Le couple durable : conditions

Le plus souvent, les couples homme – femme déroulent le cours de leur vie sans se poser clairement et ensemble la question :
que faut-il pour qu’un couple dure ?

Dans notre société où la durée devient une succession d’instants, les jeunes mariés ou les nouveaux PACSES, les divorcés qui refont un couple et qui emportent avec eux les enfants déjà nés… et des bleus à l’âme, les couples apparemment tranquilles et bien assis mais qui se trouvent confrontés à une situation nouvelle telle que la retraite professionnelle ou une maladie grave, sont d’une manière ou d’une autre concernés par la question de la durée de vie de leur couple.

Il convient d’ajouter à cette liste les personnes dont la vie professionnelle est telle qu’elles vivent plus de temps avec des collègues de l’autre sexe qu’avec leurs conjoints et qui finalement y trouvent plus de complicité.
Enfin, la France compte à ce jour 4 millions de personnes qui vivent en couple sans vivre ensemble ; pourquoi choisissent-elles ce mode de vie ? Pourquoi cette prudence devant un engagement plus complet et sans doute plus durable ?


Une réponse générale à la question de la durée de vie d’un couple ne refuse-t-elle pas à chaque couple la capacité de donner sa réponse librement, jour après jour ?
La diversité des personnes et des couples n’est-elle pas un obstacle infranchissable dans la recherche d’une réponse à cette question ?
L’amitié que je partage avec beaucoup de couples me donne cependant l’audace d’écrire ce qui suit, quitte à ce que mes propos soient critiqués, complétés ou qu’ils restent suspendus dans quelques têtes malgré leur caractère général.

Avant d’aborder vraiment la question de la durée du couple, il me paraît nécessaire de déceler puis de rejeter une illusion. Au fil des ans vécus ensemble, le sentiment d’aimer l’autre peut s’effriter. Il risque alors de se glisser dans l’esprit la pensée selon laquelle « puisque je ne sens plus d’amour pour l’autre, je ne l’aime plus ». Voici mon commentaire sur ce glissement : les sentiments donnent des couleurs à la vie ; ils sont cependant largement mis de coté dans la vie professionnelle et dans de nombreux actes de la vie courante. Si chacun cherche à définir en lui les forces qui le font vraiment vivre et agir librement, il découvre que la volonté, l’imagination, la raison, l’intelligence et la mémoire sont des outils dont il se sert à longueur de journée. Pourquoi faudrait -il mettre de côté ces forces propres à notre humanité pour s’en tenir aux seuls sentiments dans la recherche de ce qui peut faire durer un couple, son couple ? Les sentiments sont parfois volatils mais rien ne les empêche de réapparaître, tout comme les bougainvilliers refleurissent au printemps.

Voici, à mes yeux, quelques dispositions d’esprit favorisant la pérennité des couples :

1) S’accepter soi-même clairement, sans complexe, sans sentiment de culpabilité, d’infériorité ou de supériorité. N’est-ce pas la condition première pour que mon conjoint m’accepte tel que je suis ? Si je me combats moi-même en me rongeant les ongles, l’autre en souffre parce que le cadeau que je fais de moi-même en vivant près de lui, n’est pas aimable. Il va me rêver plus beau, plus sain.

La suite est connue : si mon conjoint ne m’accepte pas tel que je suis, il va me couvrir de critiques qui vont m’user à la longue comme un savon qui fond peu à peu entre les mains. Ce dont j’ai besoin, c’est d’un compagnon dont les regards positifs et les encouragements soient favorables à mon perfectionnement, voire à ma guérison à partir de ce que je suis réellement.

2) Ne pas renoncer a ce que j’aime : si je renonce régulièrement à ce que j’aime, la vie à deux me frustre et me conduit à chercher un partenaire plus favorable. Par contre, si je ne renonce pas à mes désirs personnels, il est probable que j’accepterai mieux les désirs de l’autre. En ce domaine, l’équilibre entre les désirs et les plaisirs de l’un et ceux de l’autre est souvent le fruit d’une vie durable ; il ne s’agit pas de compter les plaisirs et de les marchander à l’autre ; aimer l’autre, c’est aimer sa personnalité, sa liberté, ses appels intérieurs. Cependant il faut du temps et des regards encourageants pour habiter tout son être, tout comme il faut du temps pour comprendre son conjoint et ses désirs. C’est un des bénéfices de la vie durable à deux que cette connaissance réciproque.

3) Construire des moments de bonheur ensemble. En vivant durablement avec l’autre, je peux découvrir que ma liberté grandit lorsque je peux construire et partager avec l’autre des moments de bonheur que je ne pourrais pas atteindre tout seul. Le domaine des bonheurs partagés est aussi vaste que celui de nos désirs ; je cite pêle-mêle la sexualité bien sûr mais aussi le sport, les enfants, la prière, le partage des pensées, les engagements, les vacances, les achats… Le langage du corps y occupe sa place.

4) Vivre à l’aise dans son couple
Je dois préciser ce que je veux dire : lorsqu’un couple traverse ensemble la vie et les épreuves de la vie, il n’est pas rare de constater qu’un des conjoints prend plus de place que l’autre. Sacha Guitry allait jusqu’à dire : « dans la vie à deux, le but est de ne faire qu’un mais la question est de savoir lequel ! »

Il peut arriver que l’un renonce à une part de lui même et se fasse plus petit, ne serait-ce que pour avoir la paix dans l’espace qui lui reste .Un déséquilibre s’installe, aisément décelable de l’extérieur et il devient la source de souffrances. Curieusement ce peut être la souffrance de celui qui s’étale qui apparaît d’abord : il trouve que son conjoint manque de répondant tandis que celui qui se rétrécit risque de tourner au silence, à l’amertume ou à la dépression.

La bonne question consiste à s’interroger de temps en temps sur la place et le rôle de chacun dans le couple ; finalement chaque conjoint souhaite vivre à l’aise dans son couple mais cet état n’est pas toujours rapidement atteint.

5) Les effets de miroir
Dans la vie quotidienne à deux, chacun des conjoints envoie à l’autre son image. Ceci lui permet de se voir et de se connaître mais il y a une double condition pour que l’opération soit bénéfique :

  • D’abord, l’image décrit-elle vraiment la vérité du sujet ? Si le miroir le déforme régulièrement, celui-ci va s’en apercevoir un jour et rejeter l’image fausse… Et peut être aussi le photographe !
  • Ensuite, celui qui reçoit son image l’encaisse-t-il sans se remettre en question ? Rien n’est neutre et son amour propre en prend parfois un coup !

La diversité des personnes conduit à la diversité des couples dans la découverte des moyens d’être heureux ensemble et donc de durer. Se questionner à deux, de temps en temps, dans la confiance et la simplicité, sur les moyens mis en œuvre en vue d’un bonheur durable peut porter du fruit, un fruit gagnant-gagnant.

Avec sagesse, Maurice Bellet nous livre cet espoir : « Il suffit que je sois pour toi ou que tu sois pour moi une présence bonne et vivifiante. Alors, nous devenons fils de Dieu, à la ressemblance progressive avec un Dieu-Père, un Dieu –Amour, un Dieu –Relation ».


Envoyez vos réactions, vos témoignages à André Girard-Reydet : andregirardreydet@gmail.com.

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Publié le 08.03.2015.

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