Saint Michel aujourd'hui

Entretien avec Jean-Raphaël Eglin, auteur de Saint Michel, conduis-nous au Christ, Téqui, 2012

– Prier saint Michel est-ce toujours d’actualité ?

Je crois que nous sommes dans une période où nous avons un très grand besoin du secours du glorieux archange et des milices célestes. En effet, l’augmentation de la persécution des chrétiens dans le monde (en 2012, 105000 chrétiens ont été tués du fait de leur foi et 200 millions persécutés selon l’Observatoire de la liberté religieuse), les lois votées ou présentées au parlement en France qui vont à l’encontre de la vie, des droits de l’enfant et de la famille humaine (mariage homosexuel, autorisation de la recherche sur l’embryon humain, extension de la loi sur l’avortement, autorisation de euthanasie), les scandales qui ont secoué l’Église de l’intérieur et qui ne sont pas étrangers à la démission du pape Benoît XVI, tous ces événements montrent que nous sommes dans un temps de combat spirituel, de combat de la foi, et que le recours à l’intercession et à la protection de saint Michel et des Anges est vraiment nécessaire aujourd’hui. Je dirais aussi que la venue du pape François qui réhabilite dans son langage l’utilisation des mots ‘diable’ et ‘Satan’, qui a de nombreux combats à mener pour l’Église, et partage avec l’archange cette grande vertu de l’humilité, sont des signes supplémentaires.

Ensuite, nous observons que, dans nos sociétés en partie déchristianisées, les Anges cependant ont toujours la cote, ils intéressent beaucoup de monde et des livres parlant d’eux sont devenus des best-sellers. Malheureusement, beaucoup de ces ouvrages surfent sur la vague de l’ésotérisme et n’enseignent pas la juste doctrine angéologique de l’Église catholique. D’où l’importance de la rappeler, ce que je m’efforce de faire dans mon livre.

Lorsque le christianisme diminue, l’homme gardant une soif spirituelle, il la recherche alors dans d’autres traditions spirituelles, et les pratiques païennes, la consultation des voyants, des marabouts, le spiritisme et le recours à la magie reviennent en force. Or, ces pratiques, ont immédiatement pour effet d’entraîner des souffrances spirituelles, et plus grave, de faire venir les démons dans nos vies. C’est pourquoi l’Église catholique rejette toutes les formes de divinations (CEC §2116). Elle nous demande de mettre uniquement notre confiance et notre espérance en Dieu sans chercher à connaître l’avenir par des moyens détournées. Lorsque par ces pratiques interdites, nous avons donné la possibilité aux démons de nous nuire, lorsque nous nous sommes davantage liés à eux, alors il faut faire appel aux sacrements, à la prière de l’Église, à la prière des saints, et aussi à saint Michel qui terrasse le dragon et à ses milices célestes, pour les chasser. Je donne de nombreux exemples de prières dans mon livre.

Enfin, saint Michel et les Anges dont nos anges gardiens sont là, présents et agissants, même si nous n’en avons pas forcément conscience. Plus nous prions avec eux, plus ils agissent puissamment dans nos vies pour nous protéger et nous aider. Car ils n’agissent pas malgré nous, mais viennent lorsque nous les sollicitons vraiment. Ils sont messagers de Dieu, et agissent en Son Nom. Les accueillir dans nos vies, c’est donc accueillir Dieu qui agit à travers eux.

– Saint Michel est patron et protecteur de la France : qu’a-t-il à nous dire et qu’avons-nous à lui dire aujourd’hui ?

Saint Michel est le défenseur de la vérité dans l’humilité. En tant que grand messager de Dieu, il a à cœur de nous rappeler les vérités essentielles. Si nous réfléchissons sur son nom, qui vient de l’hébreu Mi-ka-El, et signifie littéralement « qui est comme Dieu ? », nous prenons conscience qu’il nous renvoie à Dieu lui-même. Chaque ange porte un nom qui se réfère à sa mission. Le nom de l’archange, c’est son identité propre, ce qui veut dire que sa mission essentielle vis-à-vis de toutes les créatures est de leur rappeler qui est Dieu. Il défend sans cesse les droits et les prérogatives divines et nous aide à prendre conscience que nous ne sommes que des créatures en soi impuissantes et totalement dépendantes du Dieu créateur. Je précise cependant que le plus important pour saint Michel comme pour toutes créatures dans le ciel c’est d’abord d’adorer le Dieu trois fois saint.

