Le reposoir funéraire de l’église saint Louis à Toulon

De tous temps et dans toutes les civilisations, les rites autour de la mort constituent un élément essentiel de la culture sociale. Ils sont nécessaires aux vivants pour traverser la douloureuse épreuve du deuil en exprimant l’espérance personnelle de chacun et la foi de la communauté.

1. La crémation : une nouvelle pratique funéraire dans notre pays.

Tout en préférant la tradition de l’inhumation, l’Église catholique ne s’oppose plus à la crémation des corps. Elle l’a officiellement admise depuis 1963, à condition qu’elle ne mette pas en cause la foi en la résurrection des corps.
En effet, pour les chrétiens, que le corps du défunt soit rendu à la poussière par inhumation ou par crémation, ne change rien à l’affirmation de leur foi en la résurrection.
Cependant l’Église catholique souhaite qu’un lieu de mémoire public du défunt soit désigné pour le recueillement et la prière.

2. Que faire des cendres ?

Le cimetière est le lieu privilégié pour accueillir les urnes ! L’Église déconseille vivement de garder les cendres au domicile des vivants ou même de les disperser trop hâtivement. Pourtant de nombreuses familles sont déconcertées et démunies au moment du deuil. Les cendres du défunt, n’ayant pas à ce jour, dans le droit français, le statut de “restes humains”, elles sont remises aux familles après la crémation, qui en ont la responsabilité finale.

A cause du choc provoqué par la mort, ou malheureusement parfois aussi à cause des conflits familiaux, certaines familles ont du mal à décider sereinement ensemble où sera le lieu de souvenir et de recueillement pour faire mémoire du défunt.

Confrontés à cette souffrance supplémentaire, les membres de la Communion St Lazare ont pris l’initiative de créer dans l’Église St Louis de Toulon ce reposoir funéraire. Il permet aux familles en deuil de prendre paisiblement le temps de la décision pour désigner le lieu définitif du dépôt des cendres : le caveau familial, le cimetière redeviennent le plus souvent le lieu normal de ce dernier repos.

En attendant, l’église saint Louis permet d’accueillir provisoirement (jusqu’à 3 ans) ces urnes en facilitant l’accueil des familles par l’entraide spirituelle et le soutien moral.

3. Le reposoir funéraire à St Louis

Au dessus du lieu de dépôt des urnes, une broderie illustre l’épisode évangélique de la résurrection de Lazare.

Le style naïf nous invite à contempler avec un regard d’enfant ce grand mystère de la mort et de la résurrection.

Jésus est entouré de personnages qui accueillent sa divinité et d’autres qui la refusent en se détournant.

Devant la mort, Jésus nous laisse libres de croire : il nous invite à faire le pas sur le chemin de la foi. Lui qui a pleuré en connaissant personnellement l’épreuve du deuil, lui qui n’a pas esquivé le rendez-vous de la mort nous invite à le suivre sur la voie de la Résurrection et de la Vie.

L’église saint Louis n’étant plus en tant que telle une paroisse, le baptistère n’est plus utilisé. En effet les baptêmes sont aujourd’hui célébrés à la Cathédrale. Cet espace a donc été réaménagé pour accueillir les urnes funéraires.

Une grande fresque représentant l’Arbre de l’Espérance a été apposée sur le mur. Réalisée avec les habitants du quartier, elle illustre à merveille, la méditation sur la vie : dans les racines, l’empreinte multicolore des pieds et l’inscription des pays d’origine nous invite à faire mémoire, de notre héritage familial, affectif et spirituel. Les mains dans les branches, soulignées d’une multitude de prénoms illustrent la vie communautaire et fraternelle faite de mains ouvertes, offertes, pour la rencontre, le service et la prière. Elles s’envolent comme des oiseaux vers le ciel. Elles rappellent la prophétie de la Bible :

“Tu as du prix à mes yeux… j’ai gravé ton nom dans la paume de ma main”.

Certaines personnes pourraient être étonnées du choix du baptistère comme lieu de reposoir funéraire.

En fait, il n’y a pas de contradiction : la Liturgie de l’Église nous fait prendre conscience que la liturgie des funérailles à quelque chose à voir avec le baptême. Le baptême nous configure au Christ, l’apôtre Paul nous rappelle que “le Christ a été baptisé dans la mort et la résurrection”. C’est pourquoi on refait, lors de la célébration des funérailles les mêmes gestes qu’au baptême avec la même symbolique de la lumière, de l’eau et de la proclamation de la parole de Dieu. On peut dire que celui qui est décédé a vécu sa propre Pâque… et qu’avec le Christ il précède la Pâque de tous les baptisés rassemblés pour lui dire Adieu.

Lire également à ce sujet L’article Garder un lieu de mémoire du diacre Gilles Rebêche…

4. Témoignages[[Ces témoignages sont issus des archives du bulletin VLL n°11.]]

« Le fait de pouvoir déposer l’urne funéraire de ma mère en l’église Saint-Louis a été pour mes frères et soeurs un vrai soulagement. Comme dans beaucoup de familles, il y avait des tiraillements entre nous, et aucun ne se sentait d’assumer l’accueil de cette urne à son domicile. Nous n’étions pas non plus préparés à disperser ses cendres car nous n’en avions jamais parlé entre nous. Finalement, l’église Saint-Louis a été, pour nous, un lieu de médiation familiale qui nous a permis de reparler les uns avec les autres. Et nous avons décidé de déposer l’urne dans le caveau familial où notre père avait été enterré dix ans auparavant. Aujourd’hui nous sommes sereins de savoir nos parents en paix. Même si nous n’allons pas souvent au cimetière, nous savons qu’ils sont réunis en ce lieu »

ML

« Comme croyante, j’étais heureuse de savoir que l’urne funéraire de mon frère reposait dans une église. Je suis sûre que les prières, les messes célébrées en ce lieu nous ont aidé à retrouver l’Espérance dans notre terrible chagrin. Nous avons participé aux offices proposés par la Communion Saint Lazare en cette Eglise… Mon frère était marin. Nous avons finalement dispersé ses cendres dans la mer, au large de Toulon. Chaque année, le jour de la Saint-Pierre, nous accompagnions la procession qui s’avance en bateau sur la rade car elle propose de prier pour tous les morts qui ont la mer pour sépulture ! »

AM

« C’était une nécessité. Comme une visite quotidienne qui s’imposait à moi, je me rendais tous les jours en l’église 2 3 Saint-Louis pour me recueillir devant l’urne funéraire de mon fils. J’avais besoin de ce rendez-vous de silence pour admettre l’inadmissible, accepter cette réalité insupportable. Un membre de la Communion Saint Lazare nous a conseillé de placer un ex-voto avec le nom de notre fils dans un sanctuaire qu’il aimait fréquenter et où finalement nous avons dispersé ses cendres. Cet ex-voto est une façon de lui redire notre affection et de le confier à la prière de tous les pèlerins qui découvriront son nom gravé au chevet du sanctuaire.

RT

Publié le 20.10.2011.

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