on peut tirer quelques précieuses conclusions de cette mission. Pour les soirées, les premiers intervenants auxquels on avait d’abord pensé n’ont pas été disponibles. A l’exception d’une psychologue, venue de Paris, et remarquable par son apport, l’équipe organisatrice a du compter sur les chrétiens du département et sur… la Providence. Elle ne les a pas déçus ! La leçon est claire : il y a , autour de nous, dans chacune de nos régions, de potentiels témoins qui s’ignorent et qu’il faut savoir repérer.

– Deuxième leçon : il est indispensable de pouvoir compter sur une personne, comme Myriam, qui ne fasse qu’organiser et déléguer. Sa sérénité , son recul par rapport aux événements seront bien précieux au moment du “coup de feu”. De même, il est très libérant, pour un paroissien “lambda”, de n’être pleinement responsable que d’une seule soirée ou que d’un seul domaine logistique. Cela n’empêche pas de donner des coups de mains dans l’organisation d’autres événements, mais avec l’esprit bien plus détendu.
La vie chrétienne d’un paroissien ne se limite pas à la messe du dimanche

– Etre ou ne pas être… une communauté. A l’expérience, on découvre que c’est le point central . “Plus nous mettrons nos forces en commun, plus nous rejoindrons le but fixé par Jésus à son Eglise, répètait le Père Bruno. C’est l’aspect fraternel de nos paroisses qui pourra attirer”. Propos confirmés par Myriam pour qui la tâche aurait été bien plus facile si nous nous étions mieux connus dans nos talents et nos disponibilités. ” Si la vie chrétienne s’arrête à la messe du dimanche, poursuivait le Père Bruno, il n’y aura jamais de communauté chrétienne.”

Le mot de la fin ? Il appartient à Claude, responsable du catéchuménat du secteur. Parti jouer au golf pendant le début de la mission, il se fait interpeller par un ami : “dis-moi, ce signe sur ta voiture, en forme de poisson, qu’est ce que ça signifie ? J’ai du tout lui expliquer, avoue-t-il, avant d’ajouter : la mission, pour un chrétien, c’est tout le temps. Il faudrait pouvoir répondre aux questions des gens en recherche, quelque soit le lieu et l’heure.” Un bon programme pour la suite de ce temps fort. »

Yves Humbert

Publié le 16.10.2009.

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