Une année pour discerner : la propédeutique

Voici une présentation de l’année de propédeutique, ce temps privilégié avant l’entrée au séminaire afin de discerner l’appel du Seigneur. Au programme : expériences spirituelles diverses à l’école de différents maîtres, apostolats, retraite, entretiens spirituels…

Propédeutique, kesaco ?

Le mot propédeutique vient du mot grec paideuein, enseigner.
C’est une année de discernement qui met en jeu la capacité de l’être humain à choisir entre plusieurs orientations de vie, plusieurs projets d’enracinement (à l’image de la plante qui est « enracinée » dans la terre et tire d’elle le nécessaire pour vivre).

Cette année est destinée aux garçons se posant la question essentielle de l’orientation de leur vie, c’est-à-dire leur vocation : sacerdoce, vie religieuse consacrée, ou chrétien dans le monde. C’est une année de préparation et de transition entre la vie dans le monde et l’éventuelle entrée au séminaire.

L’appel à devenir prêtre : un double discernement

Pourquoi un jeune choisit-il de passer un an en propédeutique ? C’est en réponse à un « appel« . L’appel est un désir difficile à exprimer. Il correspond à un mouvement intérieur de l’être ou à une conviction tout d’abord subjective (la personne ressent un appel ou un désir) puis objective (le discernement de l’Eglise rejoint alors le discernement personnel). Mettre ses pas à la suite du Christ afin de le servir dans son Eglise, comme jadis les disciples du Christ l’ont suivi pour annoncer le Règne de Dieu (cf. Evangile de saint Jean 1, 35-40).

Un temps de gratuité est nécessaire pour laisser mûrir, dans l’écoute silencieuse, l’orientation de sa vie :
– est-ce une parole authentique ?
– quel en est le contenu ?
En d’autres termes, suis-je appelé à me consacrer au Seigneur ?
si oui, par quel type de consécration ?

Le rôle du père spirituel et respect du for interne

Peu à peu, avec l’aide d’un père spirituel ou directeur spirituel, prêtre choisi en début d’année parmi les prêtres désignés par l’évêque pour cette fonction, le propédeute est aidé dans son discernement personnel. Lors du Conseil des pères, il n’intervient pas quand la discussion porte sur la personne qu’il accompagne. Il agit au niveau du « for interne ».

Le for interne (du latin « forum« , place publique, mais aussi tribunal) désigne en fait ce qui est du ressort de la responsabilité de chacun devant Dieu dans le secret de sa conscience, tandis que le for externe désigne, lui, ce qui relève de la responsabilité de chacun devant la société et l’Eglise. Cette distinction entre ces deux domaines de responsabilité est essentielle pour prévenir les abus de pouvoir. Pour ne pas confondre les niveaux d’intervention, il est ainsi interdit à un supérieur de séminaire ou à un maître des novices d’entendre en confession (au for interne donc) l’un des élèves qui demeurent dans leur maison et à propos desquels ils auront à se prononcer au for externe.

Grâce à la médiation du père spirituel, les voies de l’Esprit s’éclaircissent, une décision peut alors être prise, cette décision est personnelle mais ouverte au discernement objectif de l’Eglise.

L’authentification de l’appel de Dieu

L’évêque, seul responsable de l’appel au sacerdoce dans son diocèse, délègue à cet effet un supérieur responsable de l’ensemble de la vie du séminaire. Il agit au niveau du « for externe ».
Celui-ci est assisté d’un Conseil formé d’un ensemble de prêtres désignés par l’évêque. Ils assistent le supérieur du séminaire dans son rôle de discernement en se réunissant régulièrement pour discuter de l’ensemble de la vie du séminaire et des séminaristes.
Ainsi, tout au cours de l’année, un discernement est aussi fait au « for externe ».
C’est par cette médiation objective, et elle seule, qu’un appel vécu intérieurement peut être authentifié : le Christ appelle dans et par son Eglise. C’est seulement en fin d’année de propédeutique qu’une lettre de demande d’entrée au séminaire en vue d’une formation sacerdotale de type diocésain peut être remise au supérieur.

