Amerga, animateur aux amis de Jéricho

Cher Amerga, nous te connaissons comme animateur à Jéricho et membre de la Fraternité Saint Laurent, mais peu d’entre nous connaissent ton parcours, explique-le nous.

Je suis né en Ethiopie, à Addis-Abeba où j’ai grandi et commencé à étudier. J’ai eu l’opportunité de venir en France pour pouvoir me former et travailler. Cela fait 13 ans. Je suis arrivé à la Cathédrale de Toulon avec mon sac à dos. De là, des sœurs du Verbe de Vie m’ont orienté vers Jéricho et j’ai tout de suite aidé bénévolement des familles kosovares.

J’ai rencontré Gilles, la Fraternité Saint-Laurent, l’association Kaïré et le Secours Catholique (qui m’a aidé pour avoir une carte de séjour). J’ai trouvé un boulot de veilleur de nuit à la Maison Saint-Louis pendant un an. J’ai pu faire une formation d’animateur BAFA. Après cela, je suis allé travailler au Samu Social 3 mois, encore comme veilleur de nuit. J’ai été animateur dans des écoles et des centres aérés de la mairie de Toulon, puis à Six-Fours et Sanary, comme vacataire.

J’ai vu un jour à l’ANPE une annonce : Jéricho cherchait un animateur pour le week-end. J’ai commencé un temps partiel là-bas, ainsi qu’un autre à Famille Amitiés Cités. Ensuite, cela a été le plein temps à Jéricho où je travaille depuis 8 ans. J’ai obtenu il y a un an la validation des acquis d’expériences, j’ai donc un brevet d’animateur technique. Tout ce cheminement est un peu compliqué, mais je ne suis jamais resté sans rien faire.

Qu’est-ce qui te motive dans ton travail ?

Le partage des cultures et l’amitié. Aller vers l’autre, aller le chercher, aller à sa rencontre, l’accueillir et être en harmonie ensemble. Pour moi, la rencontre passe en premier, dans la simplicité. Les personnes que je vois ont plein d’histoires, mais je ne regarde pas leur passé, je cherche ce dont ils ont besoin, ce qui va leur faire plaisir.

J’ai beaucoup de joie à rencontrer et à créer des liens avec des gens en difficulté, et c’est réciproque. Nous sommes heureux ensemble dans ces liens d’amitiés, et eux aussi sont capables de s’intéresser à moi. A Jéricho, je m’occupe de l’accueil, de la restauration, d’art plastique, de sorties culturelles (comme aller voir un spectacle de théâtre à Toulon où ailleurs comme à Cavaillon).

As-tu quelque chose d’important à dire ?

Je crois qu’en dehors des problèmes urgents comme le logement, l’accès à la culture par le théâtre, la musique, la peinture, est très important, je crois aussi aux bienfaits du sport. C’est avec cette aide qu’on peut se remotiver, recommencer une vie qui s’était brisée, arrêtée. Cela permet aux gens de se remettre en route, d’aller de l’avant. L’art donne un goût pour la vie, il réveille des choses importantes en nous, il nous permet de créer, il apporte beaucoup. C’est important pour nos associations.

Propos recueillis par le Père Michel Denis