Noël
toujours d’actualité en ce début d’année …
NOEL :
APPRENDRE A « RENAITRE »
A lire les
journaux, à regarder la télévision, notre
société est souvent surprise en
flagrant délit de répétition. Elle bégaie.
Une roue invisible ramène au
quotidien les mêmes guerres, les mêmes malheurs et ceux qui
en réchappent sont
toujours les mêmes ! L’actualité tourne en boucle.
Elle nous trouve blasés
et sceptiques. Comment sortir de l’engrenage des violences qui frappent
sans
cesse les plus faibles ? Comment inverser des courbes de
chômage, de la
délinquance ? Enrayer le cancer, le sida ? Les
défaites de l’humanité
souvent aux prises avec ses propres inconséquences parce qu’elle
se refuse à
regarder en face et à traiter des vrais problèmes,
conduisent à la résignation,
au fatalisme, et, en définitive, à une
désespérance larvée. On doute d’une
amélioration possible. Demain ne peut que ressembler à
aujourd’hui. Comme la
tombée du jour précède l’irruption de la nuit, une
fin d’été annonce déjà
l’hiver, l’enchaînement mécanique des choses ne peut
laisser place à un inédit
ou à l’inattendu.
Les
économistes
ou les démographes ne sont pas en reste : le futur est
d’emblée dévisagé
sous les moindres coutures, enséré dans les
mâchoires des prévisions ou des
projections de tout poil. On prédit à distance le temps
qu’il fera la semaine
prochaine, l’augmentation des prix, le cours du dollar, la durée
de votre vie…
les pronostics s’emparent des jeux, les tabloïds du sport comme
les sondages
d’opinion font loucher les politiques… Et tant pis si les calculs
s’avèrent
incertains ou improbables, on n’hésitera pas à consulter
un gourou ou un devin,
tirer les cartes ou le tarot pour se garantir ou se prémunir du
hasard tant
redouté. L’inquiétude de l’avenir légitime un
conformisme frileux de pensée ou
d’action. « N’y aurait-il rien de nouveau sous le
soleil ? »
(Livre de l’Ecclésiaste)
Et
pourtant,
voici qu’une nouveauté absolue éclate dans la monotonie
des jours. Quelque
chose que l’homme n’avait pas imaginé ! Qui n’était
pas monté dans son
cÅ“ur, que n’avait pas imaginé sa raison. Quelque chose de
totalement
déconcertant : Noël. Dieu dans un bébé.
Ce qui dépasse l’homme, manifesté
dans ce qu’il est à peine. Un Dieu qui babille, sourit et
pleure, et qui suce
le sein de sa mère Marie. Il nous faudra des siècles pour
ne plus se frotter
les yeux, taxer cette réalité de mythe ou de conte de
fées. Cette descente de
Dieu en notre humanité en ce qu’elle a de plus fragile et de
plus déroutant,
révèle le prix qu’il a payé pour retourner notre
histoire, comme la terre après
le labour.
Dans
le regard
de l’enfant de Bethléem, Dieu nous redonne le goût de
l’innocence, mais aussi
persuade notre espérance que quelque chose de neuf peut jaillir,
que tout peut
repartir, que du plus profond de la détresse humaine, une
promesse de vie nous
est confiée.
Après
Noël,
nous sommes affranchis du poids irrémédiable de nos
habitudes. Nous ne sommes
plus à la merci de nos contraintes incontournables du
passé, de nos programmes
de vie ou de carrière ! A cause de Noël, avec de
« l’ancien »
que nous sommes quelque part, Dieu peut faire jaillir du
« neuf ». Il
vient faire « renaître » et
réveiller l’enfant que nous avons été, et
que, pour Lui, nous n’avons jamais cessé d’être.
+ Dominique REY-(Noël
2003)
|