L’Eglise, une communion missionnaire : aimer Jésus et le faire aimer – 2/3
Le père Arnaud Adrien a ouvert la XVème session des cellules paroissiales d’évangélisation par une conférence : “L’Eglise, une communion missionnaire”. Dans cette 2ème partie, il nous indique comment développer une culture de la sainteté pour “faire de l’Eglise une maison et une école de la communion.”
L’Église se définit comme une communion missionnaire
Une communion qui est celle que connaît saint Jean : “Notre communion est communion avec le Père et son fils Jésus Christ.”Une communion qui a donc une source, la vie même du Dieu Trinité. Une source qui est notre origine et notre finalité. Une source à laquelle nous avons l’obligation de boire. Une source dont nous n’avons pas le droit de dire qu’elle est inaccessible depuis qu’elle a abreuvé Abraham, Moïse dans le buisson ardent, Elie dans le murmure d’une brise légère, depuis surtout qu’elle a dressé sa tente parmi nous lorsque par Marie le Verbe s’est fait chair :
“Ce que nous avons entendu,
ce que nous avons vu de nos yeux,
ce que nous avons contemplé,
ce que nos mains ont touché
du Verbe de vie ;
car la Vie s’est manifestée :
nous l’avons vue.”
1 Jean 1
Une communion donc avec le mystère de Dieu, mystère de vie, mystère nourrissant pour notre âme, mystère qui nous définit, mystère qui appelle à un échange intime, mystère qui nous demande d’être ceux qui se retrouvent tous les jours aux pieds du maître pour écouter sa parole.
“Elle a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée”
De fait, la Parole qui a fait se lever Abraham d’Ur en Chaldée et qui vous a fait partir vous aussi, contient en elle-même une promesse de révélation, de connaissance expérimentale du mystère de Dieu (autrement, il ne nous aurait pas parlé).
Ainsi, si je veux être dans le cortège qui accompagne l’Epoux en sa demeure et ne pas être comme ces vierges folles qui n’ont plus d’huile, il me faut être un homme, une femme de la Parole et de la prière qui donnent l’Esprit-Saint. La connaissance expérimentale de Dieu que je pourrai ensuite communiquer passe obligatoirement par là.
Ainsi œuvre l’Esprit-Saint qui a été répandu dans nos cœurs.
Et que naît-il de cette communion avec Dieu sinon cette humanité nouvelle que Jésus nous a méritée par son sacrifice ? Cet esprit de Jésus répandu en nos cœurs nous fait nous aimer comme Dieu lui-même : mystère de l’Église qui est la communion de Dieu avec l’homme. Dieu avec l’homme, l’homme avec Dieu. L’Église, mystère de communion avec Dieu qui devient lieu de communion entre les hommes. L’Église que nous pouvons alors comprendre comme la fin de toute chose, la raison même de la création.
Faire de l’Eglise, la maison et l’école de la communion
L’Église, lieu de communion entre les hommes, c’est là qu’il nous faut nous rappeler
la lettre apostolique Au début du nouveau millénaire en son n°43 qui nous demande de
Faire de l’Église la maison et l’école de la communion : tel est le grand défi qui se présente à nous dans le millénaire qui commence, si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu et répondre aussi aux attentes profondes du monde.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Ici aussi le discours pourrait se faire immédiatement opérationnel, mais ce serait une erreur de s’en tenir à une telle attitude. Avant de programmer des initiatives concrètes, il faut promouvoir une spiritualité de la communion, en la faisant ressortir comme principe éducatif partout où sont formés l’homme et le chrétien, où sont éduqués les ministres de l’autel, les personnes consacrées, les agents pastoraux, où se construisent les familles et les communautés. Une spiritualité de la communion consiste avant tout en un regard du coeur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés. Une spiritualité de la communion, cela veut dire la capacité d’être attentif, dans l’unité profonde du Corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme “l’un des nôtres”, pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde. Une spiritualité de la communion est aussi la capacité de voir surtout ce qu’il y a de positif dans l’autre, pour l’accueillir et le valoriser comme un don de Dieu : un “don pour moi”, et pas seulement pour le frère qui l’a directement reçu. Une spiritualité de la communion, c’est enfin savoir “donner une place” à son frère, en portant “les fardeaux les uns des autres” (Galates 6,2) et en repoussant les tentations égoïstes qui, continuellement, nous tendent des pièges et provoquent compétition, carriérisme, défiance, jalousies. Ne nous faisons pas d’illusions : sans ce cheminement spirituel, les moyens extérieurs de la communion serviraient à bien peu de chose. Ils deviendraient des façades sans âme, des masques de communion plus que ses expressions et ses chemins de croissance.
