Indulgences et Année de la Miséricorde
Résumé de ” l’entretien du jeudi” 10 décembre 2015.
Il est vrai que l’expérience montre que l’on s’approche parfois des indulgences avec des attitudes superficielles qui font de l’ombre à la vérité de cette doctrine et rendent vain le don de Dieu. Mais attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ! Il est nécessaire que cette pratique ancienne, qui est une expression significative de la miséricorde divine, soit bien comprise et accueillie.
Nous allons essayer de participer à cette compréhension renouvelée.
1.Les présupposés de la doctrine des indulgences.
Le péché, qui consiste à se détourner de Dieu pour se tourner vers la créature, entraine pour le pécheur et l’Eglise quatre conséquences :
* la souillure de l’homme (qui correspond à l’état de culpabilité envers Dieu),
* une inclination au mal,
* une peine engendrée par le désordre introduit, parce qu’il faut remettre les choses en ordre, compenser. Pour le péché mortel, la peine est à la fois éternelle et temporelle ; pour le péché véniel : peine temporelle [la peine remet l’égalité ; elle est aussi médicinale et doit devenir « satisfactoire » (propre à réparer le dommage commis par le péché), atteignant alors l’ordre de l’amour, volontairement assumée, cessant d’être purement une peine.],
* par rapport à la communauté : le péché brise ou ébrèche la communion fraternelle.
Après être rentré en grâce par l’absolution sacramentelle (et l’abolition de la peine éternelle), il reste à réparer par une satisfaction (accomplissement d’actes de pénitence imposés par le confesseur pour réparer le dommage causé par le péché), par l’acceptation volontaire d’une « peine temporelle ».
En effet, il faut réparer le désordre introduit dans les choses, il faut un rééquilibrage de l’ordre enfreint (allocution de Saint Jean Paul II lors de l’audience du 29/09/1999 sur le don de l’Indulgence). Cette peine n’est pas une « vengeance », elle découle de la nature même du péché. (CEC n°1472-1473 et Pape François : Bulle « Misericordiae vultus » M.V. n°22)
Cette peine n’est généralement pas (pas toujours) remise avec la faute. L’homme peut s’en acquitter ici-bas par des actes de pénitence (offrande des souffrances, épreuves, acceptation de la mort).
Si, au moment de sa mort, elle est incomplètement expiée, Dieu lui accorde la suprême miséricorde du purgatoire.
2.Les indulgences.
La doctrine des indulgences apparait comme le point de convergence de plusieurs vérités :
* la persistance de la peine temporelle après le pardon de la faute,
* la communion des saints,
* la surabondance des satisfactions du Christ et des saints,
* le pouvoir de l’Eglise qui peut puiser dans ce trésor pour les fidèles.
a.Les vivants.
Pour les personnes qui sont toujours de ce monde, l’Eglise, par l’indulgence, use de son autorité pour « absoudre » de la peine temporelle ; plus exactement, elle détermine avec autorité les conditions sous lesquelles les trésors du ciel peuvent se déverser en nos âmes et compenser la peine temporelle (Il nous est donné de quoi l’acquitter).
b.Les défunts.
Les défunts échappent à la juridiction de l’Eglise qui ne peut leur apporter que l’aide d’une puissance d’intercession. L’Eglise ne concède donc les indulgences aux défunts du purgatoire qu’indirectement, médiatement, par voie de suffrage. C’est Dieu qui répartit les compensations offertes par l’Eglise militante. Sainte Thérèse de Lisieux avait beaucoup de zèle pour les âmes du purgatoire, principalement par les indulgences.
3.Les dispositions requises.
a.Dispositions générales.
* être baptisé ; ne pas être excommunié,
* être en état de grâce, au moins à la fin des œuvres prescrites,
* avoir l’intention, au moins générale, de gagner les indulgences, ce qui suppose la confiance dans les mérites du Christ et la foi dans la communion des saints,
* accomplir l’(es) œuvre(s) prescrite(s). Pour les indulgences partielles, elles sont nombreuses, simples et habituelles (oraison mentale, angélus, sacrifices, œuvres de miséricorde, prière dans la souffrance…)
b.Dispositions particulières pour les indulgences plénières.
