L’Eglise, une communion missionnaire : une communauté évangélique – 3/3

Le père Arnaud Adrien a ouvert la XVème session des cellules paroissiales d’évangélisation par une très belle conférence : « L’Eglise, une communion missionnaire ». Dans cette 3ème partie, il nous présente l’origine, le but et le moteur de la mission.

Pourquoi est-il urgent d’évangéliser ?

Une communion missionnaire ne peut pas être vraiment missionnaire si elle se contente de ne vivre que les valeurs évangéliques ou pour le dire autrement une communauté évangélique ne l’est qu’en étant aussi évangélisatrice.
Pour en avoir la conviction, il suffit de regarder Jésus.
L’homme des Béatitudes ne se contente pas d’aimer ses frères et de les guérir ou de leur pardonner. Il est le Verbe, la Parole qui dit précisément ce qui ne peut pas monter du cœur de l’homme et que le cœur de tout homme attend. Il parle de son propre mystère et de celui de son père. Il vient du Père, il sort du Père et se fait chair pour nous le faire connaître et aimer.


« La vie éternelle,
c’est qu’ils te connaissent,
toi, le seul véritable Dieu,
et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »

Jean 17

Qui n’entre pas dans cette connaissance, dans cette relation, dans cette filiation ne peut pas être sauvé. Le salut consiste précisément en cette relation. Voilà pourquoi il est urgent d’évangéliser et d’apprendre à le faire. Voilà pourquoi une communauté chrétienne qui n’évangélise pas n’est même pas une communauté chrétienne.

Une église locale qui n’évangélise pas s’autodétruit, se nie elle-même.
Ecoutez ce que nous dit Ad gentes :
« Par sa nature, l’Eglise, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père. » [[Ad Gentes– 2]] Et le but dernier de la mission n’est autre que de faire participer les hommes à la communion qui existe entre le Père et le Fils dans leur Esprit d’amour. » [[Catéchisme de l’Eglise catholique-850]]

Quel va être le moteur de la mission ?

Lisons le paragraphe n° 851 du Catéchisme de l’Eglise catholique :
« Le motif de la mission (…) C’est de l’amour de Dieu pour tous les hommes que l’Eglise a de tout temps tiré l’obligation et la force de son élan missionnaire: « car l’amour du Christ nous presse … » (2 Corinthiens 5,14 cf. AA 6 [[Apostolicam actuositatem 6]] RM 11
[[Redemptoris Mater 11]]). En effet, « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2,4). Dieu veut le salut de tous par la connaissance de la vérité. Le salut se trouve dans la vérité. Ceux qui obéissent à la motion de l’Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du salut ; mais l’Eglise à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la rencontre de leur désir pour la leur apporter. C’est parce qu’elle croit au dessein universel de salut qu’elle doit être missionnaire
. »

Le moteur de la mission est donc bien l’amour pour tout homme, qui maintenant à cause du sacrifice de Jésus pour lui, a le droit d’être sauvé c’est à dire d’adhérer à la vérité qu’il s’agit de connaître et qui est une personne.
Amour, salut, vérité sont trois mots qui doivent être impérativement liés entre eux dans notre compréhension et notre présentation des raisons de l’évangélisation.

En quoi consiste le salut ?

Aujourd’hui, au sein de l’Eglise, il y a une opposition latente entre deux conceptions du salut :

  1. ceux qui pensent que tous les hommes sont déjà sauvés et qu’il suffit de le leur révéler et
  2. ceux qui, par fidélité à la révélation, conditionnent le salut à l’acceptation de la vérité du Christ et donc à la nécessité urgente de l’annoncer.

Cela ne veut pas dire que ceux qui ne connaissent pas encore le Christ soient damnés. Le Catéchisme de l’Eglise catholique précise : « Ceux qui obéissent à la motion de l’Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du salut. » Et Gaudium et spes en son n°22 aura cette phrase magnifique, très éclairante, à bien articuler avec 1 Timothée 2,4
et le Catéchisme de l’Eglise catholique.

« Associé au mystère pascal, devenant conforme au Christ dans la mort, fortifié par l’espérance, le chrétien va au-devant de la résurrection.
Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le coeur desquels, invisiblement, agit la grâce (31). En effet, puisque le Christ est mort pour tous (n° 32) et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit-Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal
. »

On pourrait interpréter cette phrase libératrice comme l’affirmation qu’il ne s’agit plus aujourd’hui d’annoncer la vérité de Dieu en vue du salut mais simplement d’être le signe dans le monde d’un salut assurément communiqué. On éliminerait alors de la révélation 1 Timothée 2,4 et tous les passages qui demandent de croire pour être sauvé. Par exemple :

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais ait la vie éternelle.
Qui croit au Fils a la vie éternelle;
qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie;
parce qu’il n’a pas cru au nom du fils unique de Dieu. »

Jean 3, 17-18


« Celui qui croira et se fera baptiser sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. »

