Qu’est-ce que la catéchèse ?
Tous ceux qui sont engagés dans une œuvre d’évangélisation admettront sans doute que la catéchèse occupe une place dans un projet missionnaire. Et pourtant, nous parlons souvent de catéchèse sans une idée très claire de ce que ce mot désigne. C’est pourquoi il est utile de préciser le sens premier du mot « catéchèse » et la réalité qu’il recouvre. Un petit détour par l’étymologie nous permet de découvrir qu’il s’agit tout simplement de l’instruction orale élémentaire donnée à ceux qui voulaient devenir chrétiens. Cette réalité est devenue au quatrième siècle une véritable institution qui a joué un rôle considérable dans la mise en place de la liturgie de l’Eglise.
Aux origines du mot catéchèse
Le mot catéchèse vient du verbe grec κατηχω (catèchô) dans lequel on reconnaît la racine du mot écho. Ce verbe signifie d’abord retentir, résonner. Puis de façon dérivée : faire retentir aux oreilles, d’où instruire de vive voix. La catéchèse est un enseignement oral. Le verbe apparaît sept fois dans le Nouveau Testament. On le trouve en particulier dans le prologue de l’Evangile selon saint Luc : « Afin que tu te rendes bien compte de la solidité des paroles qui t’ont été enseignées » (Luc 1,4).
Notons aussi ce qu’écrit saint Paul aux Galates : « Que celui qui est instruit (catéchumènes, qui a donné le mot français catéchumène) de la parole fasse part de toute sorte de biens à celui qui l’instruit (catèchounti : le catéchiste) » (Galates 6,6). Nous voyons grâce à ce texte que dans l’Eglise primitive un enseignement oral fondamental était donné à celui qui devenait chrétien. Nous voyons aussi que les notions fondamentales de catéchèse, de catéchumène et de catéchiste sont aussi anciennes que l’Eglise.
Quant au contenu de cet enseignement, il est évoqué dans la lettre aux Hébreux. L’auteur affirme que ses lecteurs sont bien incapables de recevoir l’enseignement qu’il s’apprête à leur donner et que, néanmoins, laissant de côté l’enseignement élémentaire qui leur conviendrait, il va quand même leur transmettre cet enseignement parfait :
« C’est pourquoi, laissant de coté l’enseignement initial sur le Christ, tendons à ce qui
est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu, de la doctrine des baptêmes, de l’imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel. »
Hébreux 6,1-2
Un tel texte nous permet de percevoir l’existence d’un enseignement élémentaire oral donné à tous ceux qui se convertissaient. Telle est l’origine de la catéchèse chrétienne.
Le 4ème siècle, l’âge d’or de la catéchèse
Nous manquons d’informations sur la catéchèse donnée durant les trois premiers siècles. En revanche, nous disposons d’une importante documentation sur la pratique de l’Eglise au quatrième siècle. Nous avons une idée assez précise de ce qui était demandé à ceux qui voulaient devenir chrétiens. La catéchèse prenait place dans un cheminement fortement structuré dont le point culminant était le baptême dans la nuit de Pâques. Cette démarche vécue avec toute la communauté est à l’origine de l’ordonnancement de notre liturgie. C’est dans ce cadre que le carême a pris forme. Le carême, à l’origine, n’est en effet rien d’autre que le temps prévu pour la préparation au baptême. Les candidats étaient présentés à l’évêque le Mercredi des Cendres. Ils recevaient une instruction sur les fondements de la vie chrétienne. Ils étaient invités à l’effort et à la prière. Ils devaient se détacher de leur conduite mauvaise et lutter contre les tentations du démon : telle est en effet l’origine de l’exorcisme. On leur demandait de retenir par cœur le Je crois en Dieu, les dix commandements et le Notre Père.
Mais il est très important de noter qu’après le dimanche de Pâques, un temps était prévu pour ce qu’on appelle les catéchèses mystagogiques (conduisant aux mystères). Ceux qui avaient été baptisés et qui désormais s’appelaient des néophytes (jeunes pousses) revenaient à l’Eglise encore revêtus de leurs habits blancs et recevaient une instruction sur le sens et la portée des rites qui avaient été célébrés. Aucun païen n’avait le droit d’assister à ces cérémonies et ceux qui étaient baptisés découvraient ces rites au moment même de la célébration. On estimait qu’il ne convenait pas de leur expliquer ces rites avant qu’ils ne les aient vécus et qu’ils aient reçu la capacité d’en avoir l’intelligence. Le baptême était compris comme une illumination, comme le don d’une clairvoyance spirituelle. Mais une fois baptisés, ils devenaient capables de recevoir avec profit une catéchèse portant sur ces rites.
La catéchèse est une instruction orale
La catéchèse est donc bien uneinstruction orale qui doit être donnée à celui qui veut recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne ou bien à celui qui les a reçus. A travers une telle définition se profilent déjà les points que nous aurons à aborder par la suite :
– Que présuppose l’instruction catéchétique ?
– Dans quel cadre doit être donnée la catéchèse?
– La catéchèse ne doit-elle pas être liée à d’autres activités ?
– Quel est le contenu de la catéchèse ?
– Ensuite, de façon plus spéculative, quelle est la nature de cette instruction ?
– Comment s’articulent la grâce des sacrements avec l’acte catéchétique ?
– Comment catéchèse et sacrements sont-ils constitutifs de la vie ecclésiale ?
Avant d’examiner ces questions placées au cœur de notre réflexion pastorale, nous parcourrons l’histoire de la catéchèse jusque dans les années 1945-1950 afin de prendre conscience comment s’est élaboré en France le « renouveau catéchétique » en réaction à une catéchèse qui était devenue un simple apprentissage du «~catéchisme ~».
Crédits photo : merci à Berna Lopez – evangile-et-peinture.org
Publié le 14.02.2008.
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