Carême : un chemin d’abnégation

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Des trois piliers qui supportent le Carême chrétien, prière, partage et jeûne, attachons-nous à considérer le troisième. Dans un monde marqué par des souffrances involontaires et subies, n’est-il pas curieux de voir des hommes et des femmes choisir librement de jeûner, de se mortifier ?

 

Si le jeûne (ou plus largement la mortification des sens) revêt des motivations et des aspects variés, il a pour nous chrétiens une signification profondément spirituelle et constitue un moyen de lutter contre notre « égoïsme » pour « vivre la logique de l’amour ». Là où l’Esprit souffle, Il détourne les hommes de la sagesse de la chair(Rom. 8, 7). Les plaisirs et les entreprises qui charmaient auparavant leur esprit deviennent cendres dès qu’ils les goûtent, et ils sont heureux de faire abstraction des choses agréables que beaucoup considèrent comme indispensables.

 

L’abnégation pour atteindre son bonheur dans le Christ

Les renoncements auxquels le Carême nous engage sont des moyens pour atteindre le bonheur parfait et réaliser notre vocation surnaturelle. Ce que saint Jean de la Croix dans la Montée du Carmel exprime clairement : « Afin de pouvoir jouir de tout, désirez ne jouir de rien ». Le mystique espagnol nous indique en peu de mots le plus court chemin du bonheur. Parce qu’elles convergent à nous aveugler et à épuiser l’âme, les passions humaines nous empêchent de satisfaire nos tendances les plus élevées. Depuis le début du christianisme, les Pères et Docteurs de l’Église enseignent qu’une vie sans ascétisme est une vie d’illusions, d’irréalité et de souffrance. « Aucun chrétien ne peut croître en perfection, ni le christianisme gagner en vigueur, s’il ne s’appuie sur la pénitence. » (St Jean XXIII : Encyclique Pænitentiam agere 1er juillet 1962).

La mortification que saint Paul appelle crucifixion de la chair avec ses vices et concupiscence (Gal 5, 24), est devenue le signe distinctif des chrétiens. Et s’il est juste d’avancer que le vrai bonheur de l’homme n’est atteint que lorsque le « moi » échappe à ses étroites limites et ne recherche plus sa propre satisfaction, cela ne suffit pas à motiver la mortification. En effet, « il n’y a pas de sainteté sans renoncement et sans combat spirituel. Le progrès spirituel implique l’ascèse et la mortification qui conduisent graduellement à vivre dans la paix et la joie des Béatitudes ». (CEC n. 2015)

Les renoncements que nous nous imposons sont notre réponse à l’annonce du salut et au commandement d’amour que Dieu nous donne. Nous voulons réprouver et maîtriser les pulsions de la « loi de nos membres » car elles se dressent contre la loi d’amour et de grâce. « En général, sachez refuser à la nature ce qu’elle vous demande sans besoin. Sachez lui faire donner ce qu’elle vous refuse sans raison. Vos progrès dans la vertu, dit l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ, seront proportionnés à la violence que vous saurez vous faire. » Enfin, « la nécessité de mortifier la chair est manifeste si nous considérons la fragilité de notre nature dans laquelle, depuis le péché d’Adam, la chair et l’esprit ont des désirs opposés. Cet exercice de mortification corporelle, très éloigné de toute forme de stoïcisme n’implique pas une condamnation de la chair que le Fils de Dieu a daigné nous donner. Au contraire, la mortification vise à la libération de l’homme » (Constitution Apostolique Pœnitemini, 17 février 1966).

 

Se conformer au Christ

Mais rassurons-nous, l’Esprit Saint ne nous inspire jamais de renoncer à quelque chose même de légitime, sans nous offrir en retour une chose plus élevée et plus parfaite. Le christianisme ne prône pas la mortification pour elle-même mais afin d’aider les chrétiens à se conformer au Christ. « Il faut mourir, disait François de Sales, le saint évêque de Genève, afin que Dieu vive en nous : car il est impossible d’arriver à l’union de l’âme avec Dieu par une autre voie que celle de la mortification. Ces paroles « il faut mourir » sont dures, mais elles seront suivies d’une grande douceur, parce qu’on ne meurt à soi-même qu’afin d’être uni à Dieu par cette mort ».

Pour conclure, rappelons que le fondement de l’enseignement de l’Église sur la mortification est le fait que Jésus Christ, par amour de l’humanité, a librement accepté de souffrir et mourir pour sauver le monde. Les chrétiens sont appelés à imiter le grand amour de Jésus et à le rejoindre dans ses souffrances rédemptrices. Ils sont ainsi appelés à « mourir à eux-mêmes » et les pénitences qu’ils s’imposent particulièrement durant le Carême les y conduisent… « Seigneur Dieu, source de toute bonté et de toute miséricorde, tu nous as montré comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage ; accueille favorablement l’aveu de notre faiblesse, et puisque nous prenons humblement conscience de nos fautes, que ta miséricorde nous relève sans cesse » (Collecte du 3° dimanche de Carême).

 

écrit par Maxime BENTZ

Publié le 22.03.2022.

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