La victoire de l’amour crucifié
Pâques est d’abord un évènement, un fait qui a bouleversé le cours de l’histoire, un événement sans précédent. Voila ce qui explique que des millions d’hommes sur la terre vont entrer dans toutes les églises du monde pour chanter, joyeux, les alléluias de Pâques.
Ce fait d’histoire repose sur le témoignage explicite des apôtres qui ont vu le tombeau vide, le Christ ressuscité. L’évangile de saint Jean est très clair : “ Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie (…) nous vous l’annonçons “. Ils témoigneront jusqu’à la mort de ce qu’ils ont vu. Le philosophe Pascal disait : “Je crois des témoins qui se font égorger“.
Une foule de témoins
La résurrection est un fait historique indescriptible. La résurrection n’était pas du domaine de l’observable, elle n’aurait pas pu être filmée en vidéo, pour la raison toute simple que Jésus n’est pas revenu à la vie comme Lazare qui a été réanimé, mais qu’il a franchi le mur qui nous sépare de l’autre monde. De cet univers dont celui-ci n’est que l’envers. Cet autre monde où l’espace, le temps et la mort n’existent plus. La résurrection du Christ est donc comme un brèche dans la frontière entre le monde présent et le monde à venir. Le corps du Christ, qu’ont vu et touché les apôtres, présente des caractéristiques qui ne sont pas de ce monde. Il est, au besoin invisible, il traverse les murs, mais il est en même temps ce corps qui a été blessé, torturé : il porte les stigmates du passé et il est en même temps hors du temps des hommes, il est à la fois le même et le différent.
La résurrection n’est pas simplement un fait passé, dire “Jésus est ressuscité“, ce n’est pas seulement dire qu’un jour il est sorti vivant du tombeau, mais c’est dire aussi et surtout qu’il est toujours vivant, il est le Ressuscité agissant encore aujourd’hui dans notre monde. La résurrection du Christ exprime qu’un monde nouveau est commencé, un monde où le péché est vaincu, où la mort elle-même est vaincue ; un monde où l’amour aura le dernier mot sur la mort. La résurrection n’est pas simplement retour à la vie mais entrée dans une vie nouvelle. La destruction du pouvoir qu’avait la mort sur l’homme, l’annonce d’une humanité nouvelle. Le monde n’est pas en voie de disparition mais de transformation. L’onde de choc de Pâques se développe, puissante et repérable jusqu’à la fin des siècles. Ce sont des milliers de missionnaires qui ont donné leur vie pour le Christ dans une région quelconque du monde, missionnaires du siècle dernier qui partaient pour l’Afrique avec la quasi-certitude d’une mort précoce, terrassés par les maladies tropicales. Missionnaires d’aujourd’hui persécutés, comme je pense, par exemple, en Algérie où ils sont en première ligne de tous les dangers.
Ce sont des centaines de Vincent de Paul, illustres inconnus, qui accomplissent dans tous les points du globe une tâche similaire pour l’amour du Christ, c’est le travail inouï réalisés par des bénévoles qui se portent au secours des plus déshérités de la planète et même dans les endroits les plus difficiles de notre France.
Un passage vers les splendeurs
Il n’y a pas de transformation sans qu’il n’y ait en même temps mort de quelque chose. C’est vrai au plan de la nature, le papillon n’est pas une grosse chenille, pour que la chenille devienne papillon il faut qu’elle quitte sa forme de chenille. La femme n’est pas une petite fille qui a grossi, elle a dû se transformer et pour cela quitter l’enfance. C’est cela le mystère de Pâques. Le passage à une vie meilleure, mais par le sas d’une mort qui est inévitable. Les Hébreux dans leur pâque ont été arrachés à leur esclavage pour trouver la Terre promise. Mais ils ont du souffrir 40 ans de désert préférant même, certains jours, l’éloignement d’Egypte à la liberté retrouvée. Le Christ est aussi passé de cette vie humaine en forme d’esclavage à la vie divine en forme de Dieu et entre les deux, il y a eu un désert : le calvaire. Nous-mêmes nous connaissons la Pâque chaque fois que nous décidons de nous arracher à l’esclavage de notre égoïsme, pour prendre les chemins du don, de l’amour, de la liberté. C’est une mort partielle à chaque décision. Cependant, notre Pâque suprême se jouera quand il faudra assumer notre mort, le grand passage vers les splendeurs de la vie en Dieu. Un goulot d’étranglement dont on ne fera pas l’économie, l’affrontement avec le dénuement, la solitude, la peur qui a arraché, même au Fils de Dieu, un cri de désespoir tragique : “que cette coupe s’éloigne de moi“. Mais ce cri s’est transformé en une confiance absolue : “En tes mains, Père, je remets mon esprit.” C’est la victoire de l’amour crucifié, c’est la Pâque.
Ce message de Pâques a été réalisé pour une diffusion sur RCF Méditerranée
Publié le 22.03.2008.
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