Marc 16,16

L’amour, principal moteur de l’évangélisation

Ce travail invisible de la grâce dans les cœurs dont parle Gaudium et Spes ne nous démobilise pas dans l’obligation de l’annonce mais nous stimule au contraire et nous empêche de nous décourager puisque l’Esprit nous précède. Il est affirmé la nécessité absolue d’être associé au mystère pascal pour être sauvé. Il s’agit alors pour nous de collaborer visiblement à l’oeuvre de Dieu qui travaille invisiblement tout homme afin qu’il accepte d’être associé au mystère pascal. Si ce travail invisible devait suffire pourquoi le Verbe se serait-il rendu visible et pourquoi enverrait-il l’Eglise aux quatre coins du monde ?
Le moyen ordinaire du salut est l’acceptation de la parole du salut que transmet l’Eglise.
« Ceux qui obéissent à la motion de l’Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du salut ; mais l’Eglise à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la rencontre de leur désir pour la leur apporter. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 851) et si l’Eglise n’a pu pour des raisons historiques rejoindre telle ou telle personne, Dieu les intégrera dans le mystère de l’Eglise, c’est-à-dire, le corps du Christ, en les associant au mystère pascal par des moyens que lui seul connaît, leur liberté d’adhérer étant sauve.
L’Eglise, c’est-à-dire, nous, en posant les gestes évangéliques, du sermon sur la Montagne (de l’amour des ennemis, etc.) prépare les esprits à accueillir la parole de Vérité, c’est-à-dire le Christ lui-même, en dehors duquel aucun salut n’est possible.
Le salut consistant à vivre dans la communion de la Trinité sainte, il s’agit de proposer urgemment à tout homme d’entrer dans cet amour parce qu’il est fait pour cela et ne peut s’épanouir pleinement que dans cette relation. C’est le dynamisme de la charité qui nous presse :

« Car l’amour du Christ nous presse, à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts.
Et il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. »

2 Corinthiens 5,14

C’est donc bien l’amour qui est le moteur principal de l’évangélisation. Amour qui pousse l’évangélisateur, amour qu’a le droit de connaître tout de suite celui qui ne le connaît pas encore.

La question de l’enfer dans le message évangélique

Cela nous permet de répondre à un malaise qui entoure cette question du salut : l’enfer.
Le salut se caractérisant par la vie avec Dieu, c’est moins par peur de la damnation de nos frères que par le désir de les voir accomplir leur vocation divine que nous sommes poussés à évangéliser.
Comme dit le père Biju–Duval, la question de l’enfer ne constitue pas le centre du message évangélique. Il ne peut donc être le moteur principal de l’évangélisation.
« Le Christ, continue-t-il, veut plus fondamentalement nous associer à sa vie.
L’évangélisation qui est coopération à l’oeuvre du Christ doit être comprise dans la même perspective : elle doit plus fondamentalement attirer les hommes vers l’amour du Christ que les protéger du risque d’être damnés. Mais il n’empêche pourtant que le Christ a souvent parlé de l’enfer » et pour deux raisons : liberté du choix
, « choisis la vie » dit Yahvé.
Et si on refuse l’amour avec un grand A, qu’est-ce qu’il reste ? Le non-amour, une autre définition de l’enfer. Il faut choisir.
La deuxième raison est que la prédication sur les fins dernières nous remet devant l’urgence de choisir aujourd’hui et de ne pas repousser la conversion.
L’homme a tendance à repousser la décision d’aimer. Or notre éternité se construit dans notre temporalité. C’est donc maintenant qu’il faut se convertir. Pensons à l’homme insensé de l’Evangile de Luc qui se dit :

« Tu as quantité de biens en réserve pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois, fais la fête. Mais Dieu lui dit : Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l’aura ? Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour lui-même, au lieu de s’enrichir en vue de Dieu. »

Luc 12

Il ne s’agit pas de laisser passer le temps favorable car est-on sûr d’être à nouveau dans les bonnes dispositions ?
La prédication sur le Royaume et l’enfer est donc un devoir de l’évangélisateur qui presse son frère de choisir la vie.
Ainsi qui dit urgence de la conversion pour cause d’éternité dit aussi urgence de l’évangélisation conclut le père Biju-Duval.
Ezéchiel nous dit :

« La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes :
Fils d’homme, je t’ai fait guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part.
Si je dis au méchant : Tu vas mourir, et que tu ne l’avertis pas, si tu ne parles pas pour avertir le méchant d’abandonner sa conduite mauvaise afin qu’il vive, le méchant, lui, mourra de sa faute, mais c’est à toi que je demanderai compte de son sang. Si, au contraire, tu as averti le méchant et qu’il ne s’est pas converti de sa méchanceté et de sa mauvaise conduite, il mourra, lui, de sa faute, mais toi, tu auras sauvé ta vie. »

Ezéchiel 3,18

Sauver sa vie, c’est aimer ses frères au point de désirer leur faire aimer Jésus.

Pour conclure, l’Eglise est bien une communion, une expérience de la charité, dont la source est le rapport à Dieu-Trinité et qui unifie les hommes entre eux. Cette communion est missionnaire parce que la charité est diffusive d’elle-même par ses gestes et ses paroles et invite tout homme à en vivre en choisissant d’aimer et de croire en Jésus.

Publié le 10.01.2008.

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