Welcome et les demandeurs d’asile

Des centaines de migrants frappent chaque jour aux portes de l’Europe à la recherche d’une protection et d’un avenir meilleur.


Des centaines de migrants frappent chaque jour aux portes de l’Europe à la recherche d’une protection et d’un avenir meilleur. Faute de places, ils sont nombreux à ne pouvoir être logés dans les Centres d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA), et à se retrouver à la rue, dans des conditions précaires et souvent indignes. Devant cette situation, diverses initiatives voient le jour, parmi elles : Welcome.

Créé en 2009 par le Service Jésuite des réfugiés, ce programme a pour vocation de faciliter et soutenir l’hospitalité entre français et demandeurs d’asile en attente d’une admission en CADA.

A Toulon, le programme a été lancé en 2015 par Jacques Perrier. Le projet a débuté avec cinq familles, associées pour accueillir un réfugié. Aujourd’hui le réseau se déploie dans l’ensemble du Var avec 120 familles d’accueil : des couples, des personnes seules, des familles, retraités ou actifs, croyants ou non, qui, chacune à sa mesure, tel un colibri, œuvre pour une société plus humaine et plus solidaire. Trois d’entre elles ont accepté de partager leur expérience.

« Faire avec ce qu’on est et ce qu’on a »

Jérôme et Perrine Bertrand habitent Toulon, ils ont rallié le réseau il y a un an. « Le problème des migrants nous tortillait » confie Perrine, « Devant une situation qui nous dépasse, comment faire avec ce qu’on a, ce qu’on est ?» poursuit Jérôme. C’est par une émission de radio, que Perrine découvre le réseau Welcome. Accueillir un demandeur d’asile pour une période de 4 à 8 semaines, lui offrir un lieu pour dormir, se laver et cuisiner : la formule les séduit, ils s’engagent alors dans l’aventure. Pour eux, rien de plus simple que cette invitation à ouvrir sa maison.

Welcome leur permet de s’engager avec ce qu’ils ont : « Notre maison a grandi au rythme de notre famille. Laisser des chambres vides aujourd’hui alors que tant de personnes dorment dehors, c’est impossible pour nous» ; et selon ce qu’ils sont : un couple de cinquantenaires avec des engagements professionnels et paroissiaux, parents de sept enfants, grands parents également.

Cette forme d’accueil à « durée déterminée » leur permet de vivre l’hospitalité selon leurs disponibilités, en préservant leur état de vie, tout en étant rassurés de savoir qu’après eux une autre famille prendra le relai avec les mêmes modalités d’accueil. Depuis un an, ils ont accueilli 4 personnes.

« J’offre un dépannage : un lieu pour se poser, se reposer »

Souplesse, simplicité, facilité, sont aussi les points forts soulignés par Marie-Françoise de Billy concernant Welcome. Laïque mariste, psychologue en libéral, mère et grand-mère, cette septuagénaire pleine d’énergie a rejoint le réseau varois à ses débuts. Enfant, puis adulte, Marie-Françoise a vécu plusieurs années en Afrique. Elle semble garder de ces expériences un véritable intérêt pour les autres, faisant montre d’une attention et d’une curiosité bienveillantes.

Sensibilisée à l’inter-culturalisme, à l’interreligieux, la proposition Welcome répond pleinement à ses aspirations tout en ménageant l’indépendance et la disponibilité nécessaires à son équilibre : « J’offre un dépannage : un lieu pour se poser, se reposer. Ils ont traversé tellement de choses, tellement d’épreuves. »

Marie-Françoise offre un lieu pour reprendre son souffle, pour prendre de l’élan afin de poursuivre leur parcours d’exil. Elle se voit telle « une pierre sur laquelle on pose un pied pour traverser le courant ».

Un esprit de compassion

Cet esprit de compassion est également le moteur de Jean-Emilien Le Brazidec. Trentenaire dynamique, il a rejoint le réseau Welcome depuis peu avec son épouse, Carissa. A travers ces jeunes exilés – la plupart des réfugiés isolés sont des hommes âgés de 18 à 25 ans – c’est un peu une part de lui-même qu’il retrouve. La solitude, le sentiment d’étrangeté, l’anonymat, le mépris parfois, il en a lui aussi fait l’expérience lorsqu’à 18 ans il a sillonné les routes d’Europe en stop et en solitaire.


De ce périple, Jean-Emilien garde aussi le souvenir de mains tendues, accueillantes et bienfaisantes. A sa manière, il rend hommage aujourd’hui à cette aide qu’il a reçue. C’est par la rencontre, par le changement de notre regard, par notre capacité d’ouverture que nous répondrons, selon lui, aux défis d’accueil et d’intégration de ces migrants qui fuient leur pays. L’indifférence, le rejet ne pourront que conduire à du repli et à du communautarisme.

Une responsabilité individuelle

Une conviction partagée par Marie-Françoise, pour qui « cette question de l’immigration est essentielle. L’Etat a certes un rôle à y jouer, mais elle relève aussi d’une responsabilité individuelle ». Il en est de même pour Jérôme et Perrine qui rappellent que « l’accueil de ces personnes est un enjeu de taille : s’ils se sentent traités correctement, respectés, accueillis alors ils s’investiront pour notre pays ; ils pourront décoller. » Une invitation à changer de paradigme : « Ils sont une richesse si on les considère comme tels ».