Un enracinement sur 4 plans : humain, doctrinal, spirituel et ecclésial

1. Humain

S’il est vrai que la vie communautaire s’exerce au niveau de la charité, il n’en reste pas moins qu’elle présuppose un certain nombre de qualités proprement humaines. Elle est l’occasion de cultiver le sens de la relation, d’éduquer sa sensibilité et sa vie affective, de percevoir ses possibilités tout comme ses limites, d’apprendre à gérer son temps de façon équilibrée. A travers la décantation propre à l’année de propédeutique, c’est la vérité sur soi qui, peu à peu, se révèle à notre regard – trop souvent en fuite -, la vérité sur soi, sur notre univers relationnel, sur notre façon de vivre les évènements.

2. Doctrinal

L’enseignement dispensé durant cette année donne, de façon synthétique, une première approche du mystère chrétien [[tout ce qui concerne la relation de chaque personne avec Dieu. Il ne signifie pas une énigme impénétrable, mais au contraire la claire évocation d’un dessein bienveillant du Dieu trinitaire, Père, Fils, Esprit Saint, envers tous les êtres humains.]]. Il n’est pas axé sur la formation sacerdotale. Son but premier est d’aider à mieux comprendre le sens de la vie chrétienne dans toute son ampleur. C’est sur ces bases que s’appuiera la formation future.

3. Spirituel

Le but est d’aider chacun à ouvrir son cœur à la rencontre personnelle avec le Seigneur par la médiation ecclésiale [[médiation de l’Eglise à travers ses membres, les personnes qui forment la vie du séminaire : Pères, séminaristes, professeurs, personnel de service, etc.]] qu’incarne la communauté.

4. Ecclésial

L’expérience proposée dans le cadre de cette année ne peut être spirituelle que parce qu’elle est ecclésiale. La vie de communauté est une école d’accueil de la diversité. Cet accueil ne pourra être harmonieux que dans la mesure où chacun des membres s’efforcera de vivre au niveau de ce qui unit. Il permet d’intégrer toutes ces diversités dans ce qu’elles ont de richesses complémentaires. En vivant du mystère de l’Eglise comme communion, la vie de communauté devient expérience ecclésiale :

Mettez-vous, chacun selon le don qu’il a reçu, au service les uns des autres, comme de bons administrateurs de la grâce de Dieu variée en ses effets (1 Pierre 4, 10).

Quels moyens pour discerner ?

Le discernement se fait progressivement au cours de l’année à travers tous les aspects de la vie quotidienne : l’accompagnement régulier avec un père spirituel ; la prière personnelle et communautaire ; les cours ; les moments de détente fraternelle ; le silence ; la découverte de la vie ecclésiale du diocèse ; les visites des paroisses et des communautés.
Mais il y a aussi dans l’année de propédeutique, quatre grands moments qui aident à discerner l’appel ressenti :

– Une expérience de lectio divina (méditation sous forme de prière de la Parole de Dieu) de 10 jours à l’abbaye Notre-Dame de Lérins dans un cadre monastique et accompagnée par quelques moines : découvrir et approfondir la Parole de Dieu.

Une semaine dans une paroisse du diocèse pour découvrir la vie concrète d’un prêtre en paroisse.

– Une expérience d’un mois auprès des démunis (service des handicapés dans le cadre de « l’Arche » de Jean Vanier ou des personnes âgées chez les « Petites sœurs des Pauvres« ). Cette expérience n’est pas isolée : tout au cours de l’année, chaque vendredi, les propédeutes rendent visite aux malades et aux personnes âgées.

– Au troisième trimestre, les huit jours des Exercices spirituels permettant d’entrer dans l’expérience spirituelle qui a conduit Ignace de Loyola à la plus haute sainteté et qui en a fait un des maîtres les plus autorisés de la vie spirituelle. Ils permettent de mettre de l’ordre dans sa vie, de choisir les moyens pour s’engager plus résolument à la suite du Christ et d’entrer dans un processus de discernement pour l’engagement de sa vie.

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