Père François-Xavier Gaillot-Drevon

Le père François-Xavier Gaillot-Drevon nous a quittés le dimanche 3 juin 2018 au matin.


Après avoir été renversé par une voiture et après plus de trois mois de combat au service réanimation de l’hôpital Sainte-Musse (Toulon), nous vous annonçons le décès du père François-Xavier Gaillot-Drevon à l’âge de 62 ans et dans sa 34ème année de sacerdoce.

Prions pour lui et pour sa famille (pour sa maman notamment).

Ses obsèques auront lieu mercredi 6 juin 2018 à 10h à l’église Sainte-Jeanne d’Arc (Toulon), présidées par Mgr Rey, et en présence de la famille du père François-Xavier Gaillot-Drevon

– Le corps du père François-Xavier Gaillot-Drevon sera transféré ce même mercredi 7 juin à l’abbaye Saint-Joseph de Flavigny (Côte d’Or) où il sera inhumé samedi 9 juin après une messe sur place.


Homélie donnée par le père Louis-Marie Guitton

Obsèques du père François-Xavier Gaillot-Drevon
Paroisse Sainte Jeanne d’Arc – 6 juin 2018

Cher père François-Xavier,

– C’est vous qui nous réunissez si nombreux ce matin autour de vous et le fait que nous soyons une telle assemblée, que tant de prêtres si différents se retrouvent autour de vous constitue déjà une sorte de message, comme une invitation à un œcuménisme fraternel ad intra.

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Heureux, bienheureux… J’ai été un peu surpris par ce choix des Béatitudes pour vos obsèques, pardonnez-moi cette réaction spontanée et mon impertinence, ne vous imaginant pas nous accompagner dans cette prière en souriant ni vous présenter devant le Seigneur en riant. Il est vrai que ce n’est pas le moindre des paradoxes de la foi chrétienne qui propose ce texte à la fois aux mariages et aux enterrements, qui n’hésite pas à parler de bonheur face à l’événement le plus tragique que le monde puisse imaginer. Voyons comme ce passage peut nous éclairer.

Vous nous avez quitté, cher père, comme vous avez vécu, discrètement. Heurté par une voiture dans la pénombre d’un soir du mois de février dernier, vous n’avez guère quitté depuis cet état semi-comateux qui vous privait de la parole et de toutes manifestations extérieures, mis à part votre regard qui s’animait de temps à autres. Vous avez été plongé dans un long silence à l’hôpital, interrompu seulement, et souvent, par les nombreuses visites que vous avez reçues. D’abord source de gêne pour ce service qui accueille de grands malades, puis où ce flot de visiteurs a fini par faire partie du quotidien.

Vous êtes entré à l’abbaye bénédictine Saint Joseph de Clairval de Flavigny à l’âge de 21 ans, en des temps tourmentés pour l’église et le clergé français. Cette communauté nouvelle vous a touché autant par son attachement aux racines de la foi de l’Eglise, sa solidité doctrinale et sa liturgie soignée, que par sa dimension apostolique, à travers la prédication des Exercices Spirituels de Saint Ignace, prédication à laquelle vous êtes resté attaché jusqu’à ces dernières années.

Cher père, vous faites partie de ceux dont on sait -un peu trop rapidement- ce pour quoi ils ne sont pas faits. Je m’explique. Vos frères moines, ainsi que votre famille, n’ont pas été surpris par votre départ du monastère après 20 ans de vie religieuse. Ils ont dit : « Il a besoin d’une vie plus apostolique. » Vos confrères diocésains se sont eux souvent dit : « Au fond, il vit comme un moine. »

Vous cherchiez tout simplement avec une certaine inquiétude ce lieu où Dieu vous voulait, avec ce désir jamais satisfait qui vous habitait. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice… de la juste place que Dieu leur donne. » Vous recherchiez la porte dont parle Jésus : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite », littéralement la porte angoissée. Vous aviez cette crainte, ce souci d’aller au ciel et surtout d’échapper à l’enfer. C’est assez rare aujourd’hui parmi les chrétiens, spécialement pour tous ces sadducéens modernes qui ne croient plus à l’existence des esprits mauvais, mais peu étonnant pour quiconque prend au sérieux la vie éternelle. Le prédicateur des Exercices Spirituels sait que l’on n’échappe pas à la méditation de l’enfer. D’ailleurs vos dernières paroles reflètent bien vos préoccupations. En effet, vous avez été accidenté le 22 février, jour où dans l’Eglise on fête la Chaire de saint Pierre. Vous aviez célébré la messe ce jour-là à l’hôpital et à la fin du sermon, vous avez dit, en accompagnant vos paroles d’un haussement d’épaule qui vous était familier et que l’on imagine assez facilement : « Au fond, le plus important, c’est la vie éternelle ! » A tous ceux qui se demandent à quoi vous avez pu penser durant ces trois longs mois, je crois que l’on peut dire que vous songiez à vos fins dernières.



A saint Pierre, Jésus promet de donner les clés du Royaume des cieux. De porte et de clés, il était souvent question avec vous. Votre dernier curé a suggéré que l’on prenne cet évangile pour vos obsèques. En effet, ouvrir, fermer, c’était une question qui vous tourmentait, comme une inquiétude permanente. Durant les cinq années où nous avons habité ensemble dans cette paroisse, il fallait à la fois que le presbytère soit ouvert pour faciliter votre accès à l’église, et en même temps bien fermé ainsi que le portail (ou la boîte aux lettres) afin d’éviter les visites inopportunes… Toujours ces désirs contradictoires : de la liberté pour vous échapper facilement ; des limites pour vous rassurer.

