Protéger l’embryon, réorienter la bioéthique
L’assemblée nationale est appelée cette semaine à débattre en première lecture de l’opportunité de poursuivre ou non la recherche sur l’embryon. La controverse récurrente suscitée par l’utilisation des cellules souches issues de la destruction des embryons in vitro montre en creux le malaise « intellectuel » que les responsables politiques éprouvent avec raison sur un enjeu majeur de civilisation.
Dans le secret de sa conscience, chacun sait bien, pour reprendre les mots expressifs de Benoît XVI lors la veillée mondiale de prière pour la vie, que l’embryon humain « n’est pas une accumulation de matériel biologique, mais un nouvel être vivant, dynamique et merveilleusement ordonné, un nouvel individu de l’espèce humaine (…). Il en a été ainsi pour chacun de nous dans le sein de notre mère ». A ce titre, l’éthique qui revendique rationnellement le respect de l’être humain dès le début de sa vie au nom du principe cardinal de dignité doit continuer à primer sur toute autre considération.
Du fait des progrès considérables enregistrés dans le champ des cellules souches adultes et reprogrammées ainsi que l’ont rappelé récemment d’éminents scientifiques devant la commission parlementaire spéciale, la science elle-même plaide aujourd’hui pour tourner la page de la recherche sur l’embryon. Celle-ci, rappelle encore le Saint-Père, « ne se place pas véritablement au service de l’humanité. Elle passe par la suppression de vies humaines qui ont une égale dignité par rapport aux autres personnes humaines et aux chercheurs eux-mêmes. L’histoire elle-même a condamné par le passé et condamnera à l’avenir un tel type de science, non seulement parce qu’elle est privée de la lumière de Dieu, mais également parce qu’elle est privée d’humanité ».
En choisissant de revenir à la solution législative de 1994 interdisant toute pratique détruisant ou instrumentalisant l’embryon, la France pourrait porter un message fort de civilisation qui serait cohérent avec la science et qui contribuerait par là même à réorienter la bioéthique au service des plus vulnérables.
Monseigneur Dominique Rey
Évêque de Fréjus-Toulon
Publié le 08.02.2011.
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