Historique du quartier de Saint-Jean du Var

Historique du quartier de Saint-Jean du Var.


PAROISSE SAINT-CYPRIEN – 83100 TOULON –

Présentation du quartier – 15-02-2010 –

Pour beaucoup de Toulonnais, Saint Jean du Var est le vieux faubourg Est de Toulon, qui commence au Champ de Mars et se termine, au-delà du « pont de Saint-Jean », à Brunet. Ce vaste territoire dépasse le périmètre attribué au CIL, et ne correspond pas exactement à l’étendue de la paroisse, qui s’étend de la Corniche Escartefigue au Nord, aux pentes de la Serinette au Sud.

Jusqu’au début du XIXe siècle, de part et d’autre du cours de la rivière des Amoureux – qui étaient en réalité des mûriers (amourié) – zone inondable où paissaient des moutons et des chèvres, sur les pentes de Sainte-Catherine,Vert Coteau, Darboussèdes, Croix Vidal, Chateauvert, il y avait des bergeries et des « campagnes », des olivettes, des vignes, des amandiers, des potagers, autour de modestes fermes et de bastides, ou « grosses maisons de maître ». La nappe phréatique est abondante : beaucoup de jardins et de maisons possèdent un puits.

Un peu au nord de la rivière passait la route vers l’Italie. C’est par là qu’arrivent le 26 juillet 1707, les armées du duc de Savoie et du prince Eugène. Elles prennent possession des hauteurs d’Artigues et de Sainte-Catherine pour bombarder la ville. Le 15 août, le Maréchal de Tessé, qui a mobilisé la population, chasse l’ennemi des hauteurs et, entre Sainte Catherine et Lamalgue, arrête une colonne qui s’était avancée dans les vignes. Toulon est, sauvé. (Paul Maurel)

Trois ans plus tard, en 1710, le fort d’Artigues est édifié pour protéger cette entrée de la ville. Le fort Sainte-Catherine suivra en 1764.

Après 1815, la ville attire déjà les « gens du dehors », les villageois venus de l’est, des Solliès, de La Crau, de la Farlède, de Cuers, des campagnes du Centre Var et du Haut Var, puis,plus tard, du Piémont. Ils s’installent le long de la nouvelle route de la Valette. En mai 1838, Stendhal écrit dans le Voyage dans le midi : « Toulon est à la veille d’avoir un grand faubourg du côté de La Valette. »

« Sous le second Empire, la population ne cesse d’augmenter. Je cite Gilbert Daumas, qui dans son ouvrage « A la découverte de Toulon » écrit : « la population des immigrés italiens va passer de 3500 personnes en 1851 à 2000 de plus, dix ans plus tard. Une intégration réussie par la parenté entre le provençal, parlé à l’époque dans les quartiers populaires, et le piémontais des immigrés. Comme tous les immigrés –population pauvre, ils vont habiter notre quartier St Jean, appelé à son origine « le Faubourg Neuf » ou des « Maisons Neuves », tel qu’on le désignait encore aux environs de 1900.

A partir de 1850, de chaque côté de la route de Nice, on construit des maisons où se logent les nouveaux citadins. Le « faubourg » devient l’axe bruyant que nous connaissons, bordé d’immeubles plus que centenaires (150 ans), parcouru par un trafic important, qui génère au fil des années un « effet de tunnel ».
Il faut aller de part et d’autre du boulevard (Maréchal Joffre) pour trouver des « arrières » calmes et « végétalisés » – comme le dit un document officiel –
An nord, le vaste domaine du Saint-Sacrement est éventré, après 1862, par la voie ferrée qui mène à Nice. Quelques immeubles de rapport ont succédé aux olivettes, mais laissent encore subsister de vastes et paisibles jardins. Après la guerre de 14, les plus grandes propriétés sont loties –comme Sainte-Sophie.
Des noms de rues : Sainte Germaine, Sainte Marie, Sainte Elise, impasse Saint Paul, Sainte Catherine – qui, en novembre 1944 cède sa place à Robespierre – rappellent cette époque.

Au sud, coule l’Eygoutier, longé par la ligne de Chemin de fer du Sud France qui dessert la côte depuis 1889, de Hyères à Saint Raphaël (piste cyclable). Le dernier tronçon, Hyères Toulon, ne sera ouvert qu’en 1905. Jusqu’en 1948, date de fermeture de la ligne, la petite gare de Saint-Jean permet d’accéder aux plages de la côte des Maures. Là encore on trouve des vestiges de grandes propriétés comme l’actuel Pré Sandin et la villa La Coquette, qui acquit une triste réputation après 1942, lorsque l’occupant y installa des services, Kommandantur ou Gestapo.

