Inondations dans le Var : « Notre cÅ“ur saigne »

Emotion et recueillement lors de la cérémonie œcuménique en mémoire des victimes de la catastrophe qui s’est abattue sur le Var le 15 juin.

Monseigneur Dominique Rey a présidé la cérémonie en présence du Président de la République, Nicolas Sarkozy.

Accueil par Mgr Rey

Monsieur le Président,

Chers amis,

En présence des ministres des différents cultes et communautés religieuses, nous nous retrouvons en cette église Saint-Michel de Draguignan pour une démarche de mémoire et de prière.

Notre cœur saigne en pensant à ces 29 victimes des pluies diluviennes qui se sont abattues sur notre région, en particulier sur les 9 cantons du Var qui viennent d’être déclarés en état de catastrophe naturelle et qui sont représentés ici par leurs élus.

Notre cœur saigne face aux scènes d’horreurs dont nous avons été les témoins impuissants, hébétés.

Notre cœur saigne en répétant la liste trop longue de ceux qui ont été noyés, prisonniers dans leurs véhicules ou de leurs maisons, emportés par les coulées de boue, de ceux qui manquent encore à « l’appel » et de tous les disparus.

Nous pensons à tous les sinistrés, à ceux qui ont tout perdu, particulièrement aux familles endeuillées qui se trouvent au milieu de nous en cette église.

Nous venons puiser dans le recueillement les forces spirituelles et morales pour continuer de vivre sans se résigner, pour continuer de se battre sans violence, pour continuer d’espérer tandis que tout reste obscur.

Au début de cette cérémonie, nous voulons accueillir une Parole inspirée qui a traversé les siècles, une Parole qui pour nous, en ce jour, se fait consolation, courage, espérance – la Parole de Dieu.


Homélie

En quelques minutes, nous avons vécu une immense tragédie. Nous sommes restés comme interdits, abasourdis face à la puissance, et à la rapidité du déluge qui emportait tout sur son passage.

Sur cette terre de Provence, d’habitude si douce, la nature s’est tout à coup déchainée. Spectacle de désolation – Images de chaos.

L’irruption du malheur quand il est si brutal et si massif, pose à tout être humain, digne de ce nom, les questions les plus fondamentales auxquelles il tente si souvent d’échapper !

Lorsque il ne reste plus rien, de ce qui faisait notre vie, des personnes que l’on chérissait, des biens que l’on avait péniblement acquis, parce que tout a été balayé sur des torrents de boue.

Lorsqu’on a vu la mort de près, face à face, emporter l’ami ou le voisin.

Lorsqu’on se retrouve brusquement sans toit, sans voiture, sans travail… sans avenir…

Le problème de la survie devient non seulement une question matérielle, mais aussi une question existentielle.

Une question de vie ou de mort. Une question sur le sens de la vie et sur le sens de la mort. Une question spirituelle que l’humanité, depuis qu’elle existe, n’a jamais cessé de se poser à elle-même.

Quand nous avons perdu les moyens de vivre, il nous faut retrouver des raisons de vivre encore.

Alors, à tâtons, nous cherchons au plus intime de nous-même, dans le silence de notre conscience, mais aussi autour de nous, une présence, un réconfort, une main secourable qui justifie notre combat pour continuer d’exister.

En réponse à notre effroi ou à notre désarroi, croyants, nous fixons notre attention sur un visage unique, sur un témoignage rendu il y a 2000 ans, et qui nous est encore aujourd’hui indispensable pour dépasser la douleur. Seul celui qui a traversé la souffrance et la mort, et qui en est revenu, est en mesure de nous en parler, et de fonder à nouveau notre espérance.

L’Evangile des Béatitudes qui vient d’être proclamé énonce à destination de tout homme une promesse : un chemin de malheur peut redevenir un chemin de vie. Au milieu de tout ce qui a été ruiné, saccagé, dévasté, nous puisons dans notre foi en Christ la certitude d’un possible sursaut. A son contact, nous trouvons une force d’âme plus grande que le chagrin, et qui entraîne en avant de soi.

Oui la foi nous ouvre un chemin de Rédemption.

En ces derniers jours, la prière de beaucoup s’est faite cri. Cri de douleur devant l’insoutenable. Mais en même temps, cri d’appel, et intercession. Il a fallu non seulement apprendre à sécher nos sols mouillés, mais aussi sécher nos larmes amères et à consoler tant de cœurs meurtris.

Cette épreuve a été aussi une extraordinaire école de fraternité. Parfois avec héroïsme, au mépris de leur vie, des bénévoles, des jeunes et des moins jeunes, se sont dévoués jusqu’à l’extrême, sans compter, pour aider non seulement leurs proches, mais aussi des inconnus. Spontanément des réseaux d’entraide se sont constitués en lien avec les professionnels civils et militaires, les premiers secours, les forces de sécurité, les collectivités locales et territoriales, les organisations humanitaires, et tant d’associations de solidarité… Cet élan de générosité a été une « providence » de Dieu au milieu des décombres et des gravas. Sans le savoir, ces femmes, ces hommes ont mis en pratique les conseils évangéliques. « Ce que tu as fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu l’as fait » dit Jésus.
Ce cataclysme a mis en lumière l’abnégation de ceux qui ont refusé la résignation.

Il est des moments dans la vie, où la foi repose sur celle des autres, quand la nôtre vacille, où la foi se fait charité.

De tels évènements nous convoquent à une alternative : soit l’indifférence ou le voyeurisme, soit le souci absolu d’autrui.

D’un côté le repli égoïste sur soi, qu’en termes juridiques on nomme la « non assistance en personne en danger » ; de l’autre le courage de la solidarité.
Ce choix est un choix éthique qui renvoie aux premières pages de la Bible. « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Ce choix relève d’un principe fondamental d’humanité que cette actualité cruelle nous a pressés d’honorer.

Dans quelques instants, 29 bougies vont être allumées par autant d’enfants ; un geste de mémoire en hommage aux 29 personnes décédées au cours des inondations. Nous les confions toutes à la miséricorde de Dieu. Mais ce geste est aussi un passage à témoin. Les nouvelles générations porteront dans leur cœur et dans leur prière le souvenir de ces vies top tôt éteintes, en fidélité à ce que ces personnes ont fait, de ce qu’elles nous ont légué, à ce qu’elles ont été pour nous, afin qu’elles ne soient pas disparues en vain.

Ce geste est un acte d’espérance pour désormais, avec ces jeunes, reconstruire, pour nous reconstruire, pour croire ensemble en l’avenir.

Merci de ne reproduire qu’avec un accord préalable et en citant l’origine (par la publication d’un lien explicite au site).

Publié le 21.06.2010.

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