De nouveaux saints, dont deux Français.
Le Pape François a signé les décrets de canonisation de trois nouveaux saints, dont François de Laval (1623-1708), premier évêque du Québec, et Marie de l’Incarnation (1599-1672), ursuline française missionnaire au Québec.
Ce 3 avril 2014, à un peu plus de trois semaines de la canonisation de Jean XXIII et Jean-Paul II, le Pape François procède à trois autres canonisations équipollentes après celle d’Angèle de Foligno (9 octobre 2013) et de Pierre Favre (17 décembre 2013). Dans les décrets promulgués aujourd’hui apparaissent en effet les noms de François de Laval (1623-1708), premier évêque du Québec, de José de Anchieta (1534-1597), missionnaire jésuite originaire des îles Canaries, et de Marie de l’Incarnation (1599-1672), ursuline française, que le Pape inscrit dans l’album des saints, en étendant leur culte à l’Eglise universelle.
Des canonisations équipollentes
]]. C’est la sixième fois que le pape François agit ainsi [[Voir l’article du vaticaniste Sandro Magister cité ci-dessus au paragraphe sources.
]], mettant en œuvre en ces occasions le dogme de « l’infaillibilité pontificale » puisque l’inscription au calendrier des saints (ou Sanctoral) est réputée définitive : par cet acte l’Eglise affirme que le saint concerné est effectivement (et donc définitivement) dans le Royaume de Dieu.
Monseigneur François de Laval (1623-1708)
Adolescent, François de Laval fréquente le collège des Jésuites de La Flèche, nouvellement créé sous l’impulsion de Henri IV. Il est ordonné prêtre le 1er mai 1647.
Le 8 décembre 1658, il est nommé vicaire apostolique de la Nouvelle-France et sacré évêque in partibus de Pétrée en l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris, et arrive à Québec le 16 juin 1659.
Dans la ligne du Concile de Trente qui est clôturé la même année, il met sur pied le Grand Séminaire de Québec et fonde la communauté des prêtres du Séminaire de Québec le 26 mars 1663.
En 1674, le diocèse de Québec est créé et il en devient le premier évêque bien avant que l’Angleterre obtienne le Canada au traité de Paris de 1763. Son diocèse incluait tout les territoires français et les régions non explorés par les européens en Amérique du Nord, à l’exception des colonies britanniques de Nouvelle-Angleterre et des colonies espagnoles de Floride, du Mexique et de Californie. Il couvre donc plus de la moitié du continent, de la Baie d’Hudson jusqu’aux bayous de la Louisiane.
Pasteur infatigable, il fait quatre voyages en France dans des conditions difficiles. Il parcourt aussi en canot, à pied, en raquettes son vaste diocèse qui s’étend des rives du fleuve Saint-Laurent et de l’Acadie jusqu’au Mississippi aux États-Unis, pour visiter les gens chez eux. Il porte une attention particulière aux gens des « Premières Nations » dont il défend la dignité en combattant les commerçants qui font le trafic d’alcool (eau-de-vie) pour les exploiter par la suite. Il va même jusqu’à menacer d’excommunication les trafiquants d’eau-de-vie.
En 1685, François de Laval démissionne de son poste d’évêque de Québec. Il rentre mais très vite demande au roi l’autorisation de revenir dans son diocèse souhaitant y mourir au milieu de ses ouailles.
Après plusieurs refus, le roi Louis XIV accorde au vieux prélat la permission de terminer ses jours en Nouvelle-France. Monseigneur de Laval se retire alors au Séminaire de Québec et se met au service du nouvel évêque, Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier qui lui succède en 1688.
Il meurt à Québec vingt ans plus tard, le 6 mai 1708. Sa dépouille est inhumée dans la cathédrale.
Il est déclaré bienheureux par le pape Jean-Paul II le 22 juin 1980. Sa fête a été fixée au 6 mai.
Sœur Marie de l’Incarnation (1599-1672)
À l’âge de sept ans, elle a eu une première grâce mystique qui la conduit à se donner au Christ. Ses parents n’ont pas compris son aspiration à la vie religieuse et l’ont mariée à 17 ans avec le maître ouvrier en soie Claude Martin. De leur union naît Claude le 2 avril 1619. Six mois plus tard, elle devient veuve à 19 ans alors que la petite fabrique est en faillite. Elle se retrouve avec des biens à liquider et des dettes sur les bras.
En 1625, les grâces mystiques la conduisent à l’union au Christ. Elle ne peut entrer en religion parce qu’elle doit élever son fils Claude, mais elle fait déjà à cette époque vœu de chasteté, de pauvreté et d’obéissance. Après un temps au service de sa sœur et de son beau-frère dans une compagnie de transport fluvial, elle entre au couvent des Ursulines de Tours le 26 janvier 1631.
Si elle rêve de devenir missionnaire, il n’est pas normal à l’époque qu’une femme, une religieuse de surcroît, fasse le voyage outre-mer pour devenir enseignante. Finalement, sa rencontre avec une autre femme, riche et pieuse, Madeleine de la Peltrie, sera déterminante car elle obtiendra les fonds nécessaires à la fondation de son monastère à Québec.
En 1639, elle part avec deux autres Ursulines, Marie Madeleine de la Peltrie et une servante, Charlotte Barré, pour fonder un monastère à Québec. L’objectif est de veiller à l’instruction des petites Amérindiennes. Elle cherche à convertir au catholicisme les filles qui lui sont confiées: d’abord les Montagnaises et les Abénakises, puis les Huronnes et les Iroquoises.
Pourtant, elles auront de la difficulté à franciser les Amérindiennes qui résistent parfois à l’assimilation. Avec le déclin démographique qui bouleverse la population amérindienne et une réticence de plus en plus grande des parents amérindiens à confier leurs filles aux Ursulines, Marie de l’Incarnation devra s’éloigner de son rôle de missionnaire pour se consacrer davantage à l’instruction des jeunes filles françaises de la colonie.
Même si elle est cloîtrée, Marie de l’Incarnation joue un rôle actif dans la vie de la colonie. En 1663, elle est témoin d’un tremblement de terre à Québec. Elle narre l’événement dans l’abondante correspondance qu’elle a avec son fils. L’ursuline voit dans la catastrophe un signe de Dieu punissant le commerce d’alcool entre les colons et les Amérindiens. Elle se voit aussi mêlée à une épidémie de vérole qui atteint durement les peuples autochtones : son monastère se voit transformé en hôpital à quelques reprises. Elle commente aussi abondamment les guerres franco-iroquoises et la destruction de la Huronnie.
Elle meurt de vieillesse le 30 avril 1672 à Québec.
Elle est béatifiée par le pape Jean-Paul II le 22 juin 1980. Sa fête a été fixée au 30 avril.
Sources et références
Entretien avec le cardinal Amato, préfet de la congrégation pour les causes des saints –> Card. Amato
Décrets officiels d’inscription au Sanctoral –> Décrets
Les six canonisations équipollentes du pape François –> Sandro Magister
François de Laval –> Nominis
François de Laval –> Wikipédia
Marie de l’Incarnation –> Nominis
Marie de l’Incaration –> Wikipédia
Publié le 03.04.2014.
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