Quel est le véritable objectif d’un chemin de guérison ?

Commençons par une simple constatation : les personnes qui se laissent rejoindre dans l’évangélisation sont souvent des personnes en demande. L’évangélisateur veut annoncer, mais nos contemporains cherchent des oreilles qui écoutent. Les moments d’épreuve sont aussi des portes ouvertes à l’annonce du salut.


Ces brebis blessées doivent pouvoir rencontrer le Christ médecin parmi tout ce que l’Eglise propose. Aujourd’hui, les formules ne manquent pas dans l’accompagnement des personnes en souffrance : sessions ou retraites dites de « guérison « , sessions « agapè » etc.
Mais quel est donc le véritable objectif d’un chemin de guérison ?
Il s’agit d’un processus qui nous rend libre pour le Christ.


« La guérison consiste à être le moins contraint possible par les conditionnements. Elle vise la liberté intérieure pour pouvoir aimer Dieu et les autres plus profondément. » [[Vincent Laupies, Guérison, sainteté, perfection, Editions du Carmel 2005, page 15]]

Il y a un lien très fort entre ce processus de guérison et l’évangélisation. Pour un disciple du Christ, guérir n’est pas s’améliorer ou être libéré de ses problèmes, c’est répondre à l’appel du Christ le plus librement possible

« Allez donc, de toutes les nations faites des disciples. » (Matthieu 28, 19)

Guérir, c’est être débarrassé de ce qui nous empêche d’être disciple

Les disciples ne sont pas seulement appelés à suivre le Christ mais aussi à faire d’autres disciples. C’est ainsi que l’Eglise vit en grandissant. Il y a nécessité de s’occuper de guérison psychologique quand on rencontre des obstacles à l’accomplissement de cette vocation. La plupart du temps les problèmes se situent au niveau de l’affectivité dans son sens le plus large. Dans le projet de Dieu, la guérison de notre affectivité est ordonnée à la mission de l’Eglise et non pas à la réalisation de nous-mêmes. C’est là toute la différence avec les thérapies humanistes si bonnes soient-elles et cette différence est énorme ! Le chemin de guérison psychologique est donc ordonné à l’instauration d’une vraie vie spirituelle, c’est-à-dire du règne de Dieu en nous et non l’inverse.

Dans l’Evangile, la guérison et la délivrance sont ordonnées à la conversion et à la mission.

Le possédé de Gérasa, une fois délivré, souhaite partir avec Jésus mais celui-ci le renvoie chez lui :

« Comme il montait dans la barque, celui qui avait été démoniaque le suppliait, demandant à être avec lui. Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit : « Va dans ta maison auprès des tiens et rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » L’homme s’en alla et se mit à proclamer dans la décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. Et tous étaient dans l’étonnement. »

Marc 5, 18-20

Ce refus qui peut choquer est pourtant ordonné à la mission : cet homme sera disciple de Jésus en témoignant en pays païen de ce que le Seigneur a fait pour lui et non pas en le suivant concrètement en Galilée. Peut-être parce que Jésus ne veut pas rester trop longtemps en ce pays, lui qui est envoyé « aux brebis perdues de la maison d’Israël », comme il le dit à la femme de Syro-Phénicie. La Samaritaine rencontrée au puits voit sa vie bouleversée par la parole du Christ et court annoncer immédiatement la nouvelle aux habitants du village dont beaucoup se convertissent. Pourtant, son témoignage n’était pas facile à donner :
« Plusieurs Samaritains de cette ville crurent en Jésus à cause de cette déclaration formelle de la femme : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »

Jean 4, 39-42

Il a fallu que la rencontre du Christ soit plus forte que la honte pour libérer la parole de cette femme.
Lévi, le collecteur d’impôts appelé par Jésus, aussitôt après avoir répondu à l’appel irrésistible, organise un grand festin pour partager la joie de sa rencontre (Luc 5, 29-32). Peut-être n’avait-il pas conscience de la portée de son geste, mais dès lors, une foule nombreuse, qui ne fréquentait pas le milieu religieux, a pu entendre la parole de Jésus.
Tous ces épisodes nous montrent des hommes et des femmes qui ont vraiment rencontré le Christ et sa puissance de guérison, de libération, de salut. A peine évangélisés, délivrés ou guéris, ils ont partagé leur découverte.

N’est-ce pas un bon signe de guérison de s’intéresser aux autres et de désirer leur témoigner des fruits de la rencontre du Christ ?

Ainsi le signal infaillible d’une guérison ne serait pas la disparition de tout symptôme gênant sur le plan physique ou psychique, mais l’intérêt renouvelé pour l’annonce de l’évangile.

Guérison et évangélisation sont étroitement liées

Une guérison gardée pour soi n’est pas une guérison si elle n’est pas scellée par le témoignage. Si elle n’est pas comprise comme un signe de la miséricorde divine à notre égard et comme un appel à une vie fructueuse dans l’évangélisation, elle s’étiolera et finira par disparaître. La guérison n’a pas en elle-même sa finalité, elle est au service de la croissance de l’Evangile dans le cœur de l’homme.
Pour les jeunes qui ont rencontré le Christ vivant et qui veulent le suivre, la découverte de l’importance de la mission est fondamentale.

Mais la guérison est aussi nécessaire pour faciliter le discernement.
J’ai eu l’occasion de remarquer plusieurs fois que des retards dans l’acquisition de l’identité ou des souffrances qui n’avaient pas été visitées par la grâce dans un chemin de guérison, non seulement pouvaient empêcher une vocation d’arriver à maturité mais encore faussaient le discernement lui-même. L’écoute du Saint-Esprit est comme brouillée par des émotions de crainte ou de honte et des réactions infantiles ou immatures font dévier la route. Les choix sont entravés par des fausses conceptions de Dieu, de la vie chrétienne ou de la vocation. Dans ce cas un chemin de libération et de guérison est indispensable. Il permet de ne pas s’enliser, avec le temps, dans un parcours sinueux qui risque d’aboutir à l’échec.

La réponse à la vocation à l’évangélisation entraîne une obligation nouvelle

Se préoccuper, non de soi-même d’une façon excessive, mais de soi-même en tant qu’instrument pour servir à la mission ! C’est ainsi qu’on peut comprendre cette parole de Paul VI :
« Evangélisatrice, l’Eglise commence par s’évangéliser elle-même. » (Evangelii Nuntiandi n°15)
Par la suite, nous rentrerons plus en profondeur dans cette perspective

Publié le 21.12.2007.

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