Comment enflammer une paroisse ? Le témoignage de don Pigi Perini

« L’Eglise existe pour évangéliser »

Cette affirmation, c’est une affirmation qui m’a touché beaucoup, beaucoup, beaucoup… non pas quand j’ai lu pour la première fois cette exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi mais après.
A peu près 11 ans plus tard. J’étais à table avec un prêtre canadien, que peut-être vous connaissez, l’abbé Valérien Godet. « Val rien Godet ». Il disait : « Je val rien . » C’était un prêtre bien, très bien qui avait alors 85 ans. Il m’a fait lire un article d’un magazine américain dont le titre était « une paroisse enflammée. » J’ai lu cet article tout de suite, comme on boit un verre d’eau ou de vin. J’ai regardé le père Valérien et j’ai dit : « peut-être que c’est vrai. » Il m’a alors regardé avec ses yeux très intelligents et m’a dit : « Allons voir. » Nous sommes allés voir, lui, 85 ans, moi, bien plus jeune !
Nous sommes allés à Miami, ce n’est pas très proche, dans la paroisse Saint-Boniface, en Pennsylvanie. Avant tout, il y avait une situation particulière : six personnes nous attendaient à l’aéroport. J’ai pensé : six personnes, nous sommes deux, alors, ils sont venus avec un gros, gros camion ! Ce n’était pas vrai. Ils étaient venus avec deux voitures. Trois personnes dans l’une, trois dans l’autre, moi dans une voiture, le père Valérien dans l’autre. Quand je me suis assis à ma place, celui qui était à côté de moi m’a dit : « Don Pigi, veux-tu écouter l’histoire de ma conversion ? » J’ai écouté, bien sûr, avec plaisir. C’était une histoire très intéressante. Puis, celui qui était devant m’a dit : « Veux- tu écouter l’histoire de ma conversion ? » L’idée de conversion était une chose nouvelle pour moi. Pendant qu’il relatait son histoire, je sentais que l’intérêt que je portais n’était pas tant pour ce qu’il disait que pour moi-même. Pourquoi deux personnes parlent-elles de leur conversion ? Quand il a eu terminé, le 3ème a dit : « Et moi, veux-tu que je te raconte l’histoire de ma conversion ? » Alors, j’ai pensé : « mama mia c’est la fin. » Après cela, il allait me demander l’histoire de conversion, et je n’avais pas d’histoire de conversion ! Je ne me rappelle rien de ce qu’il a dit. Tout le temps, je pensais : « Qu’est-ce que je vais pouvoir dire ? » Et, ponctuel comme la mort, il a dit : « Et toi, quelle est l’histoire de ta conversion ? » Avez-vous vu une mouche sur un verre ? C’était ma situation. Je ne savais pas quoi dire. Peut-être qu’ils se sont aperçus de ma situation. Je n’ai pas compris.

Ma conversion était en train de démarrer à ce moment-là

Pourquoi ?
Parce que j’ai vu une paroisse engagée totalement dans l’évangélisation. Tout le monde était très accueillant, très gentil, tous avaient un grand sourire. Il y avait une douceur envers moi, un plaisir de me rencontrer, une grande patience pour m’écouter, un grand désir d’écouter mon histoire, et pas seulement les trois qui m’avaient accueilli, mais tout le monde dans la paroisse. J’ai vu une paroisse engagée dans le service : un professeur d’école travaillait à la réfection de l’église en faisant de la peinture, d’autres faisaient l’électricité, tous dans un engagement volontaire fait avec joie. Une femme, dans sa maison, allait et venait avec son téléphone posé sur l’épaule, et parlait. De quoi, avec qui ? Avec les amis qu’elle avait pris en charge dans l’évangélisation. C’est une chose étonnante. Je n’avais jamais vu une chose pareille ! Une chose étonnante ! Le prêtre m’a confié qu’à la base de tout, il y avait un temps très important d’adoration, la connaissance des enseignements de l’Eglise à travers surtout un document l’exhortation apostolique de Paul VI Evangeili Nuntiandi. Alors, j’ai pris ce document. Je l’ai lu une 2ème fois. J’étais très très ami de Paul VI, j’ai eu en charge des parents à lui. J’avais lu ce document il y a 7 ans, mais je n’en avais pas compris le secret.

J’ai trouvé des propositions qui m’ont touché profondément, qui m’ont touché le cœur

Je me suis aperçu qu’au cours de ma vie sacerdotale j’avais perdu beaucoup de temps en regard de l’évangélisation. Revenu à Milan, ceux qui m’ont rencontré m’ont dit : « Tu es différent, tu n’es plus le même ! Ton sourire, tes yeux sont changés ! » Ils murmuraient : « don Pigi est devenu fou ! » Mais comme ils m’aimaient beaucoup, ils m’ont suivi. La première chose que nous avons faite, c’était l’adoration deux jours par semaine. Et je me suis aperçu que, de nombreuses fois, je pouvais trouver l’occasion de parler de l’évangélisation. Le dimanche, dans une homélie, ou dans un enseignement. Je saisissais toutes les occasions pour parler d’évangélisation. Lentement, doucement, mon cœur était en train de s’ouvrir à la proposition de l’évangélisation.
J’ai compris que ceux qui m’intéressaient n’étaient pas ceux qui sont présents à la messe mais ceux qui sont au dehors, une multitude. Je respecte ceux qui sont présents à l’Eglise, mais je me suis aperçu que Dieu m’a voulu prêtre pour ceux-là, que mon devoir était d’engager ceux qui sont présents pour prendre en charge ceux qui ne sont pas présents dans l’Eglise. Je ne pouvais pas aller dans les officines, dans les bureaux, dans les stades de foot, dans les salles de cinéma, je ne pouvais pas ! Les laïcs étaient les personnes que je devais envoyer pour être présents comme chrétiens dans ces endroits. Comme chrétiens ! Pourquoi comme chrétiens ? Parce que la tâche d’être évangélisateur est une tâche pour les chrétiens.

