Pourquoi avoir réouvert le Séminaire ?

Monseigneur Joseph Madec, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon de 1983 à 2000, nous explique 20 ans après comment il a pu poser cet acte fou et ô combien prophétique.

Ses propos sont toujours d’actualité et à méditer par les responsables de la pastorale des vocations…

Poser un acte

« Dès les premiers jours de mon ministère épiscopal, il m’a paru important de poser un acte qui réveille la conscience de mes diocésains. Depuis des années, j’entendais proclamer, comme une évidence, qu’il y aurait désormais de moins en moins de prêtres au service de l’Eglise, qu’il fallait donc préparer les communautés chrétiennes, non pas à s’en passer tout à fait – il n’y a pas d’Eglise sans prêtre – mais enfin à s’accommoder d’un nombre beaucoup plus restreint de ministres ordonnés. Et j’ai compris que, dans le diocèse où j’arrivais, beaucoup de prêtres et de fidèles partageaient cette opinion courante.

Les statistiques du clergé de France et des pays voisins confirmaient d’ailleurs de tels pronostics. Nous assistions, depuis un certain nombre de décennies déjà, et particulièrement depuis les années 1970, à une chute inexorable du nombre des prêtres de nos diocèses en France.

C’est un peu contre cette mentalité fataliste que j’ai voulu réagir : tout simplement parce que, d’une part, malgré la crise actuelle, je crois très profondément en l’avenir du ministère sacerdotal dans notre Eglise, et que, d’autre part, dans le diocèse où j’arrivais, j’avais le dos au mur. Voici pourquoi.

Dans le diocèse où j’arrivais en 1983, la situation était détériorée. La crise sacerdotale s’était fait sérieusement sentir dès les années 1925-30 et s’était évidemment accentuée, comme partout, dans les années 1970-80. La séparation de l’Eglise et de l’Etat, qui fut très rude en cette région, avait pratiquement tari les vocations sacerdotales au début de ce siècle. Les effets de ce tarissement furent sensibles sur le terrain une vingtaine d’années plus tard. Les annuaires de mon diocèse témoignent d’une chute brutale du nombre de prêtres diocésains dans les dix années qui ont suivi la première guerre mondiale.

Comment ont réagi mes prédécesseurs ?

Ils ont essayé de parer aux besoins immédiats en acceptant des prêtres venus d’autres diocèses de France, moins frappés par la crise. Ils ont également fait appel à des congrégations religieuses (Assomptionnistes, Pères du Saint-Esprit, Salésiens, Maristes, Jésuites et Dominicains, etc.).

Inventer

Une conviction cependant m’habita très rapidement. Ce genre de solution (compter sur les diocèses plus riches ou les congrégations religieuses) devenait aléatoire, au moment où la pénurie des prêtres devenait générale en Europe occidentale. Il ne fallait plus se contenter d’espérer des secours venus d’ailleurs. Il fallait inventer.
Or, il devenait possible d’inventer car, dans cette population composite et peu pratiquante (de 2 à 5 % selon les paroisses), les richesses humaines et spirituelles ne manquaient pas.

Providentiellement, j’ai choisi de faire ma retraite de préparation à l’ordination épiscopale dans un antique haut-lieu de ce diocèse, l’abbaye de Lérins.
C’était pendant la Semaine Sainte de 1983.

J’y ai découvert, avec surprise et beaucoup de joie, un monastère de Cisterciens en plein renouvellement alors que dix ans plus tôt il se préparait à disparaître. Un groupe de jeunes, entré chez les Cisterciens, avait fait œuvre de pompe aspirante et ce monastère moribond venait de retrouver une magnifique vitalité.

«Ce que ceux-là ont fait, pourquoi pas moi ?», rêvait Ignace de Loyola en lisant les vies de saints. Ce qui est possible à un monastère cistercien ne le serait-il pas à un clergé diocésain ?

Tenter l’aventure

Ma résolution fut vite arrêtée. C’est à Lérins, au cours de cette retraite, que j’ai pris la décision de me lancer dans une aventure : rouvrir le grand séminaire diocésain, fermé depuis 25 ans. Mon prédécesseur, Mgr Gilles Barthe, m’avait déjà glissé à l’oreille que, s’il avait été plus jeune, il aurait rouvert le Séminaire. Pour ma part, je n’étais plus jeune non plus, car j’atteignais déjà ma soixantième année. Malgré ce handicap, j’ai choisi de tenter l’aventure. »

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