Obsèques de Mgr Madec : Homélie de Mgr Centène

Homélie des obsèques de Mgr Joseph MADEC

Basilique Sainte-Anne d’Auray

vendredi 8 février 2013

« Heureux les morts qui s’endorment dans le Seigneur.

Heureux sont-ils car leurs œuvres les suivent »

Frères et sœurs, demain après-midi, en la cathédrale de Toulon seront célébrées les obsèques solennelles de Mgr Joseph Madec.

Ce seront les A Dieu du diocèse de Fréjus-Toulon à celui qui a été son Pasteur pendant 17 ans, de 1983 à 2000.

Ces obsèques seront présidées par son successeur, puis, dans l’attente de la Résurrection, Mgr Joseph Madec ira reposer auprès de ses prédécesseurs.

Ainsi en va-t-il de la vie de l’Eglise : elle épouse l’histoire des hommes dont chacun de nous est un maillon, elle se déploie à travers les générations dans l’attente du retour glorieux de son Seigneur. « La vie reçue, la vie donnée, rythment le temps de l’Eglise. Béni sois-tu O Notre Père en Jésus le Vivant ».

Aujourd’hui, dans cette basilique de sainte Anne qu’il aimait particulièrement, nous sommes réunis, en famille, au nom de l’affection pour rendre un dernier hommage à un frère, un père, un ami.

Il a su être l’un ou l’autre ou les trois à la fois pour chacun d’entre nous.

Parmi les textes que l’évangéliaire met à notre disposition, nous aurions pu prendre n’importe lequel, tant sa vie était imprégnée par l’évangile.

N’importe quel texte nous aurait parlé de lui. Et chacun d’entre eux nous aurait permis de mettre en relief l’une ou l’autre de ses qualités d’homme et de pasteur.

Ceux qui nous disent que le grain germe dans le silence ou que Jésus se taisait, nous auraient permis d’évoquer celui dont la parole parcimonieuse n’était prononcée qu’à bon escient.

Ceux qui nous disent que Dieu élève les humbles nous auraient permis de mettre en évidence l’esprit de service avec lequel il mettait son ministère à la disposition des prêtres de son doyenné depuis que son âge l’avait amené à résilier sa charge épiscopale.

Ceux qui exaltent l’esprit de pauvreté nous auraient permis de mentionner les triangles de tissus qu’il avait fait ajouter à ses pantalons après que les premières années d’épiscopat lui eussent fait prendre quelques kilos supplémentaires.

Ceux qui nous disent que la foi, fut-elle grosse comme un grain de sénevé, permet de transporter des montagnes, nous auraient permis de dire, avec son ancien vicaire général, que « la foi de Mgr Madec était de granit comme sa Bretagne natale », lui que ses diocésains avaient gentiment surnommé « Le Menhir Breton ».

Ceux qui nous disent que l’on ne peut pas servir deux maîtres à la fois, nous auraient permis de souligner l’unité de vie qui a caractérisé son existence, ou la détermination de ses résolutions dictées par la sainte indifférence ignacienne depuis que les exercices spirituels lui avaient fait découvrir la méditation des deux étendards.

Ceux qui nous conseillent de ne pas trop nous préoccuper des biens de ce monde auraient permis à tel ou tel de ses anciens amis séminaristes d’évoquer la scène des gendarmes ramenant au grand séminaire de Vannes sa 2 CV qu’il avait distraitement oubliée au bord d’une route.

Ceux qui nous recommandent la fidélité dans les petites choses et la persévérance nous feraient évoquer la ténacité avec laquelle il participa aux assemblées des évêques de France, à Lourdes, jusqu’en avril dernier, alors même que la maladie le contraignait à subir trois séances de dialyse hebdomadaire, ou, de manière plus pathétique encore, sa fidélité au bréviaire qu’il disait encore mardi soir, et qu’il n’a refermé que pour rendre son âme à Dieu. « Maintenant Seigneur, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole ».

Certes, parmi tous ces textes, certains plus que d’autres parlaient à son cœur.

