La première condition de l’évangélisation, c’est l’adoration, selon Mgr Rey
Du 20 au 24 juin, un congrès international sur l’adoration eucharistique s’est déroulé à Rome, à l’initiative de Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, avec la participation, entre autres, de six cardinaux. Nous reprenons l’interview de Zenit du 1er février 2011 avec Monseigneur Rey, évêque de Fréjus-Toulon, où Monseigneur Rey explique l’enjeu de l’adoration eucharistique aujourd’hui.
ZENIT : L’Église se mobilise fortement pour ce congrès international sur l’adoration eucharistique. Six cardinaux ont annoncé leur participation. Quel est l’enjeu de ce congrès ? Quelles sont vos attentes ?
Monseigneur Dominique Rey : Ce congrès s’inscrit parfaitement dans la démarche du pape Benoît XVI à la suite de Jean-Paul II, qui entend promouvoir une nouvelle prise de conscience de l’urgence missionnaire à laquelle l’Église se trouve plus que jamais confrontée. Le thème du congrès « De l’adoration à l’évangélisation » souligne que ce nouvel élan missionnaire doit s’enraciner dans la vie ecclésiale et eucharistique. La première condition de l’évangélisation, c’est l’adoration. Certaines propositions missionnaires aujourd’hui sont hélas présentées comme relevant plus du marketing et de la promotion commerciale que du témoignage de la foi. Il y a là un risque de perversion de la démarche d’évangélisation. C’est la première fois qu’à Rome se tient une telle manifestation sur ce thème. La participation de nombreux cardinaux, évêques, de témoins qui, sur le terrain sont des acteurs de l’évangélisation et des adorateurs, souligne l’intérêt que ce thème représente. Ce congrès veut donner une âme et une spiritualité à la démarche de nouvelle évangélisation si nécessaire pour le renouveau de l’Église et le rayonnement du message évangélique qu’elle porte.
Pourquoi l’adoration est-elle importante ? Qui est appelé à l’adoration selon vous ?
L’adoration eucharistique se situe dans le prolongement de la célébration eucharistique. Le croyant accueille l’offrande du Christ qui se donne au Père pour le salut de tous. Adorer le Saint-Sacrement, c’est entrer dans la contemplation de Jésus Hostie. C’est accepter aussi, comme le rappellera l’apôtre Paul, d’offrir notre propre vie en sacrifice pour participer au salut du Christ. Adorer constitue un geste de reconnaissance en contemplant jusqu’où le Christ nous a aimés, jusqu’à se faire nourriture, et c’est aussi un geste personnel d’offrande pour entrer, à notre tour, en Lui et par Lui, dans cette œuvre de salut.
Chaque chrétien est appelé, en raison de sa consécration baptismale, à devenir un adorateur en esprit et en vérité. Je me rappelle cette phrase de la philosophe Simone Weil qui disait après sa conversion : « J’ai enfin découvert quelqu’un devant qui m’agenouiller ». Dans le livre de l’Apocalypse, on découvre que la gloire céleste sera faite de jubilation et d’adoration. En commençant d’adorer aujourd’hui, je me prépare à entrer dans la plénitude de ma condition filiale lorsque je contemplerai la face de Dieu. Tout homme est fait pour adorer, c’est-à-dire pour reconnaître la seigneurie du Christ et, dans ce geste de remise de soi que signifie l’adoration, s’en remettre totalement et définitivement à Lui.
Le congrès est organisé par les Missionnaires de la Très Sainte Eucharistie, une communauté nouvelle que vous avez reconnue dans votre diocèse en 2007.
Selon vous, quelle est la mission de cette communauté dans l’Eglise aujourd’hui ?
Cette association de clercs de droit diocésain est appelée, sous ma vigilance, à développer dans l’Église l’adoration eucharistique au cœur de la vie paroissiale. Cette association organise des missions eucharistiques en lien avec les diocèses et les curés qui font appel à ses services, non seulement pour développer une authentique dévotion eucharistique, mais faire entrer les communautés chrétiennes dans un esprit missionnaire, et un nouvel élan pastoral. Les paroissiens sont appelés à se relayer jour et nuit dans l’adoration, devant le Saint-Sacrement exposé. On doit donc leur offrir une catéchèse eucharistique.
Les missionnaires du Saint-Sacrement sont présents aux Etats-Unis, en Italie, mais leur base de départ se trouve à Sanary-sur-Mer (Var). Ils vont ainsi de paroisse en paroisse diffuser et promouvoir l’enseignement du magistère et des auteurs spirituels sur la valeur de l’adoration eucharistique.
A qui s’adresse ce congrès ? Concrètement, que proposera-t-il ?
Ce congrès s’adresse à tous ceux qui déjà dans l’Église sont sensibles à la place de l’adoration eucharistique, mais plus largement, à tous les pasteurs, aux consacrés et aux laïcs qui veulent approfondir le sens de l’eucharistie dans sa dimension liturgique, sacrificielle, sociale, et dans le lien entre adoration et célébration. Les journées seront scandées par la célébration eucharistique qui sera célébrée sous la forme ordinaire et sous la forme extraordinaire, ainsi que par les autres offices liturgiques. Nous prendrons aussi ensemble des plages d’adoration devant le Saint-Sacrement. Les grands enseignements seront donnés le matin. Sont aussi prévus des temps de carrefours et d’échanges qui aborderont des questions plus thématiques. L’ensemble de ce congrès s’achèvera par la participation à la procession eucharistique de la Solennité de ‘Corpus Christi’ conduite par le Saint-Père Benoît XVI.
L’adoration eucharistique a-t-elle joué un rôle dans votre vocation ou votre ministère de prêtre et d’évêque ?
J’ai découvert plus intensément l’adoration eucharistique dans le cadre de mes responsabilités comme recteur du sanctuaire de Paray-le-Monial. Par ailleurs, membre de la communauté de l’Emmanuel, aux côtés de Pierre Goursat qui était un adorateur fervent du Saint-Sacrement, j’ai expérimenté combien cette prière était le ressort de ma vie spirituelle et sacerdotale. Toute fécondité chrétienne est sacrificielle. Elle trouve sa source dans le geste que le Christ a accompli en sa Pâque, et que l’Eucharistie actualise à chaque célébration.
L’adoration eucharistique fixe notre regard sur ce geste infini d’amour, que l’Eglise n’a de cesse de reprendre à chaque messe. J’ai constaté de nombreux fruits spirituels et missionnaires de l’adoration eucharistique dans le cadre des différentes responsabilités ministérielles que j’ai assumées. C’est la raison pour laquelle j’ai pris l’initiative de présenter au cardinal Antonio Cañizares Llovera, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, ce projet, et que j’ai demandé aux Missionnaires de la Très Sainte Eucharistie d’en assumer l’organisation.
Publié le 02.02.2011.
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