Chrétiens et musulmans à la rencontre à Toulon et dans le Var

Des chrétiens et des musulmans font l’expérience de l’enrichissement que procure la rencontre de l’autre, même et surtout s’il est différent. La paix tant recherchée, régulièrement prêchée, toujours introuvable, une société plus ouverte, plus solidaire, tels étaient les espoirs et les enjeux de cette « semaine de rencontres islamo-chrétiennes ».

Créée en 2001 à l’initiative du GAIC (groupe d’amitié islamo-chrétienne) au niveau national, elle s’est déroulée dans près d’une quarantaine de villes de France du 16 au 25 novembre 2007.

A Toulon et dans le Var, ce fut une troisième édition. Pour des raisons de calendrier, elle a été décalée et s’est déroulée entre le 24 novembre et le 2 décembre.

Hyères

La semaine est inaugurée samedi soir à la maison Massillon, 12 rue de Verdun à Hyères. C’est un grand dîner partagé auquel participent environ 60 personnes, moitié chrétiens, moitié musulmans. Jean-Louis Banès et l’équipe de la paroisse, le président Ahmed Souti et des membres de son association de musulmans d’Hyères, déjà habitués à des rencontres précédentes, ont préparé cette soirée à laquelle participe l’ensemble des prêtres de la paroisse, dont le père Jean-Michel Terrade, son curé. Les musulmans ont emmené le thé, des salades et les gâteaux, les chrétiens ont apporté pizzas, fruits et boissons. Après quelques mots de bienvenue des organisateurs de la soirée, Daniel Gazeau et Saïd Hichouri, les responsables au niveau du diocèse et du département, prononcent quelques mots pour expliquer la portée de cette semaine de rencontres, non seulement dans le Var mais aussi en France et même en Europe. Puis chrétiens et musulmans se mêlent autour des tables et les contacts se nouent. Le repas est égayé par de jeunes musulmanes interprétant quelques chants et quelques chrétiens entonnant des chants religieux. L’atmosphère est vraiment à l’amitié et à la fraternité.

Lorgues

La rencontre a lieu dimanche en début d’après-midi au presbytère de Lorgues, rue de la Bourgade, puis à la mosquée, rue des Tours. Le thème de la rencontre est « la religion dans une société sécularisée« . Cet échange permet de mieux se connaître, en percevant différences et convergences ! L’imam, représentant du culte musulman et le père Menjot expriment chacun ce que représente leur Foi dans leur propre religion. Ils évoquent également la place que prend la prière au quotidien… Mais cette connaissance va plus loin qu’une simple rencontre culturelle entre la culture de l’Islam et celle de l’Eglise catholique ; c’est un prétexte à de belles rencontres humaines. Et puis ils se retrouvent pour les petits gâteaux et le thé à la menthe. Ce fut exquis !

Toulon

Toulon : l’esprit de l’hospitalité souffle sous la Tente d’Abraham. [[La Tente d’Abraham – 16 rue Danton à Toulon]]
Bien sûr, ce n’est pas vraiment une tente. Mais l’esprit d’hospitalité y souffle comme dans le désert. « Abraham accueillait les étrangers sous sa tente. Un jour, il a découvert que c’était des anges. Dans notre société, on a plutôt peur d’accueillir les étrangers. Peut-être a-t-on peur des anges ? »

La boutade du diacre, délégué diocésain à la solidarité, Gilles Rebêche a fait sourire : l’humour était à la fête, hier, pour l’inauguration de la Tente d’Abraham à Toulon.
Un lieu de rencontres interculturel, unique, né de la volonté du Secours catholique du Var et l’association Aviso, sur lequel se sont penchés quatre parrains bienveillants : Mgr Dominique Rey, l’imam de la mosquée Nour, Mostafa el Ouammou, le président de la communauté juive de Toulon Maurice Aziza et le pasteur Hervé Gantz. [[En présence de plusieurs élus : les députés Geneviève Levy et Philippe Vitel, le conseiller régional Robert Alfonsi et la conseillère générale Caroline Depallens, etc. (Article de VAR-MATIN le 27 novembre)]]