Nous pourrions citer celui qu’il avait choisi dans l’évangile de saint Luc, pour en faire sa devise épiscopale : « Sur ta parole je jetterai le filet ». Et nous savons que sa pêche ne fut pas moins miraculeuse que celle de l’apôtre Pierre, dans un diocèse du Sud très déchristianisé où les vocations étaient rares.

Nous pourrions citer, dans l’évangile de saint Jean, la prière sacerdotale de Jésus qu’il a voulu nous laisser comme testament spirituel, lui qui était épris d’unité et qui a si souvent travaillé, parfois dans l’incompréhension, à concilier dans l’Eglise des forces centrifuges.

Mais parmi tous ces textes, celui qui, aujourd’hui, nous parle le mieux de Mgr Madec, n’est-ce pas l’évangile du Bon Pasteur que nous venons d’entendre ?

Conscient d’être configuré au Christ Pasteur depuis son ordination sacerdotale à Rome le 5 avril 1947 et plus encore depuis son ordination épiscopale à Toulon le 10 avril 1983, Mgr Madec a cultivé la ressemblance à son divin modèle et a travaillé de tout son cœur à former des pasteurs dans une période particulièrement difficile de la vie de l’Eglise.

Comme le Christ, Mgr Madec a eu le souci de ses brebis. Attentif à celles de son troupeau, il a su accueillir celles qui n’étaient pas nées dans sa bergerie.

Il avait le souci de celles qui étaient faibles ou malades lorsqu’il accompagnait à Lourdes ou à Rome les Caravanes de l’Espérance et qu’il fondait à Toulon la Diaconie du Var au service des pauvres de son diocèse, véritable prélude au grand mouvement de Diaconia 2013.
Mais c’est surtout dans la formation des pasteurs que Mgr Madec s’est illustré.

C’est à ce ministère que la plus grande partie de sa vie de prêtre puis d’évêque a été consacrée, d’abord comme directeur au grand séminaire de Vannes après quelques années de vicariat à Lorient, puis comme supérieur à Vannes puis à Rennes, comme responsable des vocations et de la formation au ministère à partir de 1974.

Nommé évêque de Toulon, son premier acte a été de rouvrir le séminaire diocésain dans lequel il a lui-même enseigné jusqu’à l’âge de soixante-dix ans. Il justifiait sa décision par la remarque suivante : « Je crois en l’avenir des vocations sacerdotales et religieuses parce que je crois en l’Eglise et au Seigneur de l’Eglise ».

Pour lui, le sacerdoce ministériel était la pierre d’angle de l’avenir de l’Eglise.

Connaissant bien les jeunes générations, il n’hésitait pas à confier à un journaliste qui l’interrogeait : « il vaut mieux pécher par miséricorde que par dureté. Si vous n’acceptez que les candidats parfaits, vous n’aurez personne ».

N’hésitant pas à faire appel à différentes communautés pour assurer le service pastoral, il répondait à ceux qui lui demandaient s’il ne craignait pas d’avoir un presbytérium éclaté : « Du moment qu’il s’agit de prêtres catholiques, cela me suffit : je demande qu’ils soient catholiques au plein sens du mot, c’est-à-dire en communion avec leur évêque et le Saint Siège ».

Ici, il s’était réjouis de l’ouverture du Foyer Jean-Paul II et de la propédeutique et me pressait aussi d’ouvrir un séminaire diocésain.
Persuadé qu’il n’y aurait qu’un seul troupeau et un seul Pasteur, il avait sauvé beaucoup de vocations en aidant de nombreux jeunes à entrer dans l’unité de l’Eglise alors qu’ils risquaient de se perdre dans des voies sans issues.

Aujourd’hui, il a remis l’œuvre de sa vie entre les mains du Père avec la volonté de donner sa vie pour ses brebis.

Ecoutons maintenant la lecture de son testament spirituel et soyons attentifs à la dernière leçon qu’il nous donne.

Mgr Raymond CENTENE

Evêque de Vannes

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