A la libération, les 22 et 23 août 44, des éléments du 6e RTS (régiment de tirailleurs sénégalais) – de la 3e Division d’Infanterie Algérienne (3e D.I.A.) du général de Monsabert – s’emparent du fort d’Artigues après de violents combats.

Jean Giono, en 1944, dans Fragments d’un paradis, décrit un Saint Jean du Var imaginaire, bien proche de la réalité d’alors :

« J’ai habité trois mois Toulon, Saint Jean du Var. – Je ne connais pas Saint Jean du Var, dit le capitaine ; ça ressemble à quoi ? – Banlieue, petites villas bon marché, jardins avec choux et salades, des petits rentiers…- Diable, dit le capitaine. Qu’est-ce qu’il y a à regarder autour ? – D’admirables montagnes de bronze dans le Nord, Monsieur, et tout un paquetage de vergers d’oliviers plus étrangement beaux que les jardins d’Armide.
Petits jardins de banlieue, choux et salades des retraités de l’Arsenal, succursale Casino, et même les jardins d’Armide, tout ceci compose, monsieur, l’échelle d’après laquelle nous allons pouvoir mesurer la grandeur du spectacle, si nous avons la chance qu’il nous soit donné. »

Aujourd’hui, les anciennes demeures du XIXème et leurs jardins un peu sauvages font place à des immeubles de rapport, des tours ont remplacé le fort Ste Catherine, la rivière des Amoureux est recouverte par l’autoroute. Adieu à la fête patronale où au début des années 60 Johnny venait chanter place Voltaire, à la retraite aux flambeaux, aux manèges et attractions sur la place du 4 septembre, où se tenait le marché du quartier.

De nombreux petits commerces traditionnels ont disparu ou ferment. Les boulangers, les marchands de journaux, les droguistes, les horlogers sont remplacés par des banques, des pizzerias, des « selfs » de restauration rapide ou d’informatique. Les pancartes « à vendre » ou « à louer » fleurissent. Seuls les nombreux bars et les salons de coiffure restent fidèles au poste.

La population actuelle est caractérisée par une importante mixité sociale. Elle dépasse 10 000 habitants – pour la plupart modestes, plus âgés que la moyenne de la ville : 30% d’habitants âgés (dont 14% plus de 75 ans) (23% pour l’ensemble de Toulon)

Moins de jeunes : 19% moins de 20 ans (22 % à Toulon)
De nombreuses familles sont en difficulté et en voie de paupérisation, « petits » ménages, dont la mobilité résidentielle est forte dans le bâti ancien, nombreux ménages sans voiture (40% – 50 à 70% dans certains îlots – Toulon 30 %).
Le taux de chômage légèrement supérieur à la moyenne. Le taux de bénéficiaires du RMI (en 2004) supérieur à la moyenne, répartition liée en partie à la qualité de l’habitat. Le taux de population d’origine étrangère – principalement maghrébine – est inférieur à celui de l’ensemble de la ville, mais elle est concentrée en petits îlots proches du boulevard maréchal Joffre.

Le bâti ancien dans l’ensemble dégradé : 54 % des logements sont antérieurs à 1948, 2,7% postérieurs à 1990. Les propriétaires anciens investissent peu dans les travaux d’entretien et d’amélioration.
Le quartier ne connaît pas de problème avéré de délinquance ou insécurité, si ce n’est des incivilités comme partout ailleurs, dégradations de voitures, saleté des trottoirs et les crottes de chien.

Le rapport de 2004 faisait état de la présence de SDF, euphémisme pour ne pas dire « clochards », bien connus des habitants, dont on s’efforce d’améliorer l’hébergement.

Demain : D’importants travaux d’urbanisme sont entrepris depuis quelques années- rue Berthier et îlot Berthier, rue du Cdt Morazzani, en vue du passage du TCSP.
Le quartier change. La demande locative y est importante, l’offre limitée, la pression immobilière est forte, car l’image de Saint-Jean du Var reste positive : quartier tranquille, bien situé, proche du centre ville. On y trouve des établissements scolaires : lycées Notre-Dame et du Parc Saint-Jean, collèges Voltaire et Notre-Dame. 2 importantes cliniques, Saint-Jean et Saint Michel, 4 supermarchés (Carrefour market, Leclerc, ED, Lidl). Les plages ne sont pas très loin.

