« Ton ministère sera missionnaire ! »

Le 17 mai 2007 à Aubazines (19), était ordonné prêtre, Philippe Jacques de Bengy de le communuté du Verbe de Vie. Voici l’homélie de Mgr Rey à l’occasion de cet évènement, le 17 mai 2007.


40 jours après la résurrection, Jésus fixe rendez-vous à ses disciples sur une colline de Galilée. Les uns comme les autres pressentent qu’un événement mystérieux est en train de s’accomplir. Les paroles que prononce Jésus sont des paroles d’adieu.

Que se passe-t-il alors ?
La forme humaine de Jésus se retire. Jésus monte au ciel. Il ne s’agit pas tant pour les évangélistes de décrire un événement spatial dans la direction des étoiles, que d’affirmer le retour de Jésus au Père. Ce mouvement d’ascension est à la racine même de son être. Il est celui qui, engendré du Père de toute éternité, ne cesse d’aller vers Lui, de se tourner vers Lui.
Désormais, à partir de ce jour, Jésus ne parlera plus à travers le mouvement de ses lèvres. Ses mains ne toucheront plus, dans un contact physique, les malades qui mendient leur guérison. Mais il sera présent d’une autre manière.
Ce départ du Christ bouleverse les disciples. Les voilà tout tristes et désemparés, tant ils ont mis leur confiance entre ses mains, tant il leur est devenu cher, tant la résurrection du Christ s’était imposée à eux depuis 40 jours, au fil de ses apparitions, comme une consolation indispensable.
Les voilà déstabilisés. Mais la dernière parole de Jésus les remplit d’un secret espoir. Une parole qui semble contredire l’événement qui vient de se produire : « Je serai avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde » leur dit-il. Jésus leur confirme ainsi qu’à aucun moment de leur vie, il ne fera défaut.
Mais il y a encore plus réconfortant pour eux. Alors qu’ils sont absorbés par la contemplation des traces de Jésus disparaissant dans le ciel, deux anges leur apparaissent. Ils sont porteurs d’une promesse meilleure encore : Jésus les a quittés, mais pas pour toujours. Il reviendra de la même manière qu’ils l’ont vu s’en aller. Il viendra de nouveau dans la gloire de son humanité transfigurée. Le même visage tellement aimé. Les mêmes mains transpercées. Le même regard doux et pur… leur seront rendus pour toujours.

En ce jour, la célébration liturgique de cette fête de l’Ascension n’est pas sans rapport avec l’ordination presbytérale de Philippe-Jacques. L’Ascension marque le point de départ de son ministère.
Philippe-Jacques, de quelle manière ton sacerdoce va-t-il être comme éclairé de l’intérieur par cette fête ? Je souligne quelques points.

D’abord, l’Ascension ouvre le temps de la mémoire de l’Eglise.

Les apôtres ne verront plus, de leurs yeux, leurs Maître. Comme les disciples d’Emmaüs dont le cœur était tout brûlant de se rappeler ce que Jésus leur avait confié en chemin, les apôtres se souviennent de ce qu’il leur a enseigné. « L’Esprit-Saint vous rappellera toutes choses » avait d’ailleurs prévenu Jésus au moment où il leur annonçait son départ. Après l’Ascension, il ne reste de Jésus que les paroles qu’il a prononcées au cours de sa vie publique. Mais chacune de ses paroles le rendent présent alors même qu’il n’est plus là. Telle est la vertu de l’Evangile. Les paroles de Jésus dites il y a 2000 ans, accomplissent encore aujourd’hui ce qu’elles signifient. Et Jésus se donne à travers elles.

Philippe-Jacques, en devenant prêtre, tu es institué intendant des paroles de Jésus. Elles opèreront le salut de la même manière qu’au temps de Jésus, chaque fois que tu les rappelleras, que tu les enseigneras, que tu les annonceras.

La fête de l’Ascension souligne un autre point : la présence continuée de Jésus.

« Je suis avec vous, pour toujours, jusqu’à la fin du monde » a-t-il promis à son Eglise. Même si nous ne le voyons pas de nos yeux, Jésus est bien là. Il ne nous a pas abandonnés. Il ne s’est pas évadé de notre condition terrestre (cf préface). Nous ne sommes pas orphelins. Jésus est toujours là. Là dans les sacrements : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang« . Là, au milieu de nous, lorsque nous nous rassemblons en son nom : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, présent au milieu d’eux. » Là, dans le visage du pauvre auquel il s’est identifié. « Ce que tu as fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu l’as fait. »


Le ministère presbytéral souligne la réalité et l’actualité de la présence de Jésus :
– dans la liturgie et la célébration des sacrements de l’Eglise,
– dans l’exercice de la charité pastorale
– dans le souci du petit et du faible.