« Fils d’un même père »

Tous ont salué l’espoir que représente ce nouveau lieu d’échanges : « Celui de vivre ensemble dans la paix en partageant la richesse, la culture et la spiritualité de l’autre », comme l’a indiqué l’imam. Pour Maurice Aziza, « l’accès à Dieu passe par l’amour de son prochain et par l’amour de l’étranger. Les quatre pans de la Tente d’Abraham étaient toujours ouverts. »

Le pasteur Gantz a expliqué que rien au monde n’aurait pu lui faire rater le rendez-vous de la Tente d’Abraham, « un espace d’humanité qui nous rappelle que nous sommes tous fils d’un même père. » Enfin, l’évêque soulignait que si la rencontre avec l’étranger signifie accueil et solidarité, c’est aussi le dialogue. « En rencontrant l’autre, j’accepte d’être bousculé, d’être dérangé. » Une notion que Catherine Martinez, présidente de la délégation varoise du Secours catholique exprimait elle aussi dans son discours d’accueil : « L’autre a peut-être raison autrement que nous. Il faut oser la fraternité et la quête de sens. »

De grandes et belles idées que Fatima, affairée avec ses amies de l’association Hevra à préparer le buffet, résumait en deux phrases : « J‘ai trouvé ici écoute et chaleur. On attend chaque semaine le moment de se retrouver comme un rendez-vous d’extraordinaire. » Vous aurez peut-être bientôt la chance de goûter aux délices mijotés par Fatima et ses copines. La Tente d’Abraham, déjà ouverte aux groupes de femmes qui y pratiquent toutes sortes d’activités, devrait bientôt proposer au public « un petit resto du monde ».

La Garde

La nuit est tombée ce mardi soir et le froid s’accentue. Un moment fraternel se prépare et va nous réchauffer. Une dizaine de paroissiens se préparent à accueillir quelques musulmans, pour un temps fraternel de rencontre et de partage. Les tables sont prêtes lorsqu’un petit groupe arrive. Ils sont 6, dont Saïd, déjà connu dans le diocèse. Il apporte des délicieux gâteaux préparée par son épouse. Le petit groupe de gardéens est réuni et les partages commencent aussitôt. C’est une première à La Garde. L’imam de La Crau et La Garde nous rejoindra en cours de soirée. Le temps passe très vite et l’intérêt des échanges est de plus en plus important. Mais il faut s’arrêter, dans l’espoir que cette rencontre ne sera pas qu’une parenthèse. Beaucoup de paroissiens sont nés en Algérie, au Maroc, en Tunisie. Cet échange méditerranéen est alors enrichi de souvenirs et de témoignages. Les questions théologiques sont volontairement évitées. On insiste beaucoup sur les points communs qui nous rapprochent. Mais on doit se rappeler aussi que des différences importantes existent concernant le contenu de notre foi et notre manière de célébrer. Ces points sont toutefois évités car l’essentiel pour nous est de créer un pont entre catholiques et musulmans de La Garde.

Entre 350 et 450 familles musulmanes sont recensées sur la commune. La question de leur lieu de culte est évoqué et à partir de là, leur désir de pouvoir bénéficier d’un lieu mieux adapté. Nous écoutons attentivement, cherchant à comprendre leur situation, tout en sachant que nous ne pouvons rien faire de concret pour les aider. Mercredi 28 novembre : le soleil se lève sur La Garde. Quelque chose a changé en 24 heures. Désormais un pont existe entre deux communautés de croyants, entre deux religions différentes. Nous confions à Dieu l’avenir de cet échange.

Toulon

Comme en 2006, une rencontre-débat se déroule mercredi soir à la maison Providence. Une soixantaine de personnes viennent écouter Mostafa el Ouammou, imam à Toulon, d’origine marocaine, et le père Benoît Moradei, de la paroisse d’Hyères, qui a passé deux ans comme enseignant en Egypte. Le thème de la soirée est le pèlerinage.

