Zitouni Goumidi

Propos recueillis par le père Michel Denis.

Cher Zitouni, beaucoup de gens te connaissent dans le réseau, merci de nous dire aujourd’hui ton aventure.

J’habitais l’Algérie, à Sétif, je vivais avec toute ma famille. On cultivait et vendait les produits. Mais pour moi, c’était invivable et je ne préférais pas rester. En 2003, je suis passé clandestinement par le Maroc et l’Espagne. Un passeur, avec un bateau rapide pour échapper à la surveillance nous a fait traverser. Nous étions vingt personnes, il nous a pris 500 € chacun. Pendant cinq jours, j’ai fait du stop en Espagne, et j’ai pris le train à la frontière pour Marseille. Je suis descendu à Toulon parce que je me suis endormi de fatigue ! J’ai été accueilli quelques jours par des amis, ensuite je suis allé à l’Etape en signalant ma présence en France. J’ai trouvé du travail sur l’Ile du Levant. C’était un travail clandestin. Le patron n’a pas voulu me payer, et il m’a parlé tellement mal que j’ai porté plainte. C’est parce qu’il m’a mal parlé que j’ai déposé une plainte. J’ai été placé alors sous contrôle judiciaire de 2004 jusqu’à 2008, quatre ans ! Pendant ce temps, je vivais dans des squats, à droite, à gauche et chaque vendredi, je me présentais à la Police. A mon procès, j’ai été condamné à deux mois avec sursis pour travail clandestin et on m’a dit d’aller à la Préfecture pour les papiers, aidé de mon avocat. La Préfecture ne m’a donné aucune réponse. J’avais trouvé un travail en CDI, mais il me fallait des papiers et j’étais sans réponse. J’étais très mal dans ma tête, j’avais des angoisses, je me disais : je n’ai pas de chance de partout. J’essayais de me débrouiller, et je logeais dans des squats, ça n’allait plus dans ma tête. Je suis rentré à l’hôpital en soins psychiatriques puis à Clémenceau. Un jour les pompiers sont venus me chercher à Clémenceau, j’avais une crise de diabète. Après vingt jours à l’hôpital, plus rien n’allait et je suis parti direct à la Préfecture pour demander des papiers mais, là-bas, on m’a rien dit, c’est une grosse histoire…

Certains la connaissent, mais si tu peux la raconter, vas-y.

J’ai pris de l’essence pour me mettre le feu, je ne pensais pas rester vivant… J’ai perdu la tête, ce n’était plus moi… je ne me rappelle rien. Je n’entendais plus rien ni ne voyais rien. Je me suis réveillé à l’Hôpital et j’ai dit : pourquoi je suis vivant docteur ? Après, j’ai été accueilli quelques jours chez un ami, puis je suis allé à la Maison Saint Louis.

Les ennuis ne se sont pas arrêtés de suite…

Non, je me suis fait arrêté dans la rue pour un contrôle, emmené au commissariat, puis relâché. Puis on m’a convoqué ensuite dans le commissariat. J’y suis allé de suite, et là, ils m’ont mis les menottes et emmenés à Nice ! J’avais de grandes angoisses, j’étais très, très mal. Je suis resté quatre jours en centre de rétention. Ils m’ont relâché encore et je suis revenu à la Maison Saint Louis. Enfin, en Janvier 2014, j’ai eu une autorisation de travail. J’ai commencé à travailler comme bénévole à droite et à gauche, puis Logivar m’a embauché pour 20 heures et Les Favières 15 heures. J’ai eu mes papiers valables 1 an et renouvelables. J’ai pu aussi faire régulariser mon permis de conduire. Estelle et Anne-Marie, les assistantes sociales, se sont bien occupées de ma situation, Tim et Gilles m’ont bien aidé. Il a quelques jours, j’ai pu avoir un appartement par L’AVAF.

Que penses-tu de tout ce qui t’es arrivé ?

Je regrette ce que j’ai fait à la Préfecture, mais ce n’était pas moi, j’avais l’impression d’être mort.

Tu remercies Dieu ?

Je rends grâce à Dieu. C’est interdit de se donner la mort, il m’a donné la chance pour m’en sortir. Je déplacerai une montagne avec une pelle pour que ce geste n’existe plus !

Tu peux le remercier en faisant des choses positives…

Oui, maintenant, je veux tout donner à l’autre, je veux faire du bien et travailler plus pour çà. Je veux vivre en rendant service, en faisant aussi du bénévolat.

Il parait que tu es retourné en Algérie.

J’y suis retourné deux fois pour revoir ma famille. J’ai ma femme là-bas qui est bien malade et trois fils qui ont 21, 18 et 11 ans.

Publié le 02.12.2014.

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