Rapport de la CIASE – Une soirée d’information et de prière
Mardi 14 décembre, une soirée d’information concernant le rapport Sauvé/CIASE ouverte à tous se tenait à la cathédrale de Toulon, en présence de Mgr Dominique Rey et de membres des cellules d’écoute et de veille du diocèse qui ont répondu aux questions des fidèles. Elle se terminait par un temps de prière pour les victimes d’abus sexuels dans l’Église.
Une soirée d’information sur le rapport de la CIASE
À l’invitation de Mgr Dominique Rey, plusieurs intervenants se sont exprimés pour présenter le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église (CIASE), ainsi que les résolutions et les mesures prises dans le diocèse. Pour notre évêque, il s’agit d’une « opération vérité ». Le père Charles Mallard, curé de la cathédrale de Toulon, poursuit en rappelant les trois angles principaux du rapport Sauvé dont l’étude s’étend sur les années 1950 à 2020 : « faire la lumière (analyse du passé), révéler la part d’ombre (difficultés des réactions), dissiper les ténèbres (vérité, réparation, prévention) ». Il évoque les chiffres : 330 000 victimes estimées, 6700 témoins, 1600 questionnaires envoyés et recueillis, 35 dossiers judiciaires analysés, 174 victimes auditionnées en direct… Et salue un travail rassemblé sur 2700 pages pour « faire entendre la voix des victimes ».
Coordinatrice de la cellule d’écoute aux victimes, Magali Menut intervient à son tour : « L’Église, c’est nous, c’est chacun de nous. Il est nécessaire que vous soyez bien informés de ce qui se vit autour de la protection de l’enfance et la reconnaissance des personnes victimes ». Conseillère conjugale depuis 13 ans, éducatrice à la vie affective relationnelle et sexuelle (EARS) depuis plus de 20 ans, elle a suivi – à la demande de Mgr Rey – une formation de deux ans à la Conférence des évêques de France, avant d’accepter cette mission : « Parce qu’on ne peut pas s’engager sans avoir compris que l’abus sexuel est déjà un acte infiniment destructeur, mais qu’il est pire quand il est commis par un prêtre ». Depuis trois ans, elle dispense des formations « Protection des mineurs dans l’Église » aux prêtres et séminaristes, ainsi qu’à toutes les personnes intervenant auprès d’enfants et d’adolescents. Ces journées s’articulent autour de trois volets : « comprendre ce qu’est un abus sexuel et les traumatismes qu’il engendre, comprendre quelles sont les démarches légales (canoniques ou pénales) en cas de suspicion, donner des outils pour écouter et accueillir la parole des victimes. Une charte d’encadrement des mineurs est par ailleurs signée par chaque adulte concerné. »
Des mesures d’écoute, de veille et de prévention dans le diocèse
Joignable par téléphone ou par mail, la cellule d’écoute se tient disponible pour accueillir les témoignages, les souffrances, les blessures des victimes, « en se mettant à l’école du Christ ». Elle propose « un accompagnement vers une restauration ». Composée d’experts (juristes, psychiatres, gendarme à la retraite…), la cellule de veille contre les abus sexuels, contre les emprises psychologiques et spirituelles est chargée de répondre quant à elle aux exigences du droit, qu’il soit canonique ou pénal. Membre de cette cellule, le père Claude Sirvent, curé du Mourillon et ancien commandant de police, explique : « Lorsque nous avons une agression sexuelle sur un mineur ou une personne vulnérable, nous devons obligatoirement et immédiatement procéder à un signalement au procureur de la République, qu’il y ait plainte ou non. Concernant les actions sur un majeur, c’est plus complexe, quand – par exemple – la victime ne veut pas déposer plainte. Aujourd’hui, nous travaillons aussi sur un protocole avec le parquet de Toulon et celui de Draguignan qui nous mettrait dans une position de collaboration. » Dernier intervenant, le père Jean-Noël Dol, vicaire général du diocèse, référent des deux cellules, souligne les efforts de prévention engagés ces dernières années : sensibilisation des prêtres sur le sujet, présence d’un couple dans le conseil du séminaire, suivi psychologique des séminaristes, accompagnement des prêtres, demande du casier judiciaire bientôt étendue aux laïcs engagés dans l’aumônerie, le scoutisme, le patronage…. Il exprime le désir du diocèse d’aller encore plus loin dans la prévention.
Lors de cette soirée, les fidèles ont été invités à poser des questions par écrit. Selon leur domaine de compétence, les intervenants ont répondu à des questions telles que la marche à suivre s’il y a une suspicion d’abus, la responsabilité des membres du corps ecclésial, l’accompagnement des prêtres abuseurs… Le père Jean-Noël Dol a annoncé que 14 nouveaux dossiers avaient été ouverts depuis la parution du rapport de la CIASE.
La soirée s’est conclue par un moment de prière et de recueillement. À genoux, l’assemblée a récité les sept psaumes de la pénitence, puis Mgr Rey a lu seul la prière faite par Mgr Eric de Moulins-Beaufort lors du temps pénitentiel à Lourdes.
écrit par Lætitia d’Hérouville
En savoir plus :
Les prochaines journées de formation « Protection des mineurs dans l’Église » auront lieu les 22 janvier et 12 mars 2022 à la paroisse Sainte-Thérèse. Obligatoires pour les intervenants auprès de jeunes, elles sont ouvertes à toute personne qui souhaite se former.
Retrouvez sur cette page toutes les informations concernant les cellules d’écoute et de veille du diocèse.
Contact : ecoute.victimes@diocese-frejus-toulon.com ou 06 81 38 60 74.
Publié le 16.12.2021.
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