Le sens de la mort dans la vie

Retrouvez dans cet article un extrait de la conférence du Père Yves EOUZAN[[Décédé depuis, le père Yves Eouzan était vicaire général de notre diocèse.]] donnée le 6 mai 2000 aux membres de la Communion Saint Lazare.

Vous pouvez la télécharger dans son intégralité en bas de page.

Quand un prêtre ou un laïc doit exprimer à un auditoire les raisons de sa foi, il peut avoir la tentation de commencer par se poser des questions sur la manière dont il va aborder le sujet. Le problème n’est pas là. En fait, il suffit de se dire « Comment je comprends le mystère de la foi, comment je le vis, comment je prie. » C’est un niveau autre que le seul niveau pédagogique. Alors les mots coulent. Pour les défunts, pour leurs familles, il s’agit de réagir de la même façon. Pour bien comprendre, je citerai Saint Augustin. À la fin d’une eucharistie il a dit à son peuple « Vous avez entendu mon homélie. Parmi vous, il y en a qui pensaient à toute autre chose en m’écoutant. Ils ne se souviendront pas de mon homélie. D’autres partiront chez eux avec quelques phrases en mémoire, se disant l’homélie était bonne. Il y en a enfin quelques uns qui se diront Dieu m’a parlé. Il m’a dit quelque chose pour ma vie ».

Notre travail, notre vrai travail n’est pas de donner des informations mais de nous mettre sous le regard de Dieu, de nous laisser envahir par l’Esprit Saint afin qu’il nous permette de nous situer devant les personnes, de les aimer telles qu’elles sont, et de leur livrer le sens de la vie, le sens de la mort, de leur dire notre foi dans le contexte du moment.

Le Saint Père[[Jean-Paul II]] a demandé à tous les évêques de se retrouver en synode de continents pour réfléchir ensemble sur l’ensemble des questions qui interpellent leurs concitoyens. Les évêques d’Europe se sont réunis juste avant l’année jubilaire. Ils ont réfléchi sur l’état actuel de la société européenne et à partir des constats, comment évangéliser, répondre aux attentes. À l’ouverture de ce synode, l’archevêque de Madrid a tenu des propos très éclairants sur l’esprit qui baignait ce synode. Il a déploré la mode qui consiste à réduire la foi à un simple élément mobilisateur des volontés en vue de réaliser des objectifs sociaux et politiques… au point de la priver de toute sa vigueur. Et il ajoutait « il est étrange et inquiétant que la prédication, la catéchèse, l’enseignement de la religion et en général la vie chrétienne n ’accordent pas son importance légitime à la foi de l’Église, en la résurrection, en la vie éternelle. On ne pourra pas transmettre le témoignage de la foi aux nouvelles générations si on ne leur offre que des formules issues d’un humanisme plus ou moins moderne ou post-moderne, teinté d’une vague religiosité de texture hétérogène ».

Et dans ce même synode, le cardinal de Belgique affirmait qu’un des facteurs actuels qui modelaient la société européenne, était le rejet de la souffrance et de la mort. Jamais les hommes ont refoulé avec autant de crispations ce cri silencieux pour vivre et vivre éternellement. C’est devenu un tabou. Et il indiquait « Ce peut être un tremplin pour l’Eglise. Elle y trouvera un point d’appui pour une prédication eschatologique, forte sur la vie éternelle et la résurrection. S’il est vrai qu’une nuit spirituelle tombe peut-être sur l’Europe, il nous faut nous mettre en état de veille ».

Père Yves EOUZAN, Lire la suite…