La France est la Fille aînée de l’Eglise, attribut que de nombreux papes depuis Etienne II en 754 ont donné à notre pays. Les papes successifs parlent sous l’inspiration de l’Esprit-Saint. C’est donc Dieu lui-même qui a voulu que notre pays soit la fille aînée et qu’elle ait un grand rôle à jouer dans la protection et la propagation de la foi catholique dans le monde. Du fait de cette grande mission, il lui fallait un grand archange et Dieu nous a donné saint Michel. Saint Michel est un serviteur très humble du Christ. Il œuvre à ce que le message du Christ s’imprime en nos cœurs, et, à travers ses missions archangéliques, il nous rappelle que le Christ est vainqueur de tout mal, qu’il a déjà vaincu le monde (Jn 16,33), qu’il a ligoté Satan et ses hordes infernales et les a livré aux cavernes infernales des ténèbres, où ils sont réservés pour le jugement (2 P 2,4), lorsqu’Il reviendra pour régner dans la gloire. Ce n’est qu’une question de temps même si nous ne savons pas quand cela surviendra.

Tout au long de l’histoire de France, Saint Michel s’est manifesté. La prière de consécration nationale au glorieux archange dite par tous les évêques de France, le 19 mai 1912 l’invoque en disant bien « des champs de Tolbiac aux sommets du Mont Tombe; des sommets du Mont Tombe aux vallons de Domremy; des siècles recules au temps ou languit notre vie, vous avez ecrit les meilleures pages de notre histoire. ». L’intégralité de cette prière figure dans mon livre.

Nous discernons son intercession à travers les dates qui lui sont propres, les 8 mai ou les 29 septembre par exemple. Saint Michel est sûrement intervenu en France lors de la seconde guerre mondiale (l’armistice date du 8 Mai 1945), et aujourd’hui encore il intercède de façon souvent invisible mais puissante pour notre pays. Il se manifeste aussi de façon privée à certaines personnes, j’ai reçu de nombreux témoignages. L’archange Saint Michel nous montre qu’il est toujours là présent, pour aider, garder et guider la France, afin qu’elle demeure indéfectiblement fidèle au Christ et à l’Eglise. Et la France, ce n’est pas une abstraction, c’est chacun d’entre nous. Donc, il nous renvoie en quelque sorte à notre fidélité aux promesses de notre baptême et à notre fidélité au Christ. Le bienheureux pape Jean-Paul II lui-même avait exhorté les français, au Bourget le 1er juin 1980, avec cette fameuse interpellation : « France, fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »

Quelle peut être notre réponse ? Un sursaut de foi, un vrai retour au Christ, une défense plus ardente et plus courageuse de l’Eglise et de la chrétienté, un témoignage plus vivant autour de nous. Bref, ce que saint Michel cherche à provoquer, c’est la vraie conversion du cœur ! Et le réveil du peuple de France est parfois visible, comme par exemple avec ces grands rassemblements lorsqu’un souverain pontife vient en visite chez nous, ou dernièrement avec ces 1,8 millions de français se rassemblant à Paris, le dimanche des rameaux, pour dire non à la supercherie du mariage homosexuel.

– Quel est l’avenir de la spiritualité michaëlique ?

L’avenir de la dévotion aux Anges et à saint Michel, est à mon avis fort dépendante de la vraie dévotion au Christ. Dans le ciel, les saints Anges et les saints humains vivent en communion. Et nous aussi, sommes en communion dans le Christ avec eux. Plus notre foi en Christ grandira, plus nous prierons avec saint Michel et les Anges, et plus aussi nous les solliciterons. Bien sûr, il ne faut pas tomber dans le culte des Anges (Col 2,18), mais il me paraît sain de découvrir la juste voie entre les ignorer complètement et les idolâtrer. La juste voie est à mon avis, de prendre conscience déjà de leur existence – ce qui est une façon de glorifier Dieu qui a eu la puissance de les créer – et ensuite de ce que Dieu leur demande de faire pour nous. Enfin, à travers leurs exhortations, nous découvrons ce que Dieu nous demande de faire. En effet, Saint Michel, nos Anges gardiens et les Anges sont des messagers de Dieu : en nous mettant à leur écoute, nous écoutons le message de Dieu qu’ils sont chargés de nous apporter. Inversement, si nous ne les écoutons pas, nous n’écoutons pas non plus ce message divin. Or le Christ a bien dit : qui accueille celui que j’aurai envoyé m’accueille; et qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé (Jn 13,20), et si quelqu’un ne vous accueille pas et n’écoute pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds (Mt 10,14). Dès lors, qui accueille saint Michel et les Anges accueille le Christ qui les a envoyés et ceux qui ne les accueillent pas, n’accueillent pas pleinement le Christ et leurs maisons seront délaissées. Donc redécouvrir le cosmos angélique, c’est redécouvrir la communion des saints, c’est ouvrir notre cœur à un univers spirituel plus vaste, c’est accueillir les grâces que le Christ nous donne par la médiation des Anges, en un mot c’est « recatholiciser » notre foi, si vous me permettez ce néologisme.