La paroisse : Sous la Seconde République, alors que le régime concordataire est encore en vigueur 4 juillet 1847, les conseils de fabrique des paroisses voisines – cathédrale et Saint Flavien – délibèrent sur la délimitation d’une nouvelle paroisse desservant ce quartier naissant.

Une chapelle est louée dans la propriété Berthier dite Château Vert (actuelle place Voltaire). Desservie par les pères maristes elle est dédiée à St Jean-Baptiste, et bénie le 20 juin 1847. Elle sera érigée en paroisse succursale le 18 novembre 1850 par décret du Président de la République, Louis Bonaparte, et en paroisse « pleine » par Mgr Wicart le 10 janvier 1851, placée sous le patronage de St Cyprien, évêque de Toulon de 517 à 546.

Sous le Second Empire, cette chapelle ne répond plus à la croissance de la population du quartier et la construction d’une église s’avère nécessaire, d’autant que le Mourillon et le Pont du Las ont vu s’édifier St Flavien en 1864 et St Joseph en 1865. C’est à M. Revoil l’architecte de ces deux églises que l’on fait appel pour construire l’église paroissiale sur le site de la propriété Thouron, proposé par les habitants. La première pierre est posée le 6 juin 1870, et la bénédiction a lieu le 23 septembre 1872. L’église étant placée sous le patronage de Saint Cyprien, les autorités refusèrent d‘abord cette appellation, croyant qu’il s’agissait d’une autre paroisse et le quartier garda donc le nom de Saint-Jean, adopté par les habitants et préféré à celui de Maisons Neuves.

Mais, alors que la vie religieuse est active en ville depuis la Monarchie de Juillet, – en particulier plusieurs sociétés de « secours mutuel »-, les faubourgs sont peu christianisés en profondeur : si la population reste attachée aux manifestations extérieures de piété « populaire », en 1900, à Saint-Jean du Var, une femme sur quatre fait ses Pâques, et un homme sur trente (Histoire de Toulon – Agulhon 261).
Au tout début du siècle dernier, si les manifestations anticléricales sont rares, – nous est-il dit dans cette Histoire de Toulon (322)- « leurs éclats, par leur brusquerie et leur ampleur, prouvent la survie de cet esprit. En juin 1904, à Saint Jean du Var, le curé ayant exclu une dizaine d’enfants de la cérémonie de première communion, l’église est saccagée, 2000 personnes brûlent sur la place les objets du culte. »

Quelques mois plus tard l’abbé Roustan, chanoine-curé de saint-Cyprien, est reçu en audience privée par le pape Pie X, qui, en réparation de cet acte de vandalisme, l’invite à choisir un souvenir dont Sa Sainteté fait don à la paroisse. En l’occurrence un grand crucifix dont le Christ d’ivoire fut longtemps dissimulé sous une couche de peinture verte, celui même que nous vénérons tous les Vendredi Saint. (Toulon mémoire – le nom des rues -tome 2 57)

Les mouvements : en 1922, patronage des garçons et des filles, à la Providence, chorale paroissiale, enfants de Marie, confrérie du Rosaire, catéchistes bénévoles « mères chrétiennes ».

En 1937, une première troupe de scouts (René Mouchotte), est installée sur le terrain de la coquette, don de Mme Savatier-Lagane. Avant guerre la fanfare, « clique de St Jean », anime les fêtes du quartier. Dans les années 50 est créée l’Action Catholique de l’Enfance – 150 enfants et adolescents. Suivent le club du troisième âge, devenu MCR, les groupes d’Action Catholique générale, la Sté St Vincent de Paul, active en centre ville depuis 1843 –

Actuellement : catéchistes, Conférence St Vincent de Paul, MCR, bénévoles pour assurer la propreté, la décoration florale, la kermesse, l’édification de la crèche, équipe liturgique. Conférences – P. Dassé, P. Labat. Retour de la procession de la Saint-Jean.

Les photos de l’article ont été publiées avec l’aimable autorisation de l’association des commerçants de Saint-Jean du Var.

Michel Regimbaud – 15-02-2010

http://egliseinfo.catholique.fr/horaires/paroisse%3Aft%2F83%2Ftoulon-saint-jean-du-var#a-proximite:lat=43.1238119;lng=5.95251

Publié le 03.07.2015.

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