Crise globale, pollution globale (2)
Malheureusement les nouvelles sur le front de la pollution ne sont pas bonnes. Les études se multiplient et elles confirment de plus en plus le caractère néfaste de nos choix sociétaux ; elles confirment également que l’impact environnemental débouche systématiquement sur une atteinte systématique de la santé humaine.
Par Philippe Conte, Commission Environnement de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon
Malheureusement les nouvelles sur le front de la pollution ne sont pas bonnes. Les études se multiplient et elles confirment de plus en plus le caractère néfaste de nos choix sociétaux ; elles confirment également que l’impact environnemental débouche systématiquement sur une atteinte systématique de la santé humaine.
Bien que cela ne soit pas vraiment une surprise l’accumulation devient extrêmement préoccupante.
Outre la publication de l’étude suédoise dont nous avons parlé le mois dernier quant à la pollution des eaux par la pilule contraceptive, il y eut en quelques semaines, l’étude de l’université de Caen qui met en évidence le risque considérablement accru de cancer chez le rat nourri au maïs génétiquement modifié , en juin dernier le Centre International de recherche sur le Cancer de l’Organisation Mondiale de la Santé a classé le Diesel dans la catégorie des « cancérogènes certains » , l’étude américaine publiée en septembre 2012 qui établit de façon sérieuse le lien entre l’augmentation considérable de l’obésité chez les enfants états-uniens et la présence de bisphénol A dans l’alimentation _
On peut joindre à ces problèmes de plus en plus fréquents, ceux liés aux mises sur le marché des médicaments, l’affaire du Médiator est encore dans toutes les mémoires. En effet les procédures d’autorisation et de surveillance sont similaires et sont assurées par les mêmes institutions. Or ce qui caractérise celles-ci c’est la véritable crise morale qui les frappe et plus particulièrement celles du niveau supra national plus éloignées du souci du bien commun et de l’expression du corps politique.
Deux exemples récents sont particulièrement révélateurs. Le 9 mai dernier, Diana Banati présidente depuis 2008 du conseil d’administration de l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA en anglais) quitte son poste pour être embauchée à un salaire non communiqué par l’ILSI, une organisation de lobbysme rassemblant des industriels de la pharmacie, de la chimie, de la cosmétique et de l’agroalimentaire dont Monsanto, Basf, Bayer !
Autre exemple un peu plus ancien (2008), après la découverte par SAIPOL (marque Lesieur, …) de présence d’huile de moteur dans un lot d’huile de tournesol acheté en Ukraine ( ?), les mêmes institutions (EFSA et Commission) interrogées par le service français de répression des fraudes émettent in fine un avis autorisant la présence de 10% d’huile de moteur dans les mayonnaises et les plats cuisinés ! Bien-sûr dans le sabir volontairement abscons de Bruxelles l’huile de moteur devient MOH (mineral oil hydrocarbons).
Il est évident que de telles décisions ne peuvent s’expliquer sans l’omniprésence des lobbies qui ont atteint à Bruxelles un stade industriel dont on n’a pas l’idée en France ! Ainsi la Commission Européenne a officiellement enregistré 2100 groupes de pression dont la tâche est d’obtenir des décisions favorables à certains intérêts particuliers au détriment du bien commun !
Il faut rappeler que les différentes études que nous avons évoquées en introduction ne font que confirmer d’autres antérieures et des alertes fréquentes qui n’ont jusqu’ici amené que des évolutions législatives très insuffisantes.
Hélas, la multiplication d’instances de conseil et d’expertise, le foisonnement de procédures ne nous protégera pas des dérives morales. Celles-ci trouvent leur source dans l’absence de responsabilité politique et dans la dimension colossale des intérêts financiers en jeu, dimension mathématiquement accrue par la globalisation des marchés.
L’enseignement de Notre Seigneur Jésus Christ avait déjà amplement montré qu’un simple respect des procédures ne saurait satisfaire les exigences du cœur. Baignés quotidiennement dans une société qui fait l’apologie permanente de l’utilitarisme et du profit, on voit mal où les fonctionnaires et conseillers iraient chercher l’exigence morale et le courage nécessaire pour résister aux pressions et aux tentations.
Publié le 01.10.2012.
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