Prier avec saint Michel, c’est aussi s’engager dans le combat spirituel contre le Malin et ses sbires, combat fondamental. Les évangiles nous montre sans cesse le Christ combattre Satan et exorciser. La prière du Notre Père, prière fondamentale comporte elle-même quatre demandes nous concernant directement et toutes liées au combat contre Satan et ses œuvres :

1) Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Le pain de vie, c’est le Christ. Citant Léon Bloy, le pape François, nous a rappelé dans sa première homélie du 14 mars 2013 : « Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable ». Et il a poursuivi : « quand on ne confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon. » Le pain fut l’objet de la première tentation du Christ par Satan. Il y a le pain du monde et le pain de vie. Ici se noue un vrai combat spirituel pour choisir le vrai pain qui nous nourrit.

2) pardonne-nous nos péchés comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Le pardon pour être sauvé du péché, c’est une immense œuvre d’amour de Dieu qui contrecarre la pseudo œuvre de Satan qui cherche à nous faire chuter.

3) Ne nous laisse pas entrer dans la tentation. Voilà une réalité mauvaise universelle. En permanence nous sommes tentés et nous tombons dans ce piège mortifère. C’est pourquoi saint Pierre nous disait aussi : soyez sobres, soyez vigilants ; votre adversaire, le diable, comme un lion qui rugit, va et vient à la recherche de sa proie (1 P 5,8).

4) Délivre-nous du Malin. Dans cette demande, le Mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le  » diable  » (dia-bolos) est celui qui  » se jette en travers  » du Dessein de Dieu et de son  » œuvre de salut  » accomplie dans le Christ. (CEC §2851)

Nous voyons donc bien que cette spiritualité de l’engagement dans le combat spirituel est extrêmement importante. Et le Christ envoie saint Michel et ses milices pour le mener comme nous le lisons dans l’Apocalypse (Ap 12,7-9). Plus nous combattons pour le Christ, plus son royaume s’établit ici-bas. Ce combat est aussi celui de la foi, et de la proclamation de la vérité dans l’humilité. Il peut ensuite se décliner à travers différents engagements dans les domaines sociaux, sociétaux, politiques. Combattre pour le commerce équitable, manifester contre la loi du mariage pour tous, résister aux idéologies nihilistes et hédonistes, s’engager socialement, condamner ouvertement la persécution des chrétiens dans le monde, sont des exemples de luttes qui puisent leur origine dans le combat spirituel.

– Il y a eu la renaissance du chemin de Compostelle… Faut-il relancer le pèlerinage au Mont-Saint-Michel ?

Je crois qu’il est important d’ouvrir la porte à tout ce qui contribue à affermir la foi en Christ tant que cela reste conforme à l’enseignement de l’Eglise. Le Seigneur convertit les cœurs de multiples façons. Chaque conversion est un parcours particulier, une rencontre personnelle entre un homme ou une femme et le Christ. Aujourd’hui, la découverte de la spiritualité chrétienne, n’est pas nécessairement vécue dans un premier temps par la voie sacramentelle. Beaucoup rencontre le Christ par exemple, comme de simples touristes, en visitant une vieille église romane, une cathédrale gothique ou une abbaye. Il y a eu des cas de japonais qui ont demandé le baptême après avoir visité le mont Saint-Michel ou Notre-Dame de Paris, en simple touriste. Le Seigneur peut tout. Le Mont Saint Michel attire les foules, pas seulement pour des raisons culturelles. L’archange est particulièrement présent en ce lieu, sa présence touche mystérieusement ceux qui viennent le voir. Les pèlerinages vers le mont se sont amplifiés ces dernières années. Le retour de moines et de moniales dans l’abbaye du mont, avec les fraternités de Jérusalem, les célébrations régulières des offices, la possibilité d’y faire des retraites, a redonné un souffle spirituel. A cela se sont ajoutées, la restauration de la statue de l’archange en haut du mont et la célébration du 1300ème anniversaire des apparitions. Les pèlerins reviennent en nombre : soit à pied en traversant la baie pour les scouts et les sportifs, soit en car pour des paroissiens plus âgés, soit en voiture pour les familles. Donc, le pèlerinage connaît un réel dynamisme signe d’ vrai besoin spirituel et d’une nécessité de redécouvrir qui est vraiment l’archange saint Michel, quelles sont ses missions, et ce que cela signifie aujourd’hui pour nous. Toutes ces questions sont abordées en profondeur dans mon livre. Elles sont essentielles : elle concerne la vie et la mort, le bien et le mal, le choix d’être pour le Christ ou contre lui. On ne peut pas les éviter. C’est pourquoi, aider au dynamisme des pèlerinages vers le mont, contribuera à redynamiser notre foi et à nous aider à mieux avancer jusqu’au Christ, car ce but est celui que saint Michel désire profondément pour nous : nous conduire au Christ. Et il le fait réellement rt parfaitement à avec ceux qui acceptent de le laisser les guider. D’où le titre de mon livre : « Saint Michel, conduis-nous au Christ ! »

Propos recueillis par Falk van Gaver

Jean-Raphaël Eglin, Saint Michel, conduis-nous au Christ, Téqui, 2012

http://www.librairietequi.com/A-51468-saint-michel-conduis-nous-au-christ-.aspx

http://www.archangededieu.org

Publié le 09.04.2013.

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