Pour les musulmans, le pèlerinage (al-Hajj) à la Mecque est l’un des cinq piliers de l’islam. C’est un acte d’adoration qu’il faut effectuer une fois dans sa vie, pour celui qui en a la capacité physique et financière. Parmi les rites que le pèlerin doit effectuer, il y a les circonvolutions (tawaf) autour de la Ka’ba. Ce mouvement corporel des pèlerins symbolise l’activité de la vie humaine. Par ailleurs dans leurs prières, les musulmans, où qu’ils soient, se dirigent vers la Ka’ba.

Le pèlerinage est un phénomène quasi universel de l’anthropologie religieuse, souligne le P. Benoît. Pour les chrétiens, l’importance d’un pèlerinage ne réside pas seulement dans le lieu vers lequel on tend. Le pèlerinage tire aussi toute son importance du chemin à parcourir pour arriver en ce lieu. Le premier lieu de pèlerinage a été le tombeau du Christ, mais des pèlerinages se font aussi sur les traces non plus du Christ mais de ses amis, de ses proches. Plus récemment se sont développés des pèlerinages très importants sur des lieux où la Vierge Marie, la Mère de Jésus, avait été vue par des personnes (des enfants en général), comme à Lourdes ou à Fatima.

Le débat qui suit, animé par Pierre-José Mollard, permet de répondre à quelques questions des uns et des autres. Le débat est passionnant mais le temps trop court. Des différences de fond existent entre ces deux religions. Quelquefois on reste sur sa faim. On avance cependant dans la compréhension de l’autre, d’autant plus que le débat est suivi d’un pot de l’amitié. Les conversations vont alors bon train, autour de boissons diverses et de pâtisseries orientales. On se donne rendez-vous pour d’autres rencontres. On a tellement de choses à apprendre l’un de l’autre

Draguignan

Le mercredi 28 novembre nous étions 80 représentants de nos deux communautés musulmane et catholique pour partager un repas – un couscous cela va de soi ! – préparé ensemble tout au cours de la journée. Partage de la table, partage de l’amitié et de fraternité dans un réel souci (est-ce vraiment un souci !) d’ouverture et de compréhension mutuelles. Pour nous, cette soirée s’inscrivait dans une histoire : il y a maintenant trois ans, nos frères musulmans, en panne d’un local suffisamment grand se sont tournés vers nous pour nous demander le prêt de notre « théâtre » afin de pouvoir vivre leur temps fort du Ramadan. Ce qui fut fait… temps très riche en rencontres, en questions aussi de part et d’autre.

Au bilan, une meilleure connaissance et par là la naissance d’une relation effective ouverte et confiante. Le mois du Ramadan s’est conclu par un très beau repas partagé dans nos locaux entre musulmans, juifs, catholiques… L’événement était d’autant plus marquant qu’à cette époque, un certain responsable politique iranien invectivait Israël…
Bref cette soirée du 28 novembre dernier – chargée de souvenirs – fut un moment merveilleux. Il y eut tout d’abord la journée, qui tout comme pour la préparation des Tables Ouvertes, a été l’occasion d’une communion autour de la marmite et de la préparation de la salle. Au cours de l’apéritif, la mobilité nous a permis d’aller de l’un à l’autre ouvrant ainsi un espace pour une ambiance fraternelle et joyeuse. Puis ce fut le repas. Les représentants de deux communautés dirent au nom de tous la joie de la rencontre, le désir que cela ne soit pas éphémère ; un temps d’invocation et de prière de part et d’autre marqua ensuite l’ouverture du repas proprement dit. Place ensuite à la joie de la discussion à bâton rompu de table en table prévues suffisamment intimes, dans un beau décor, afin de favoriser l’échange. En résumé : un couscous excellent, une joie profonde partagée par tous, un désir d’approfondir la rencontre.

Brignoles

La rencontre envisagée mercredi n’a pas lieu car les agendas des uns et des autres ne le permettent pas, mais il y a rencontre entre un représentant de la paroisse catholique et le président d’une association de musulmans. Cette rencontre très cordiale permet d’en prévoir d’autres qui pourront préparer des rencontres plus larges dans les mois à venir. Rendez-vous donc, au moins pour la semaine de rencontres islamo-chrétiennes en 2008.