Poser des gestes de communion
“La communion engendre la communion, dit Jean-Paul II [ [Christifideles laïci n°32]], et se présente essentiellement comme communion missionnaire.”
D’où la nécessité impérieuse de poser des gestes de communion, ces gestes qui font pénétrer le Royaume dans ce monde : aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous persécutent. Fais deux mille pas avec celui qui en espère mille, va dîner avec tous les Zachée de la terre…
L’Eglise, lieu où ici-bas, l’homme peut faire l’expérience du Dieu vivant qui change le cœur de l’homme et transforme le loup en agneau.
La prière et le service sont la base de l’évangélisation
La pédagogie des cellules est juste quand elle demande que la prière et le service soient la base de l’évangélisation. Il faut la prière pour deux raisons :
Seul l’Esprit peut nous donner la lumière et la force.
La lumière qui va permettre d’avoir l’intuition du geste à poser, la force ensuite pour l’accomplir.
Vous voyez bien l’enjeu : pour que des cœurs s’ouvrent, il faut des gestes qui stupéfient. Écoutez :
“Lorsque tu donnes un déjeuner ou un dîner, ne convie ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins, de peur qu’eux aussi ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. Mais lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu alors de ce qu’ils n’ont pas de quoi te le rendre ! Car cela te sera rendu lors de la résurrection des justes.”
Luc 14
Et encore :
“Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez, aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament.
A qui te frappe sur une joue, présente encore l’autre ; à qui t’enlève ton manteau, ne refuse pas ta tunique. A quiconque te demande, donne, et à qui t’enlève ton bien ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pour eux pareillement. Que si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on? Car même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on ? Même les pécheurs en font autant.
Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? Même des pécheurs prêtent à des pécheurs afin de recevoir l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien attendre en retour. Votre récompense alors sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants. Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant.”
Luc 6, 27-36
Vers une culture de la sainteté
Il ne s’agit pas d’étonner pour étonner bien sûr ; il s’agit de se laisser inspirer. Or Dieu est toujours Dieu c’est-à-dire qu’Il nous inspirera ce qui chez lui est ordinaire et qui chez nous est extraordinaire. C’est pour cela que la sainteté consiste à faire d’une manière ordinaire ce qui semble extraordinaire à ceux qui n’ont pas encore l’esprit du Royaume.
Seulement ces actes qui ouvrent le cœur des incroyants et éclairent leurs intelligences doivent être portés par la communauté elle-même. Il s’agit donc de développer une culture de la sainteté. Il s’agit de créer des communautés où les membres se stimulent à vivre le sermon sur la Montagne pour qu’une vraie folie du cœur, selon l’expression de Jean-Paul II gagne petit à petit tous les membres. Se stimuler selon une sainte jalousie, une sainte synergie qui nous fait devenir une communauté véritablement évangélique ; se stimuler dans une communion qui nous entraîne à poser les gestes du Royaume.
Et tout d’abord je n’hésite pas à dire que la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté.
Une fois le Jubilé terminé, la route ordinaire reprend, mais présenter la sainteté reste plus que jamais une urgence de la pastorale. (Au début du nouveau millénaire n°30)
Bien, mais le travail n’est pas fini avec cela. Pour qu’une communauté soit évangélique, il lui faut aussi être évangélisatrice (présenté en 3/3).
Publié le 08.01.2008.
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