Si le chrétien n’est pas évangélisateur, il n’est pas chrétien.

Un chrétien qui n’évangélise pas est un chrétien retraité qui ne fait plus ce qu’il doit faire dans sa vie. Doucement, doucement, ces choses sont passées dans le cœur de ceux qui m’écoutaient. Alors, nous avons fait une catéchèse pour la communauté, comme nous le faisions tous les ans. Cette année-là, nous avons choisi Evangelli nuntiandi. Six chapitres, un chapitre par semaine. Et nous avons expliqué, je dis nous parce qu’il y avait un autre prêtre avec moi qui n’était pas trop convaincu mais qui, dans l’obéissance, a fait un très bon travail. A la fin de la période du carême, tous étaient convaincus qu’être évangélisateur n’est pas une tâche qui regarde seulement les prêtres, les sœurs, les religieux, mais une tâche pour eux.

Un peu après, il y a eu un autre document fondamental : Christi fideles laïci qui dit : « La tâche d’être évangélisateur, c’est une tâche pour tous les chrétiens« . Pour accomplir cette tâche, les chrétiens ont les sacrements de l’initiation chrétienne et les dons du St Esprit. Pas un doctorat de théologie ! Peut-être que le doctorat de théologie est un bon moyen pour évangéliser, mais Christi fideles laïci ne parle pas du doctorat de théologie. Sacrements de l’initiation chrétienne, dons du St Esprit, c’est touchant parce que la multitude disait : « je ne suis pas prêt à être évangélisateur. » As-tu reçu le baptême ? Oui. As-tu reçu la confirmation ? Oui. Alors, si tu prends conscience de ton baptême et de la confirmation, tu peux et dois être évangélisateur. Si tu ne fais pas ton devoir d’être évangélisateur, tu n’es pas chrétien. Tu es chrétien parce que ton nom est écrit dans le livre, mais tu n’es pas chrétien selon l’enseignement de l’Eglise et de Jésus Christ. Doucement, les choses ont changé. Au cours d’une nuit de prière dans la chapelle, j’ai choisi 42 personnes parmi celles qui avaient participé à la catéchèse sur Evangelli nuntiandi. Habituellement, quand 60 personnes participaient au départ, à la fin il en restait 10-12. C’est normal. Mais, cette fois-là, les 42 sont restées jusqu’au bout parce que les laïcs ont un grand désir d’être évangélisateurs. Et c’est un manque que les laïcs ne puissent exprimer leur désir profond. Mea culpa comme prêtre !

Avec une petite allumette, on peut faire naître, un grand flambeau, une très grande flamme

Les laïcs m’ont dit :
« C’est juste, nous devons être évangélisateurs, mais comment faire ? Que pouvons-nous faire ? »
« Attendez un moment, j’ai une réponse ! » Et la réponse était : les cellules paroissiales d’évangélisation. Ceux qui s’étaient préparés pendant les 6 semaines ont pu participer à 24 cellules provisoires. Nous sommes arrivés au mois de février et nous avons ouvert à la communauté la proposition de participer aux cellules, à ceux qui participaient normalement à la messe. Un petit feuillet sur lequel était écrit : je désire participer deux fois à une rencontre des cellules, nom, prénom, âge, adresse.
Nous avons recueilli plus de 200 adhésions. Alors, nous avons invité l’évêque du diocèse de Milan, cet évêque de Novara, une très sainte personne qui a dit : « c’est le commencement d’une chose qui doit être un exemple pour l’Eglise entière. » C’est fou comme moi ! Les choses se sont mises en marche. Treize cellules sont nées. Tout de suite, une cellule s’est multipliée. Une cellule de jeunes s’est multipliée. Et, de mois en mois, nous sommes arrivés à la situation actuelle de 137 cellules. C’est bas, trop bas ! 137, ce n’est rien !

Mais le Seigneur a voulu me donner une nouvelle flamme à travers le Président du Conseil Pontifical pour les laïcs. Il s’agit de Mgr Rylko, archevêque. Je ne veux pas répéter l’histoire que j’ai relatée ce matin à beaucoup d’entre vous. C’est son initiative. Je n’ai rien fait et n’ai jamais pensé à demander une reconnaissance officielle. Jamais ! Il m’a écouté quand j’ai parlé dans une assemblée générale du Conseil Pontifical pour les laïcs. Il m’a dit : « Viens me trouver » et il m’a proposé… Il ne m’a pas proposé, il m’a obligé – c’est différent -, il m’a obligé à faire la requête d’une reconnaissance officielle par l’Eglise. Et nous avons présenté une demande officielle que nous avons mise dans les mains de Mgr Rylko…

Publié le 16.12.2007.

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