Si la présence d’un hôte n’est pas difficile matériellement et qu’elle ne perturbe pas le quotidien de la famille d’accueil (les accueillis quittent le domicile durant la journée), il faut cependant du temps et une certaine ouverture pour offrir une présence chaleureuse et bienveillante à ces personnes qui ont tout quitté, souvent tout perdu, pour arriver jusqu’à nous. Jérôme rappelle qu’il ne faut pas oublier qu’en arrivant en France la plupart de ces migrants sont déboussolés.

Ne comprenant ni le français ni nos modes de vie. Nos écarts culturels sont incommensurables. Certains migrants sont ouverts à l’occident, d’autres n’en ont que la vision de leur imaginaire ou des médias et l’expérience de réalité est brutale. Vivre cet accueil « c’est faire découvrir une manière d’être dans le monde dans lequel nous vivons » ; c’est une invitation à partager notre quotidien, à découvrir les ressorts de notre société, le fonctionnement de notre quotidien et les subtilités de notre langue.

Il faut dépasser les peurs, les préjugés

Cet accueil domestique permet de tisser des liens fiables et authentiques, redonnant force et volonté dans la poursuite d’un parcours semé d’embuches, et permet de rejoindre l’autre dans son humanité. Pour autant soutenir l’intégration de ces exilés n’est pas aisé. Il faut dépasser les peurs, les préjugés. Marie-Françoise avertit « il faut accepter de se laisser bouleverser : nos vies sont tellement différentes. Ils ont eu pour la plupart des parcours de vies et d’exil invraisemblables. Ce qui est important pour nous ne l’est pas pour eux. »

Jérôme et Perrine confirment que « cela nous bouscule dans notre confort, dans notre bien-être. Cela remet en questions l’ordre établi de nos priorités. On est mis devant nos pauvretés aussi. On se sent démuni face à leurs situations, nous ne sommes pas des sauveurs, seulement, parfois, des compagnons. » Compagnons dans l’attente, dans la joie parfois, et aussi dans la peine, lorsque les demandes d’asile sont déboutées. « Ce n’est pas tous les jours facile, mais c’est toujours enrichissant. »

Les hôtes (accueillants et accueillis) s’engagent à partager un repas par semaine, cela peut-être plus selon les affinités qui naissent. Outre ces règles de base, chaque famille vit l’hospitalité selon sa disponibilité, ses envies, ses capacités, mais surtout au rythme des personnes qu’ils accueillent.

Perrine s’efforce d’aider ses hôtes à organiser leurs démarches, trouver des cours de français ou encore finaliser leurs dossiers administratifs. Marie-Françoise cherche à favoriser les rencontres, les mises en contact pour les encourager à tisser des liens : équipe de foot, associations… afin de créer une continuité au-delà des changements de foyers.

Jean-Emilien les encourage à apprendre le Français, il prend le temps pour cela et ne manque pas d’idées pour permettre les échanges, toutes les occasions sont bonnes !


Welcome offre un cadre clair et rassurant

Au sujet de la confiance et de la sécurité, tous sont unanimes : le programme leur apporte une vraie protection, preuve en est ces trois foyers confient les clés de chez eux à ceux qu’ils hébergent, et cela dès le premier jour. Welcome s’inscrit dans un cadre clair et rassurant, même pour des femmes vivant seules, à l’image de Marie-Françoise. Une charte commune et signée par tous, une durée de séjour prédéfinie, et surtout un accueil choisi par les réfugiés.

« Ce sont des personnes qui ont envie d’être accueillies en famille et qui ont envie d’avancer et de nous rencontrer. Quant à notre sécurité, il ne faut pas oublier qu’elles sont dans une grande vulnérabilité, elles arrivent appauvris, apeurées, fragilisées. Elles savent aussi que la moindre difficulté au cours de ce processus de demande d’asile va dramatiquement jouer en leur défaveur. Cette réalité tempère les risques. »

Toutefois le réseau varois ne serait pas ce qu’il est sans son coordinateur, Jacques Perrier. Disponible et à l’écoute il est un précieux soutien pour tous les hôtes. Il prend le temps de rencontrer chacun – demandeur d’asile et familles d’accueil – avant qu’ils ne rejoignent le réseau, puis ponctuellement au cours du programme.

Ainsi, oriente-t-il au mieux les réfugiés dans les familles, selon leur profil, leur parcours. Il forme les familles d’accueil, répond à leurs interrogations, et veille au bon déroulement de chaque cohabitation.

Ponctuellement tous les membres du réseau sont invités à se retrouver pour faire connaissance, partager leurs expériences, et témoigner de ce qu’ils vivent grâce à ces réfugiés lorsqu’ils leur ouvrent les portes de leur maison et de leur cœur.

Jasmine de Dreuzy, reporter bénévole pour IOTA (Echos de la Solidarité dans le Var)

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