Le Metal ou le thème de la violence
le Metal serait une musique violente et pousserait ses fans à des actes violents (ou immoraux) ?
Jusqu’à présent nous avons cité quelques accusations des métalleux contre l’Eglise. Terminons par l’accusation la plus fréquente que les chrétiens adressent aux métalleux en dehors du satanisme : le Metal serait une musique violente et pousserait ses fans à des actes violents (ou immoraux) ?
Ce n’est pas ici le lieu d’écrire un traité de musicologie. Simplement posons la différence fondamentale entre une musique puissante et une musique violente. Il est évident que certains groupes délivrent des messages “violents” ou “gore”. Mais si en tant que chrétiens nous voulons les censurer, alors il nous faut être logiques. Nous devrions censurer aussi certains passages bibliques.
Dans le psautier on trouve des psaumes particulièrement violents, voire gore. Si certains jeunes métalleux particulièrement influençables peuvent s’inspirer du message de certains groupes pour commettre des actes répréhensibles, la Bible ne donne pas toujours ce qu’il est convenu d’appeler le bon exemple, loin de là… Dieu fait mourir tous les premiers-nés d’Egypte. Yaël tue Sisera en lui enfonçant un pieu de tente dans la tempe. Dieu punit Saül pour ne pas avoir voué à l’anathème Amalec. Le prophète Elie égorge les quatre cent cinquante prophètes de Baal. Judith ment pour tromper l’ennemi de son peuple, Holopherne, et finit par le décapiter, etc. Cela suffit à montrer à quel point certains passages bibliques peuvent être d’une violence inouïe ! Même dans le Nouveau Testament certains passages sont particulièrement gore…
Tout cela nous amène à une conclusion essentielle : un message, que ce soit celui de la Bible ou d’un groupe de Metal, doit toujours être interprété dans son contexte. Dès que nous sortons un message de son contexte, dès que nous en faisons une lecture fondamentaliste, cela devient très dangereux. Et cela est tout autant valable pour la Bible que pour certaines paroles de black Metal…
Les passages bibliques cités plus haut doivent être remis dans leur contexte historique et surtout doivent être interprétés à la lumière de la loi suprême, celle du Décalogue qui affirme : “Tu ne tueras pas” !
En guise de conclusion :
Il est facile de critiquer et de stigmatiser l’aspect “satanique” qui existe dans certains styles de Metal. Il est plus difficile de comprendre le “pourquoi” des choses et de l’analyser objectivement. Et il est encore plus difficile de se remettre en question en pensant que nous pouvons parfois être responsables de ces dérives, nous qui aurions tendance à nous considérer trop rapidement du côté des gens biens, du côté des “bons”. Nous ferions mieux d’être humbles et de reconnaître que malheureusement l’Evangile a été desservi et est encore desservi par ceux qui prétendent le promouvoir. Nous avons à demander pardon à Dieu, comme l’a fait le Pape Jean-Paul II, pour tous les contre témoignages de l’histoire chrétienne. Il est inutile de dénoncer le danger du satanisme dans le Metal si nous ne sommes pas prêts à vivre véritablement en chrétiens. Le meilleur rempart contre le satanisme c’est d’offrir aux jeunes générations une solide culture religieuse, ce qui est très différent d’un endoctrinement sectaire, et de leur donner le témoignage de la charité chrétienne. C’est en effet au dialogue, expression privilégiée de l’amour, que l’Eglise nous invite et non pas à la crispation et à la condamnation sans appel :
“Elle (l’Eglise) pourrait se proposer de relever les maux qui peuvent s’y (dans le monde) rencontrer, prononcer contre eux des anathèmes et susciter contre eux des croisades. …] Il nous semble au contraire que le rapport de l’Eglise avec le monde, sans se fermer à d’autres formes légitimes, peut mieux s’exprimer sous la forme d’un dialogue, et d’un dialogue non pas toujours le même, mais adapté au caractère de l’interlocuteur et aux circonstances de fait. […] Cette forme de rapport indique une volonté de courtoisie, d’estime, de sympathie, de bonté de la part de celui qui l’entreprend ; elle exclut la condamnation a priori, la polémique offensante et tournée en habitude, l’inutilité de vaines conversations” (in [Lettre encyclique Ecclesiam Suam du pape Paul VI, 6 août )
Père Thierry Dassé
Publié le 10.02.2009.
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