L’Enfant de Bethléem : un intrus ?
Retrouvez ci-dessous l’éditorial de monseigneur Dominique Rey publié dans le mensuel diocésain Eglise de Fréjus-Toulon n° 169 – janvier 2013
Sur les terres même, où il avait été tellement vénéré, adoré pendant 20 siècles, serait-il devenu persona non grata ? On efface son souvenir : une innocente crèche sur une place publique, à la vitrine d’un magasin ou à l’entrée d’un hôpital … une atteinte à la laïcité !
On supprime son nom pour le remplacer par « les fêtes de fin d’année » ou par « la fête du Père Noël » en oubliant que le chiffre du nouveau millésime se calcule à partir de la Nativité ! En Hollande et en Grande Bretagne, plus de 30% des gens avouent leur ignorance sur l’origine des illuminations et des gueuletons ! L’an passé, l’Union Européenne avait édité, avant de se rétracter, à plusieurs milliers d’exemplaires un calendrier qui mentionnait toutes les fêtes religieuses … : juives, musulmanes, bouddhistes, sikhs …, sauf les chrétiennes ! Ignorance crasse d’analphabètes ou stratégie d’élimination de la foi chrétienne qui fut le liquide amniotique de l’Europe ? Radio France ne retransmet plus la messe après 80 ans de fidélité et TF1 l’a remplacé l’an passé par des programmes de variétés ! Black out ? Marginalisation ?
Pourquoi ce Tout-petit fait-il peur à ce point ? Pourquoi le seul mot de Noël devient-il politiquement incorrect ? En quoi l’Enfant de Bethléem est-il si dangereux ?
Sans doute ont-ils raison de paniquer. Car ce nourrisson fragile et démuni, n’est pas un bébé comme les milliards d’autres. Il a opéré la véritable révolution copernicienne de Dieu, avec pour seule arme son innocence, sa vulnérabilité, son silence … « Tout ce que tu as fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu l’as fait ! » dira-il trente ans plus tard. Dans le plus faible, le plus méprisé qui soit, dans chaque zygote, et chaque fœtus, il a voulu se rendre présent. Par l’Incarnation, si Jésus a voulu traverser toutes les étapes de la vie humaine depuis Bethléem au Golgotha, c’est pour en sauver chacune.
Que pouvons-nous attendre d’un enfant, de cet Enfant ? Il ne peut formuler encore aucune pensée. En son état, il est inapte à l’action, alors qu’à contrario, il mobilise toutes nos attentions. Mais il nous offre en partage un immense cadeau. Lui ne peut rien donner, voici qu’il nous donne « Lui-même ». Il se donne à nous. Il nous fait le présent de sa propre vie. Il nous rappelle que toute vie est un don du Ciel. « Que peut-on donner en échange de sa propre vie ? » demandera plus tard Jésus aux siens. Il nous enseigne que « la vie est plus que la nourriture et le vêtement », bien plus que l’avoir, que le pouvoir et même le savoir ! L’Enfant de la Crèche atteste que Dieu a rejoint notre histoire pour l’habiter et la sauver. Il signifie que Dieu est Emmanuel : Dieu avec nous, Dieu pour nous.
Noël ! La vie nous est rendue par un enfant. Le sens de cette vie par son sourire. La joie de vivre, par l’espérance qu’il incarne.
+ Dominique Rey
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Publié le 04.01.2013.
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