Inquiétude qui ne vous a pas empêché de remplir vos missions. Dès votre jeunesse, m’ont dit vos frères, vous étiez aviez le souci des pauvres et des petits. Vous vous étiez attaché à ce ministère auprès des malades à l’hôpital, et même si certains aspects vous agaçaient (vous avez dû quitter votre habit, le constat que certains n’attendent pas grand-chose du prêtre, les difficultés à vous faire remplacer…), rien ne vous rendait plus heureux que ce temps passé auprès des personnes souffrantes. (Ici : appel aux prêtres pour s’inscrire auprès de l’aumônerie de l’hôpital afin d’assurer les jours de permanence jusqu’à l’arrivée du père Gino, nouvel aumônier).

Vous étiez toujours prêts à vous rendre à leur chevet, même si cela tombait au mauvais moment. Vous vous sentiez pleinement prêtre à ce moment-là, lorsque vous pouviez leur donner Jésus à travers la confession ou le sacrement des malades, que vous avez très souvent conféré ces dernières années. Je pense aussi à ces joies dans ce beau service auprès des malades, de voir ces âmes s’ouvrir au dernier moment et demander le baptême in articulo mortis. Je sais que c’est arrivé plusieurs fois. Cher père, vous manquerez aux membres de l’aumônerie qui se sont attachés à vous, découvrant derrière une apparence un peu austère un cœur brûlant de prêtre, si plein du désir de donner Jésus aux âmes. Certainement qu’il peut vous dire maintenant : « Entre dans la joie de ton maître, bon et fidèle serviteur. »


Vous aimiez les petits moyens qui touchent les âmes simples : la récitation du chapelet, la distribution de médailles miraculeuses et surtout le fameux scapulaire que vous aimiez imposer. Parmi les promesses faites par la Vierge Marie à saint Simon Stock pour ceux qui l’auront porté avec foi et dévotion, il y a la libération de l’âme du purgatoire le samedi qui suit leur mort. Même si je pense que vous avez accompli une bonne partie de votre purgatoire à travers votre séjour à l’hôpital, je suis certain que cette promesse se réalisera pour vous samedi prochain et que nous pourrons alors vous compter parmi nos intercesseurs, auprès de Notre Dame.

Parmi les petits, il y a les enfants. La présence de nombreux fidèles aujourd’hui venus des différents lieux où vous avez servi (Hyères, l’Immaculée Conception, Saint Pie X…) nous dit aussi votre attachement à la famille, à toutes ces familles que vous avez visitées et dont vous avez pris soin, spécialement lorsque l’un de leurs membres était malade. Tous ces foyers qui vous ont accueilli et vous ont entouré, vous vous y sentiez bien, attentif en particulier aux plus jeunes, aux enfants, car c’est à eux qu’appartient le Royaume, aimiez-vous rappeler : il faut leur ressembler. Les visiteurs de l’hôpital auront remarqué les nombreux dessins apportés par les enfants.

Peu de choses pouvaient passer avant vos louvettes, qui sont là, ou avant la messe du lundi à l’école du Faro… Peu de choses, sauf peut-être votre orgue. Déjà votre père abbé avait constaté que les exigences du père François-Xavier organiste n’étaient pas toujours compatibles avec les exigences du père François-Xavier moine. A tel point que l’engagement à accompagner un office passait pour vous avant celui de la célébration de la messe. Vous étiez un mélomane averti et un organiste talentueux, aux dires de tous. Vous aviez d’ailleurs un orgue chez vous, auquel vous teniez beaucoup, à un mètre de votre lit : on peut dire que vous viviez véritablement avec. Vous en jouiez tous les jours. Objet de toutes vos attentions, il était au centre de vos préoccupations dans vos déménagements, car ce n’est pas un simple instrument de salon.

Vous allez nous manquer, cher père. Si vous aviez du mal à vous faire remplacer à l’hôpital, nous avons en revanche usé et abusé de votre disponibilité à nous rendre service. Vous avez célébré volontiers messes et enterrements à notre place. En véritable Bi(rituel), vous aimiez remplacer les Missionnaires de la Miséricorde Divine : une communauté où l’on rigole beaucoup, disiez-vous. Cela vous étonnait et vous vous y sentiez bien.



Vous êtes parti le dimanche de la Fête-Dieu, jour de cette belle fête eucharistique, où l’Eglise exprime publiquement sa foi dans la présence réelle de Jésus dans le Saint Sacrement, en particulier à travers les processions eucharistiques. « Sur ceux qui craignent le Seigneur se lève le soleil de justice, portant la guérison dans ses rayons. » dit le prophète Malachie. Cette « publicité » n’était pas votre inclination première. Rien ne vous ressemble moins d’ailleurs que cette avalanche de messages qui a inondé les réseaux sociaux (sur lesquels vous n’étiez pas) depuis votre accident. Mais cela montre bien l’attachement et la reconnaissance de tous ceux que vous avez touchés à travers votre prière et votre ministère.

Reposez en paix, cher père. Vous serez désormais, j’en suis sûr, heureux, oui, bienheureux, en entrant tout étonné dans le Royaume de Dieu !

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