* confession sacramentelle (qui peut se faire quelques jours avant ou après l’œuvre prescrite),
* communion eucharistique,
* prière pour et aux intentions du Souverain Pontife (la communion et la prière pour le Pape à faire de préférence le jour même de l’œuvre),
* disposition intérieure : détachement complet du péché, même véniel.
Toutes ces conditions visent à souligner que les indulgences ont le caractère d’une « dévotion d’Eglise » et qu’elles développent la foi à l’Eglise comme communion des saints ; il faut appartenir vitalement à l’Eglise pour jouir des biens qu’elle procure et en particulier des indulgences. La prière pour le Pape rappelle son rôle de dispensateur du trésor de l’Eglise.
Notons qu’une seule indulgence plénière peut être acquise par jour.
c.Jubilé de la Miséricorde et indulgences.
Nous y retrouvons les dispositions requises avec les précisions suivantes :
* l’œuvre est le pèlerinage vers la porte sainte ouverte dans les cathédrales et les églises établies par l’évêque « églises jubilaires », comme signe du désir profond de véritable conversion. Ce sont aussi les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles (donner à manger aux affamés ; donner à boire à ceux qui ont soif ; vêtir ceux qui sont nus ; accueillir les étrangers ; assister les malades ; visiter les prisonniers ; ensevelir les morts et conseiller ceux qui doutent ; enseigner les ignorants ; avertir les pécheurs ; consoler les affligés ; pardonner les offenses ; supporter patiemment les personnes ennuyeuses ; prier Dieu pour les vivants et les morts).
* réflexion sur la Miséricorde,
* profession de foi (credo),
* pour les personnes malades, les personnes âgées, les prisonniers, des dispositions particulières sont prises,
* en plus (et en dehors de ces œuvres le Pape donne la faculté à tous les prêtres d’absoudre de l’avortement, de plus il donne pour cette année la faculté aux prêtres de la « Fraternité Sacerdotale Saint Pie X » d’absoudre validement).
d.Les indulgences ne sont-elles pas une voie de facilité, un obstacle à la vraie pénitence chrétienne ? (cf. Luther)
Non, les indulgences, bien prêchées, sont là pour stimuler la vie chrétienne.
En effet, le gain d’une indulgence requiert l’activité du bénéficiaire. C’est en fonction des dispositions de la personne que les trésors de l’Eglise sont reçus (cf. sacrements, nous ne sommes pas dans l’abracadabra !). Ces dispositions mettent en jeu les éléments essentiels de la vie chrétienne, c’est pourquoi l’Eglise cherche à les susciter.
Conclusion
Le Bienheureux Paul VI nous dit : « L’indulgence n’est pas une voie de facilité par laquelle nous pouvons éviter la nécessaire pénitence des pécheurs. Elle est plutôt un secours que chaque fidèle, humblement conscient de son infirmité, trouve dans le corps mystique du Christ qui, par la charité, l’exemple, les prières, travaille à leur conversion. » (Lettre pour le 750ème anniversaire de l’indulgence de la Portioncule ; cite L.G. n°11)
En concédant des indulgences, le désir de l’Eglise est d’intensifier la pénitence et la charité dans le peuple chrétien (donc sa satisfaction), spécialement à l’occasion des indulgences jubilaires. Il ne faut pas opposer indulgence et satisfaction qui est un remède qui guérit et prémunit également. L’indulgence vient comme parachever la satisfaction. De plus les œuvres de satisfaction sont plus méritoires par rapport à la vie éternelle (que l’indulgence qui est remise de peine temporelle).
N’oublions pas également que tout bienfait appelle gratitude : la communion des saints n’est pas à sens unique… il nous faut alimenter le trésor de l’Eglise.
Publié le 10.12.2015.
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