Dominique Rémond : « La parole des Sans-voix correspond à mon désir de ne plus me taire face à l’injustice »

Dominique est membre du collectif des sans-voix. Un parcours de vie semé d’embuches… mais aussi de belles rencontres.
Propos recueillis par le Père Michel Denis


Cher Dominique, tu es membre du collectif des sans-voix, mais avant que tu nous en parles, raconte-nous ton parcours.

J’ai 56 ans. Je suis né dans un milieu montagnard et paysan, mon père était breton et ma mère des Hautes-Alpes. Je suis issu d’un milieu pauvre, et j’ai grandi dans un petit village près de Briançon, où l’alcoolisme faisait des ravages. _

Mon père buvait, la vie était très dure et mon enfance à été marquée par cette ambiance. J’avais peur des adultes, peur de mes professeurs. Il n’y avait pas de livres à la maison, mais je cherchais à lire tout ce que je pouvais, me réfugiant dans la lecture. Tout ce que je sais, j’ai du l’apprendre par moi-même. Je me suis découvert un certain talent pour l’écriture, en faisant des rédactions à l’école, à tel point que j’ai été puni pour avoir soi-disant copié. Je rédigeais même les rédactions des plus grands en échange de cigarettes. Je suis d’ailleurs devenu accroc à la cigarette dès l’âge de 10 ans. Jeune, j’ai vécu des moments très durs de découragement, j’étais paumé, mais j’ai toujours voulu sortir de ce manque de culture. J’ai eu accès à un club de bibliothèques, et sur Briançon j’ai fréquenté des gens instruits qui venaient soigner leur asthme.

J’ai fini par avoir un CAP de menuiserie au centre AFPA de La Valette du Var. J’ai eu la chance de travailler avec un ébéniste charpentier qui m’a beaucoup appris en dessins et en technique. Pour une histoire sentimentale, (23 ans de vie commune), je suis parti dans L’Eure et Loir, où pour avoir du travail, j’ai dû passer un autre CAP en maçonnerie. Une autre histoire m’a amené à La Seyne-sur-Mer, elle s’est très mal terminée. J’ai perdu la santé, l’hébergement et l’emploi. Je me suis retrouvé à Jéricho. Après deux ans passés dans un foyer logement, j’ai pu obtenir un studio et je suis au RSA. Je ne suis heureusement jamais tombé dans l’alcool et j’ai gardé un esprit de compétition.

Comment en es-tu venu à faire parti de ce collectif des sans-voix ?
En fréquentant tout d’abord l’atelier de poésie, puis d’écriture de Jéricho. Au départ c’était pour m’occuper, puis j’y ai pris goût. C’est à partir de là que nous avons monté un atelier de travail sur les injustices. Cela a donné les Sans-voix. Ce collectif est soutenu par le Secours Catholique pour la logistique, il est guidé par Gonzague de Fombelle. Il est composé de 20 à 25 personnes dont beaucoup en précarité, avec un comité de pilotage dont je suis le trésorier.

Quel est son activité et son but ?

Nous réfléchissons sur les injustices pour trouver leurs origines, les comprendre et de proposer des solutions. Nous travaillons souvent avec du photo-langage, puis, à partir des témoignages nous rédigeons des messages. Nous voudrions travailler aussi avec des gens de lois. Nous sommes en phase de construction. Nous voulons rencontrer des décideurs pour leur montrer notre travail et leur proposer des avancées. C’est autre chose qu’une pétition ou une manifestation.

Notre message est porté aussi par un groupe musical, Les Sans-Voix feat Sapu, ainsi que les clowns citoyens qui communiquent à leur façon. Il y a eu ainsi deux concerts au CREP des Lices. Des messages y ont été lus. Nous avons participé au Forum Social Mondial à Tunis du 22 au 28 mars dernier. Nous étions avec une délégation du Secours Catholique Français, malheureusement juste après l’attentat, ce qui fait qu’il n’ pas été question de ce Forum dans les médias. Il y avait pourtant plus de 1600 associations de 128 pays et plus de 35000 personnes. On y a débattu de problèmes mondiaux tels que l’esclavage des enfants, la réforme agraire et les problèmes des engrais polluants, de l’exploitation des ressources naturelles et de l’environnement, des dictatures plus ou moins déguisées, de la liberté de la femme… Nous avons fait des rencontres et noué des relations, avec d’autres associations comme No Vox par exemple, une association africaine. Nous avons organisé un atelier sur place qui n’était pas prévu au départ. Nous sommes maintenant connus dans de nombreux pays comme la Lybie, en Algérie, au Maroc, en Israël, Honduras, Brésil…

Tu as l’air motivé par cette démarche.

Oui, nous avons besoin de relever des défis, et cela correspond à mon désir de ne plus me taire face à l’injustice, et notre comité de pilotage est ouvert.

Merci Dominique pour tout ce que tu viens de dire.

Publié le 08.06.2015.

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