Questions de catéchistes
Lors de la journée de rentrée de la catéchèse, le 7 octobre 2010, Mgr REY a répondu à quelques questions soumises à la réflexion des catéchistes.
1- Prêtre et laïc : la vie chrétienne est-elle une affaire de spécialistes ?
– Nous avons un diocèse où il y a en général un nombre suffisant de prêtres pour pouvoir exercer un ministère de la catéchèse. On n’a jamais trop de prêtres et on en réclame chaque année davantage. Mais on ne peut pas dire que le prêtre doit agir tout seul ; on ne peut pas dire non plus que le prêtre doit se désintéresser de ce qui se fait dans la catéchèse. Je reviens sur le 1er point de mon intervention de ce matin : le prêtre est mobilisé pour différentes activités qui se font sur la paroisse : célébrations, accueil des personnes, organisation de la vie pastorale ; et les laïcs qui sont autour de lui sont là pour l’aider dans l’exercice de son ministère. L’enseignement fait partie des trois fonctions auxquelles le prêtre est député : enseigner, sanctifier, gouverner.
Enseigner, c’est-à-dire annoncer, expliquer : il le fait à travers l’homélie, les cours qu’il doit donner, la formation des acteurs pastoraux et paroissiaux. C’est pourquoi, il doit pouvoir compter sur des personnes, les choisir et les former,
La première fonction du prêtre est d’appeler et de former comme Jésus l’a fait : il appela ses disciples pour qu’ils soient avec Lui. On ne peut simplement appeler quelqu’un et lui dire ensuite : “Débrouillez-vous.” C’est irresponsable, voire non évangélique !
Les enfants ont besoin de voir le prêtre. Ce n’est pas une délégation au sens où le prêtre se désintéresserait parce qu’il aurait autre chose à faire. L’enseignement doit aussi s’appliquer aux enfants. Ils doivent le voir célébrer les sacrements mais aussi pouvoir lui parler personnellement. Ensuite, si vous pensez qu’il n’y a pas de présence du prêtre ou.. trop de présence du prêtre, il est bon d’aller voir votre curé et essayer de trouver ensemble quelques principes, en fonction de votre situation.
2- Y a-t-il eu des changements dans votre paroisse ? Que vous ont-ils apporté de positif ? S’il y a eu des difficultés, comment faire pour aider à les résoudre ?
– Il y a des changements dans votre paroisse parce que vos prêtres sont amenés à quitter leur ministère pour recevoir une autre mission. D’autres viennent à leur place ; des communautés nouvelles arrivent. S’il y a des difficultés, comment aider à les résoudre ?
Le ministère d’un prêtre doit s’adapter à ce qu’est sa paroisse, à la situation, la géographie, le contexte, la population… et il y a aussi la nécessité de la part de la communauté de s’adapter à la vie, la sensibilité, la psychologie, la personne du prêtre ou des prêtres. Il y a une étape d’apprivoisement mutuel qui est de l’ordre humain et spirituel. Le prêtre est d’abord un don de Dieu, quelqu’un qui donne de lui-même, de sa disponibilité. Il est bon d’arriver à le connaître et à vous faire connaître et il est bon de négocier des voies de collaboration par des rencontres et un dialogue en fonction de ce qu’on sait faire.
Il faut aussi savoir que le mot dialogue commence par un D. Pour arriver à ce D, il faut passer par d’autres D : la dispute, le débat, la discussion et enfin le dialogue. Parfois, il faut passer par tous ces D… une découverte un peu difficile. Si, dans l’Eglise, on n’arrive pas à passer par tous ces D, il est difficile de les trouver dans le monde.
3- Peut-on aujourd’hui proposer le salut en catéchèse ? ‘’Sauvé’’, de quoi ?