Jésus est contemporain de nos vies, contemporain de la vie de son Eglise, tellement plus proche de nous que nous le pensons. Le ministère du prêtre signifie cette proximité.
Philippe-Jacques, tu deviens, malgré tes faiblesses et tes imperfections, et souvent à travers elles, l’instrument de la présence de Jésus.
Jésus parlera à travers tes lèvres pour manifester son salut. Jésus agira par tes mains lorsque tu béniras le peuple qui t’est confié, lorsque tu partageras le pain de vie, lorsque tu plongeras dans la cuve baptismale ceux et celles qui veulent devenir enfant de Dieu.

Jésus va agir à travers toi. C’est dire la disponibilité qui doit être la tienne pour que le Seigneur fasse pleinement son œuvre. C’est dire l’humilité qui doit être la tienne pour te considérer, non pas comme la source, mais le pauvre canal de la grâce du Seigneur.

L’Ascension inaugure le temps de l’espérance.

Les anges avertissent les disciples ébahis que Jésus viendra de nouveau dans la gloire, à la consommation des siècles. L’histoire de chacun sera alors jugée à l’aune de la miséricorde. Il ne restera que l’amour que l’on aura semé dans les grandes et les petites choses. Le reste sera consumé.

L’Ascension du Christ est « déjà notre victoire » (oraison de la messe). Le Christ précède son corps, qui est l’Eglise, dans la gloire du ciel.

Philippe-Jacques, ton ordination sacerdotale te députe à l’espérance. Chaque messe que tu célèbreras anticipe le festin des noces de l’Agneau. Tu nous rappelleras « les réalités d’en haut » vers lesquelles nous sommes tendus. La figure de ce monde passe et le Royaume de Dieu qui est déjà au milieu de nous, n’est pas tout à fait parvenu à son accomplissement. Apprends-nous à crier « Maranatha » : « viens Seigneur Jésus ». Apprends-nous à discerner le surgissement de l’Esprit qui travaille de l’intérieur notre monde à la manière d’un ferment. Aide-nous à discerner les « signes des temps » et, pour reprendre l’expression de Pierre, « à rendre compte devant les hommes de l’espérance qui est en nous. »

L’Ascension, c’est enfin pour les apôtres, pour l’Eglise, le temps de la mission.

« De toutes les nations, faites des disciples ». Ce mandat missionnaire est adressé à tous. Avec deux prescriptions :
– « Baptiser », c’est-à-dire faire jaillir la vie divine dans le cœur de chaque homme. Car tout homme est fait pour rencontrer le Christ.
– « Enseigner », c’est-à-dire éduquer, éduquer sur la manière d’accéder à Dieu et de vivre en communion avec le Père.

En allant vers le Père, Jésus nous enjoint d’aller vers nos frères. « Allez, de toutes les nations, faites des disciples ». Il ne s’agit pas d’une proposition ou d’une suggestion. Mais d’une injonction, d’une commandement qui ne supporte aucune exception. Il en va de notre identité chrétienne.


Et Jésus ajoute en direction des siens : « Et moi, je serai avec vous pour toujours ». Nous témoignerons, non pas parce que Jésus est avec nous, mais à l’inverse, c’est parce que nous évangéliserons que Jésus nous fait l’absolue promesse : « Je serai avec vous, pour toujours, jusqu’à la fin du monde. »

Philippe-Jacques, ton ministère sera missionnaire, à la suite de Jésus, à la manière des apôtres. Soutenu par tes frères et sœurs du Verbe de Vie, tu témoigneras du Christ, d’abord par la sainteté de ta vie, par la fidélité à la prière en laissant l’Esprit-Saint te guider, par ton mode de vie évangélique, et en assumant le caractère prophétique de toute mission qui réclame la patience, l’humilité, l’audace et la liberté, mais qui appelle surtout la joie. La joie sacerdotale. La joie d’être au Christ. La joie de te donner à tes frères. La joie de les servir. La joie de rendre heureux (« Notre sainteté, c’est la joie des autres », disait Maurice Zundel). La joie de donner la joie de Dieu. Cette joie ne vient pas du monde, et personne ne pourra te la ravir. Le Christ fait de toi le serviteur de sa joie.

+ Dominique Rey
Aubazine, le 17 mai 2007

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