La charité nous presse
Réunis à Lourdes en assemblée plénière au mois de novembre, les évêques de France nous adressent, à l’approche de Noël, un message fort, pour un « vivre autrement ».
La charité du Christ nous presse (2 Corinthiens 5, 14)
L’apôtre Pierre, avant de baptiser le centurion Corneille, lui présente d’un mot Jésus de Nazareth : « Il passait en faisant le bien » (Actes des Apôtres 10, 38). Le premier, Jésus est le Bon Samaritain qui « s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands » (cf. Luc 10, 36).
Tout commence par la charité
Disciples du Christ, nous sommes davantage pressés par sa charité, en ce temps de crise économique et sociale. Les pauvretés d’aujourd’hui sont peut-être moins nouvelles que radicales par suite de la détérioration fréquente du tissu familial, l’insuffisance des logements, l’augmentation du chômage, la dégradation du prix de vente des produits agricoles. Dureté des conditions de travail, solitudes, addictions, fragilités psychiques, relationnelles ou culturelles accentuent chez beaucoup le sentiment d’exclusion.
Communautés chrétiennes, c’est à vous que nous adressons cette lettre. Nous connaissons les multiples générosités qui sont les vôtres. Nous savons la compétence et la créativité des associations caritatives que vous ne cessez de soutenir, surtout en cette période où les aides publiques diminuent. A l’approche de Noël, nous vous lançons un appel afin de vous encourager à ressourcer tout effort de solidarité dans le mystère du Fils de Dieu, né de Marie, qui « s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté » (2 Corinthiens 8, 9).
Non seulement, « le Verbe s’est fait chair » (Jean 1, 14), mais dans l’eucharistie, il est le « Pain rompu pour la vie du monde ». Quand nous nous rassemblons, chaque dimanche, pour célébrer le Repas du Seigneur, nous sommes appelés, comme le dit l’apôtre Paul, à « discerner son Corps » (1 Corinthiens 11,29), c’est-à-dire sa présence dans l’eucharistie et sa présence dans tous ses membres, surtout les plus souffrants, ceux qui ont faim, ceux dont la dignité est menacée.
Toute communauté chrétienne vise à exercer dans la mesure des dons de l’Esprit le ministère de la prière (liturgie), le ministère de la Parole (catéchèse) et le ministère du service des pauvres (diaconie). Les diacres sont les témoins sacramentels de Jésus lavant les pieds de ses Apôtres. Mais tous nous sommes appelés à mettre cette « diaconie » au cœur de notre action : « Car c’est un exemple que je vous ai donné… » (Jean 13, 15)
Soyons attentifs à ceux qui, parmi nous, ne peuvent plus se joindre au rassemblement dominical parce qu’ils sont malades ou malheureux. Et pourquoi ne pas préparer ou prolonger la célébration eucharistique par un « ministère de la visite » auprès des isolés ou des voisins dont la pauvreté muette a besoin d’un geste fraternel ?
Nous aurons alors la surprise, bien souvent, d’être nous-mêmes renouvelés dans notre joie de croire.
Nous lançons cet appel pour Noël. Mais c’est une porte ouverte sur l’avenir. C’est pourquoi nous le confions spécialement aux pasteurs, aux équipes pastorales, aux conseils pastoraux et aux organismes de solidarité, afin qu’ils le fassent leur et proposent des initiatives concrètes et adaptées, veillant à ce que « Noël autrement » soit à l’origine d’un « vivre autrement ».
Que l’Esprit Saint nous rende tous inventifs pour de « nouveaux modes de vie » qui incarnent notre espérance d’une société plus juste et fraternelle.
Lourdes, le 8 Novembre 2009
Les Evêques de France
Publié le 05.12.2009.
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