– On est au cœur de la foi : Jésus n’est pas venu nous apporter une plus grande aisance, un progrès. Il est venu nous sauver. Malheureusement, ce mot ”sauvé” est difficile à comprendre aujourd’hui. _ Voilà une petite histoire qui permettra à la fois de nous réveiller et de nous éveiller : un homme fait du jogging sur la montagne. Soudain, il glisse et tombe dans un ravin de 300 m et au bout de 100 m, il s’agrippe à un arbuste accroché à la roche. Ses pieds s’agitent au dessus de 200 m de vide. Il se rappelle qu’il a été au caté et que Dieu est un Sauveur. Alors, il se met à crier : ‘’Y’a quelqu’un ??? ‘’ Il entend alors une voix qui lui dit : ‘’Je suis ton Sauveur, ton libérateur, ne crains pas. Laisse-toi tomber, mes anges te retiennent, abandonne toi. ‘’ Ses pieds s’agitent, il regardent les 200 m d’à-pic puis se tourne vers le Ciel et dit ”’Y’a quelqu’un d’autre ?’’
On s’adresse à un Dieu qui sauve et en même temps, l’expérience du salut est difficile à comprendre dans un monde qui cherche la sécurité. C’est une notion abstraite. J’ai eu la joie et en même temps la tragédie d’aller dans un camp de réfugiés thaïlandais. Ce camp de l’ONU réunissait 200 000 personnes qui fuyaient le régime de Pol Pot. Cette population déplacée avait tout perdu et j’ai pu assister à la messe. Celle qui lisait la 1ère lecture était une ancienne prostituée ; les gens étaient pour la plupart mutilés car ils avaient perdu un membre à cause des bombes anti-personnel. A la fin de la messe, un homme s’est approché pour me dire : ‘’Heureusement, le Seigneur nous a sauvés ! ’’. Ils avaient en effet fait une expérience existentielle et ils savaient ce qu’est être prêt de mourir.
Mais que veut dire sauvé dans un univers amidonné ? Il faut parfois passer par un drame pour faire cette expérience du Christ qui nous sauve, qui nous a fait passer des ténèbres à la lumière, de la violence au pardon. Il faut donner un contenu vivant à ce langage qui était celui du peuple élu, des premiers Chrétiens qui ont vécu des persécutions. Il faut faire découvrir aux jeunes ce que ces mots impliquent : Dieu m’a sauvé du péché mais qu’est-ce que cela veut dire quand je n’ai pas la conscience du mal, de ma connivence secrète avec le mystère du mal. C’est donc au cœur de notre expérience chrétienne et cela nécessite plus qu’une explication : une expérience.
Sans cesse, on doit multiplier les expériences qui développent l’intériorité et qui permettent la rencontre, comme dans le désert où le peuple est d’abord dans un lieu d’aridité, d’accueil, d’écoute de Dieu. Ensuite, seulement, Dieu donne sa loi. Il faut d’abord la prière avant de recevoir la Parole.
4- Sur quels critères l’Eglise peut elle discerner les personnes à envoyer comme catéchistes ?
– Il faut d’abord avoir une vie de Chrétien. Il faut que notre vie, notre attachement à l’Eglise soient conformes à ce que celle-ci nous enseigne, de telle manière que nous parlions à partir de notre expérience personnelle, de notre foi en Dieu. Cela est à vérifier souvent dans notre propre conscience mais aussi avec le prêtre qui nous missionne. Il nous faut aussi savoir si on a du temps, le goût pour cela. Ce n’est pas une question de production mais d’engendrement. C’est comme la maternité : cela nous prend dans notre corps, nous engage dans notre être. La première chose est donc la conformité à l’enseignement du Christ, à l’enseignement de l’Eglise dans notre manière de vivre.
Si, pour des raisons personnelles, je ne suis pas dans la capacité d’assumer ce que l’Eglise demande, je dois me poser la question.
Ensuite, il ne suffit pas d’être en règle mais d’avoir une respiration intérieure, que Jésus soit le centre de notre vie, qui éclaire notre vie. Quand on parle de la prière ou des sacrements, cela doit être quelque chose qui nous fait vivre.
Il y a aussi le lien avec la Communauté. Ce n’est pas une activité de suppléance : c’est toute la communauté qui est catéchétique ; donc, c’est notre insertion dans la Communauté qui est en jeu quand je veux exercer un ministère particulier.
Publié le 05.12.2010.
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