Retrouver le goût de l’engagement communautaire
La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux.” (Mt 9, 37) Dans le domaine de la Diaconie comme celui des initiatives nouvelles pour l’évangélisation, nous manquons souvent d’ouvriers pour mettre en œuvre les actions envisagées. Le problème de l’engagement à diverses origines et le Saint Père aborde au chapitre 2 de l’exhortation un certain nombre de défis du monde actuel qui apportent des éclairages et nous donnent des éléments de réponse. Cependant, il est trop facile de chercher des explications uniquement à l’extérieur de l’Église. Pour comprendre la crise de l’engagement, il faut considérer attentivement les obstacles intérieurs, liés à la vie de nos communautés et des groupes auxquels nous appartenons. Plutôt que de vouloir entretenir des formes de méfiance, de médisances et de division, n’est-il pas préférable de nous reconnaître tous dans une même barque, de nous enrichir de nos différentes expérience, de nous encourager mutuellement et d’intercéder les uns pour les autres ?
Cette étape fait partie d’un schéma général : Vivre la Diaconie et la Nouvelle Evangélisation dans le diocèse de Fréjus-Toulon
Questions pour la troisième étape
1. A quelle conversion suis-je appelé(e) à la lecture de ce texte ?
2. Comment adhérer au désir du pape François d’une plus grande communion fraternelle ? Comment rêver avec lui de communautés attrayantes ?
3. Comment mettre en œuvre ce rêve ?
3ème etape : Retrouver le goût de l’engagement communautaire
Extraits de Evangelii Gaudium
82. Le problème n’est pas toujours l’excès d’activité, mais ce sont surtout les activités mal vécues, sans les motivations appropriées, sans une spiritualité qui imprègne l’action et la rende désirable. De là découle que les devoirs fatiguent démesurément et parfois nous tombons malades. Il ne s’agit pas d’une fatigue sereine, mais tendue, pénible, insatisfaite, et en définitive non acceptée.
Cette acédie pastorale peut avoir différentes origines. Certains y tombent parce qu’ils conduisent des projets irréalisables et ne vivent pas volontiers celui qu’ils pourraient faire tranquillement. D’autres, parce qu’ils n’acceptent pas l’évolution difficile des processus et veulent que tout tombe du ciel. D’autres, parce qu’ils s’attachent à certains projets et à des rêves de succès cultivés par leur vanité. D’autres pour avoir perdu le contact réel avec les gens, dans une dépersonnalisation de la pastorale qui porte à donner une plus grande attention à l’organisation qu’aux personnes, si bien que le “tableau de marche” les enthousiasme plus que la marche elle-même. D’autres tombent dans l’acédie parce qu’ils ne savent pas attendre, ils veulent dominer le rythme de la vie. L’impatience d’aujourd’hui d’arriver à des résultats immédiats fait que les agents pastoraux n’acceptent pas facilement le sens dé certaines contradictions, un échec apparent, une critique, une croix.
83. Ainsi prend forme la plus grande menace, « c’est le triste pragmatisme de la vie quotidienne de l’Église, dans lequel apparemment tout arrive normalement, alors qu’en réalité, la foi s’affaiblit et dégénère dans la mesquinerie ». La psychologie de la tombe, qui transforme peu à peu les chrétiens en momies de musée, se développe, déçus par la réalité, par l’Église ou par eux-mêmes, ils vivent la tentation constante de s’attacher à une tristesse douceâtre, sans espérance, qui envahit leur cœur comme « le plus précieux des elixirs du démon ».
93. La mondanité spirituelle, qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien-être personnel. C’est ce que le Seigneur reprochait aux pharisiens : « Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez la gloire les uns des autres, et ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? » (Jn 5,44). Il s’agit d’une manière subtile de rechercher « ses propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ » (Ph 2, 21). Elle prend de nombreuses formes, suivant le type de personne et la circonstance dans laquelle elle s’insinue.
95. Cette obscure mondanité se manifeste par de nombreuses attitudes apparemment opposées mais avec la même prétention de “dominer l’espace de l’Église”. Dans certaines d’entre elles on note un soin ostentatoire de la liturgie, de la doctrine ou du prestige de l’Église, mais sans que la réelle insertion de l’Évangile dans le Peuple de Dieu et dans les besoins concrets de l’histoire ne les préoccupe. De cette façon la vie de l’Église se transforme en une pièce de musée, ou devient la propriété d’un petit nombre. Dans d’autres, la même mondanité spirituelle se cache derrière la fascination de pouvoir montrer des conquêtes sociales et politiques, ou dans une vaine gloire liée à la gestion d’affaires pratiques, ou dans une attraction vers les dynamiques d’auto-estime et de réalisation autoréférentielle. Elle peut aussi se traduire par diverses manières de se montrer soi-même engagé dans une intense vie sociale, remplie de voyages, de réunions, de dîners, de réceptions. Ou bien elle s’exerce par un fonctionnalisme de manager, chargé de statistiques, de planifications, d’évaluations, où le principal bénéficiaire n’est pas le Peuple de Dieu mais plutôt l’Église en tant qu’organisation. Dans tous les cas, elle est privée du sceau du Christ incarné, crucifié et ressuscité, elle se renferme en groupes d’élites, elle ne va pas réellement à la recherche de ceux qui sont loin, ni des immenses multitudes assoiffées du Christ. Il n’y a plus de ferveur évangélique, mais la fausse jouissance d’une autosatisfaction égocentrique.
99. Le monde est déchiré par les guerres et par la violence, ou blessé par un individualisme diffus qui divise les êtres humains et les met l’un contre l’autre dans la poursuite de leur propre bien-être. En plusieurs pays ressurgissent des conflits et de vieilles divisions que l’on croyait en partie dépassées. Je désire demander spécialement aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux. Que tous puissent admirer comment vous prenez soin les uns des autres, comment vous vous encouragez mutuellement et comment vous vous accompagnez : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13,35). C’est ce que Jésus a demandé au Père dans une intense prière : « Qu’ils soient un en nous, afin que le monde croie » (Jn 17,21). Attention à la tentation de l’envie ! Nous sommes sur la même barque et nous allons vers le même port ! Demandons la grâce de nous réjouir des fruits des autres, qui sont ceux de tous.
Publié le 13.01.2015.
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