Mgr Rey : “Des actes graves et inadmissibles”
Durant ce mois de mars, l’Eglise s’est retrouvée à la « une » de l’actualité pour des faits qui blessent des jeunes de façon durable, les familles des jeunes qui se sentent trahies mais aussi tout chrétien qui ne peut qu’être choqué.
L’Eglise d’Irlande, de Belgique, d’Autriche, d’Allemagne jusqu’à l’environnement immédiat du pape, voire Joseph Ratzinger lui-même alors archevêque de Munich sont touchés par ces faits divers inqualifiables. La pédophilie n’est pas une exclusivité de l’Eglise catholique et on se souviendra que c’est dans la famille, et donc avec des hommes mariés, que le nombre d’actes pédophiles est le plus important.
Interrogé par RCF Méditerranée, monseigneur Rey revient brièvement sur ces questions.
La presse a fait ressortir ces temps derniers un certain nombre de cas de pédophilie de prêtres dans différents pays d’Europe. On ne peut être que saisi par un sentiment d’horreur devant ces agissements scandaleux. Ces abus sexuels offensent l’intégrité des enfants qui ont mis leur confiance dans des prêtres qui exerçaient à leur égard une autorité morale et spirituelle. Ce scandale atteint d’abord les victimes, les familles qui avaient fait confiance aux prêtres. Il atteint aussi le visage de l’Eglise et offense la dignité de tant de religieux, de religieuses, de prêtres qui se donnent sans compter pour le service des enfants, le service des jeunes, et qui le font avec beaucoup de dignité et de respect.
Face à de tels agissements, l’Eglise doit manifester une grande fermeté : de tels abus sont inadmissibles. En 2002, un comité consultatif de l’épiscopat s’est constitué et un rapport sur les situations de pédophilie a été présenté à l’assemblée plénière des évêques à Lourdes. L’Eglise veut travailler avec les autorités civiles et judiciaires lorsque de tels cas se présentent.
Dans le même temps, notre souci doit être le discernement des vocations. La formation des prêtres et leur accompagnement doivent vérifier la capacité des prêtres à assumer le célibat car celui-ci fait partie de leur identité. Les prêtres sont donnés à Dieu pour être donnés aux autres : ce célibat les rend totalement disponibles dans le service de leurs frères. Le choix positif du célibat doit être assumé avec une maturité suffisante en mobilisant les ressources de l’affectivité. A travers le ministère du prêtre, on doit discerner la présence et l’amour du Christ, respectueux de la dignité de chacun et au service de l’amour de tous.
Lettre des évêques de France au Saint-Père
Lourdes, vendredi 26 mars 2010
Très Saint Père,
Réunis à Lourdes pour notre Assemblée plénière de printemps, nous vous adressons un cordial message de soutien dans la période difficile que traverse notre Église. Nous avons pris connaissance de votre lettre aux catholiques irlandais et nous comprenons qu’elle est aussi porteuse d’un appel aux autres pays. Nous avons confirmé les dispositions prises par notre Conférence, il y a maintenant dix ans et nous continuons d’exercer notre vigilance.
Nous éprouvons tous honte et regrets devant les actes abominables perpétrés par certains prêtres et religieux. Nous nous associons à vos paroles fortes destinées aux victimes de ces crimes. Ceux qui ont commis ces actes défigurent notre Église, blessent les communautés chrétiennes et étendent la suspicion sur tous les membres du clergé. Même si ces actes ne sont le fait que d’un très petit nombre de prêtres – et c’est déjà trop – ceux qui vivent avec joie et fidélité leur engagement au service de l’Église sont aussi atteints dans la communion du presbyterium.
Nous constatons aussi que ces faits inadmissibles sont utilisés dans une campagne pour s’attaquer à votre personne et à votre mission au service du corps ecclésial. Nous souffrons tous de ces procédés indignes et nous tenons à vous dire que nous portons avec vous la peine que provoquent les calomnies qui vous visent et nous vous renouvelons l’expression de notre communion et de notre soutien.
En cette année du Sacerdoce et au moment où nous allons entrer dans la Semaine Sainte et célébrer la messe chrismale, nous voulons renouveler notre confiance à nos prêtres. Nous les encourageons dans leur fidélité au don qu’ils ont reçu et à la mission que leur a confiée le Christ dans son Église.
Fidèles à l’engagement de notre consécration épiscopale, nous vous disons encore notre respectueux et fraternel attachement ainsi que notre prière constante pour vous et nous demandons pour nous, les prêtres, les diacres et les fidèles, votre bénédiction.
Les évêques de France
L’Eglise Catholique sur la pédophilie
– L’instruction du Saint-Office Crimen sollicitationis (mars 1962) : procédure prescrite en cas d’abus sexuels par des clercs.
– Introduit de la notion de « crime de sollicitation » par le Code de droit canonique de 1983 (§1387).
– Le motu proprio “Sacramentorum sanctitatis tutela” (avril 2001) et précisé par la lettre “De delictis gravioribus” du cardinal Joseph Ratzinger (mai 2001), renforce l’autorité de la Congrégation pour la doctrine de la foi pour juger les fautes graves contre les sacrements, dont la pédophilie de la part des clercs. Il rappelle que les abus sexuels sur mineurs sont inadmissibles, considérés comme « délits les plus graves » et passibles des peines canoniques les plus sévères.
– En 1993, Jean-Paul II écrit aux évêques américains à propos de « scandales provoqués par des membres du clergé ».
– En 1995, Jean-Paul II déplore ces abus lors de sa visite en Amérique,
– En 2001, Jean-Paul II déplore à nouveau ces abus dans Ecclesia in Oceania (pour l’Australie).
– En 2008, Benoît XVI continue sur la même ligne et aborde le thème lors de sa visite pastorale aux États-Unis, où il rencontre des victimes du diocèse de Boston.
En France
– Les articles parus dans Documents Épiscopat (n° 10, juillet 1998) et Prêtres diocésains (« Quand des actes pédophiles sont imputables à un clerc : perspectives pastorales », novembre 1998), avaient commencé à alerter l’Église.
– Une déclaration est par la conférence des évêques de France est publiée le 9 novembre 2000 : “Veiller à ce que de tels actes ne se reproduisent plus”. Dans ce texte, il est précisé que l’évêque ne peut ni ne veut rester passif, encore moins couvrir des actes délictueux.
– En avril 2002, “Lutter contre la pédophilie, Repères pour les éducateurs” , est publié pour sensibiliser mouvements et aumôneries.
Publié le 18.03.2010.
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