La Sainte-Baume

Pour clôturer la semaine, venant de Toulon, La Seyne-sur-Mer, La Garde, Carqueiranne et Hyères, une vingtaine de chrétiens et de musulmans convergent ce dimanche matin en voiture vers le massif de la Sainte-Baume. Emerveillés par la majesté de la longue barre rocheuse, ils entament ensemble une ascension à travers la forêt. Après une heure de marche puis 150 marches d’escalier, ils accèdent à la grotte (baoumo en provençal) où Sainte Marie-Madeleine a effectué un long séjour solitaire.

Sur ce piton vivent aujourd’hui 4 frères dominicains. Les frères Pierre-Alain et Jean-Bénigne accueillent le groupe et répondent aux nombreuses questions sur leur vocation et sur leur rôle. La redescente rapide vers l’hôtellerie permet à tous d’arriver à temps pour se restaurer dans la grande salle à manger. Là vivent en permanence 7 religieuses bénédictines qui partagent leur vie entre la prière et l’accueil des pèlerins et des visiteurs.

Un grand soleil permet ensuite aux musulmans de se regrouper dehors pour la prière. Puis tout le monde se retrouve dans une salle où Sœur Marie-Maxime présente sa « maison » et sa vocation. Les questions fusent alors, particulièrement de la part des musulmans. Après que les chrétiens aient assisté aux vêpres, on se quitte en se souhaitant d’autres rencontres aussi fructueuses.

Bilan

Le but de cette semaine n’était pas de changer l’autre mais de se changer soi-même, grâce à une meilleure connaissance et une meilleure compréhension de cet autre. Objectif atteint. On se reverra et l’on dira à nos coreligionnaires et à nos amis combien cette semaine de rencontres islamo-chrétiennes a été enrichissante pour chacun d’entre nous. On se souviendra du thème de nos rencontres « chrétiens et musulmans, artisans du vivre ensemble » mais aussi du dialogue qui se jouait au même moment entre haut dignitaires chrétiens et musulmans.

Le 29 novembre en effet, en plein milieu de « notre semaine » le pape Benoît XVI invitait une délégation de hauts dignitaires musulmans, signataires d’un appel au dialogue islamo-chrétien, à venir le rencontrer au Vatican. Il exprimait sa « haute considération » pour « l’esprit positif » qui a inspiré le message adressé le 11 octobre par 138 dignitaires musulmans du monde entier aux responsables chrétiens. Et le 3 décembre, lendemain de « notre semaine », le cardinal Jean-Louis Tauran, qui dirige depuis le 1er septembre le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, affirmait que l’islam et l’Eglise catholique pourraient instaurer un dialogue « très fécond » de culture, de charité et de spiritualité. Il sait bien que le chemin est long et difficile en raison des différents qui nous séparent mais, même s’il émet quelques réserves sur le débat proprement théologique, il se réjouit de la bonne avancée du dialogue entre l’Eglise catholique et le monde musulman. « Avec l’islam nous pouvons certainement contribuer à la sauvegarde de certaines valeurs, comme la sacralité de la vie humaine, la dignité de la famille et la promotion de la paix », a-t-il souligné. Il a évoqué en même temps la nécessité d’une compréhension réciproque qui favorise un enrichissement mutuel. « Chez les musulmans nous pouvons apprécier la dimension de la transcendance de Dieu, la valeur de la prière et du jeûne, le courage de témoigner de sa propre foi dans la vie publique », a-t-il souligné. « Pour leur part, les musulmans peuvent apprendre de nous la valeur d’une saine laïcité« , a-t-il ajouté. Cet échange de lettres et cette confiance réciproque qui a l’air de s’être instaurée, pourront certainement contribuer à ouvrir des discussions, mais c’est un processus qui demande du temps, a-t-il estimé.

Publié le 10.12.2007.

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