Notre Père… pour traverser le temps du deuil

Extraite de la récollection de la Communion St Lazare à la Castille le 17 septembre 2011, cette présentation du Notre Père par le diacre Gilles Rebêche met en exergue la dimension à la fois «~intérieure et communautaire~» de la prière dans laquelle Jésus nous «~ré-affilie à Dieu et restaure le lien fraternel avec les vivants et les morts~».

La prière du Notre Père est un résumé de l’Évangile. Elle nous restaure dans notre relation à Dieu et à nos frères. Prier le Notre Père c’est non seulement se mettre à l’école de Jésus, mais c’est surtout lui permettre de prendre chair de notre chair, en répétant à travers notre voix et notre corps cette prière, inspirée de l’Esprit saint. Cette prière est une Parole de Dieu qui sanctifie celui qui la prononce. Un membre de la Communion Saint Lazare me disait récemment : «~au crématorium, dans la salle omni-cultes, ce qui fait la différence essentielle entre le rituel civil et le rituel chrétien, c’est la prière du Notre Père~»~!

La prière du Notre Père est communautaire, elle se prononce au pluriel –~on dit «~Notre Père~» et non pas «~Mon Père~»~– elle nous fait «~Église~» au moment où nous la prions. Le Notre Père atteste de l’intimité avec Dieu et du désir de communion avec tous les frères, même ceux qui nous ont offensés !

Le Notre Père est comme une signature de la profession de foi chrétienne.

Il convient de s’arrêter aujourd’hui pour la méditer, pour en accueillir toutes les harmoniques pour nous redire comment elle nous structure, comment elle devient notre bâton de marche pour la mission.

Pour ce faire, je vous propose de la lire à l’envers en commençant par la fin «Délivre nous du mal». Ce n’est pas un exercice de verlan mais une prise de conscience que cette prière nous remet à l’endroit. Les familles endeuillées que nous rencontrons ont souvent la tête à l’envers, à cause de l’épreuve, de la peine et de la séparation.

Dire le Notre Père « c’est retrouver notre stature d’homme et de femme, transfigurée par la relation à Dieu. Un évêque orthodoxe conseillait de lire le Notre Père à l’envers pour retrouver l’itinéraire du peuple de Dieu qui quitte l’esclavage de l’Égypte, traverse le désert et accède à la terre promise.

Pour les familles en deuil la terre d’esclavage c’est souvent la difficulté à admettre la réalité de la mort, c’est la désespérance, la tentation du non sens et de l’absurde ; le désert c’est le temps nécessaire pour le pardon (se pardonner à soi-même de ne pas avoir été parfait, pardonner à Dieu d’avoir laissé mourir le défunt, pardonner au mort d’être parti en nous laissant démuni…) La terre promise c’est reconnaître la paternité de Dieu, la sanctifier et la célébrer comme une bonne nouvelle !

La prière du Notre Père est un itinéraire intérieur et communautaire pour se ré-affilier à Dieu et restaurer le lien fraternel avec les vivants et les morts.

La prière du Notre Père est un bâton de marche pour soutenir notre route dans le désert et dans la montée vers notre Pâque ! Elle permet la résilience dans la souffrance, la persévérance dans l’épreuve mais aussi la communion dans la louange et l’action de grâce !

Reprenons, pas à pas, cette prière du Notre Père en commençant
par la fin.

Diacre Gilles Rebêche

Récollection de la Communion St Lazare

La Castille, le 17 septembre 2011.