Homélie de la nuit de Noël
Nous avons tenu à archiver l’homélie du Père Jean-Marc Lainé afin que tous les membres de la Fraternité Saint Laurent et les internautes du site diocésain puissent la retrouver.
Chers amis de la fraternité Saint Laurent, nous voici encore une fois réunis pour célébrer cette nuit de Noël.
Depuis toujours, cette fête a rempli nos vies de diverses émotions~: émerveillement pour les petits enfants, ceux que nous avons été, ceux que nous accompagnons, et aujourd’hui nos propres enfants pour certains d’entre nous. Excitation, repas, cadeau, vivre ensemble… Noël est un moment qui n’est pas comme les autres.
C’est le soir par excellence où l’on pense à la famille, surtout si elle n’est pas toute là avec nous, ou s’il y a longtemps que l’on ne s’est plus vus. On a toujours dans le cœur celles et ceux qui nous ont quittés, mais on est surtout avec ceux qui viennent d’arriver, et dont c’est le premier Noël. Se rendent-ils compte qu’ils sont pour tous source d’attendrissement et de bonheur~?
Fête de la famille, remplie de joie et de lumière
Tant de gens fêtent Noël, même s’ils ne sont pas vraiment chrétiens, même s’ils fêtent Noël de façon «~païenne~». Et beaucoup vont dans les églises le jour de Noël alors qu’ils ne viennent pas les autres Dimanches. Noël est la fête de la naissance de l’Enfant Jésus. Et pour tous, cet enfant, ce n’est pas tout le monde. La naissance de Jésus, c’est Dieu qui se fait petit enfant. Elle rejoint en nous et dans le cœur de beaucoup quelque chose de très profond.
Ce n’est pas tous les jours facile de vivre. Il y a bien souvent des luttes, des faiblesses, et tant de choses qui sont lourdes à porter. Tous nos Noëls n’ont peut-être pas été joyeux. Et cela est peut être le cas pour certains d’entre nous aujourd’hui, d’où l’importance d’être ici, rassemblés, proches les uns des autres, d’être des frères et des sœurs, de chanter, de nous réjouir de ce qui nous unis, comme des enfants.
Besoin de redevenir des enfants
Mais pas des enfants laissés tout seuls, entre eux ! Nous sommes rassemblés autour d’un Père, et d’un grand frère. Cela rejoint le besoin de sécurité, de savoir que l’on peut s’en remettre à quelqu’un qui ne nous juge pas, qui est solide, dont la présence est fidèle. Le besoin de savoir que nous sommes accompagnés, aimés. L’Évangile nous invite à devenir comme des enfants. Des enfants qui s’en remettent à celui qui est plein de miséricorde et qui les conduit sur le bon chemin. Nous nous fourvoyons si souvent dans des voies sans issue.
Ce petit enfant dont nous déposons ce soir le santon dans la crèche, nous pose une question, nous demande de faire un choix~:
Voulons-nous le garder tel qu’un bébé dans son berceau qui nous fait rêver d’un monde où tout serait beau, sans mal ? C’est facile, ne nous engage à rien, mais n’apporte rien non plus ; ce n’est que du rêve~!
Ou, après quelques émotions bien légitimes en cette nuit, acceptons-nous qu’il soit ce grand frère qui nous montre la route en donnant sa vie pour nous~? Qu’il soit «~le chemin, la vérité et la vie~» pour tous les hommes~? Croyons-nous que sa mort sur la croix et sa résurrection éclairent, transforment notre vie ? «~Un sauveur nous est né, un fils nous est donné~» chantons nous de tout notre cœur. Cet enfant, nous le croyons, répond au désir de bonheur de toute l’humanité. Il porte en lui la joie ;
Il est la joie du monde, lui qui dira «~je suis venu pour que vous soyez comblés de joie, d’une joie que personne ne pourra vous ravir.~» Nous sommes aimés de Dieu~; c’est cela qu’il nous dit. Et l’avenir de vos vies, de la vie du monde, de la vie de vos familles est dans ses mains.
J’ai comme vous entendu à la télé une de ces nombreuses émissions sur la fête de Noël. Elle a duré 20 minutes. Et pendant tout ce temps, ils se sont évertués à ne pas prononcer une seule fois les mots de Dieu, Jésus, et pas un seul des chants n’était religieux. Tout sur la neige, le vent d’hivers, le beau sapin, et autres. Que du rêve~!
Le récit de la Nativité que nous venons d’entendre s’appuie sur un événement historique, situé dans le temps, Auguste étant empereur, et Quirinius gouverneur de Syrie, dans un lieu précis, Bethléem. La naissance de Jésus n’est pas un mythe ou une belle histoire intemporelle. C’est un événement qui se situe à un moment précis de l’Histoire, dans un lieu précis. Il fait bien partie du réel de l’histoire des hommes.
Mais cet événement qui a eu lieu il y a 2011 ans –~à quelques années près~– est pour nous aujourd’hui.
Nous sommes invites à accueillir ce soir la grâce de Noël. La liturgie n’est pas une simple évocation d’un événement passé. Elle nous rend comme présents à l’événement que nous célébrons, comme les bergers. Elle nous rend accessible au don de Dieu. En cette nuit de Noël, Dieu se donne, Jésus enfant nous visite.
Ouvrons nos cœurs à la grâce de Noël comme l’on fait tant d’autres avant nous~!
Je pense au Bienheureux père Chevrier. Il méditait devant la crèche la nuit de Noël 1856. Il nous transmet cette méditation avec les mots de son époque : «~Ce fut une nuit pendant laquelle j’eu de telles lumières sur la pauvreté que ma vie fut désormais prise. Je me disais, le Fils de Dieu est descendu sur la terre pour sauver les hommes et convertir les pécheurs, et cependant que voyons-nous~? Que de pécheurs il y a dans le monde~! Les hommes continuent à se perdre. Alors, je me suis décidé à suivre Notre Seigneur Jésus Christ de plus près, pour me rendre plus capable de travailler efficacement au Salut des âmes. C’est en méditant la nuit de Noël sur la pauvreté de Notre Seigneur et son abaissement parmi les hommes que j’ai résolu de tout quitter et de vivre le plus pauvrement possible.~»
En cette nuit, approchons nous du Christ et laissons-nous approcher par le Christ
Comme ce fut aussi le cas pour Paul Claudel à la cathédrale Notre-Dame à Paris. Il raconte : «~En un instant, mon cœur fut touché et je crus. Je crus d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute que depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée n’ont pu ébranler ma foi, ni à vrai dire la toucher. Et voici que vous êtes quelqu’un tout d’un coup~», termine-t-il en s’adressant au Seigneur.
L’enfant de la crèche, c’est bien «~Emmanuel~», «~Dieu avec nous~», quelqu’un parmi nous, Dieu qui se présente à nous sans défense, vulnérable, pauvre, humble, pour que nous n’ayons pas peur de lui ; pour que Dieu soit avec nous dans l’intimité et la simplicité d’un enfant. Nous sommes aussi invités à nous mettre à l’école de la crèche, à ne pas avoir peur de nous présenter nous aussi vulnérables et pauvres, pour apprendre à vivre en présence de Dieu. C’est d’ailleurs la seule manière de pouvoir rencontrer Dieu et comprendre quelque chose de son Amour. Être tout petits devant lui, en se tenant la mais les uns les autres.
Dieu se révèle aux tout petits
Que toute la vie de la Fraternité St Laurent, et son chemin vers Diaconia 2013, soit un témoignage à tous les hommes de cette révélation que nous célébrons ce soir~!
Père Jean-Marc Lainé
Publié le 12.01.2012.
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