Le Mal : quel est-il ?
Il semble nécessaire de faire une distinction préalable quant à la nature du Mal.
A. Le mal n’est pas quelque chose, mais une privation.
Par un artifice de langage, nous attribuons spontanément nos malheurs à des abstractions : la guerre, le chômage, le communisme, le racisme, le Sida, la névrose etc. A force de parler ainsi, nous leur attribuons une puissance maléfique contre laquelle il convient de mobiliser nos énergies. Mais nous sommes alors enfermés dans un monde imaginaire. Dans la réalité, le mal n’est jamais quelque chose, mais ce qui affecte quelque chose en privant cette chose d’une partie de sa bonté. Dès que nous nommons le mal, nous devrions avoir le réflexe de penser à la chose concrète et bonne qui est ainsi affectée. Dans la réalité, il n’y a pas la guerre en soi, mais des hommes qui se battent ; il n’y a pas de chômage mais des hommes sans emploi ; le communisme et le racisme n’existent pas en soi, il n’y a que des hommes dont la pensée est modelée par des idéologies erronées ; la maladie n’existe pas en soi, il n’y a que des malades.
Le langage de la lutte est stimulant et parfois utile, mais nous devons veiller à une discipline de notre pensée. La lutte inévitablement nous entraîne sur le terrain de notre adversaire. On risque en luttant contre lui de méconnaître ce qui demeure en lui de positif. Diaboliser un adversaire est épuisant et inefficace. Ce qui est utile c’est de faire le bien. On ne lutte pas contre la guerre, on construit la paix. On ne lutte pas contre le chômage, on crée des emplois. N’oublions jamais la célèbre phrase de Baden Powell : « Il y a toujours 5% de bon chez quelqu’un ».
B. Mal subi et mal commis
Le mal qui nous préoccupe est en réalité ce qui affecte l’homme. Le mal dans la nature est réel, mais il ne pose de problème que si l’homme est concerné. Or le mal qui nous affecte a deux formes. Il y a celui que nous commettons et celui que nous subissons. Nous devons bien distinguer l’un et l’autre. La question que pose à notre conscience achrétienne le mal que nous subissons est très différente de la question que pose le mal que nous commettons.
Publié le 30.10.2010.
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