Connaître l’islam, dialoguer avec les musulmans

La présence de nombreux musulmans en France et les problèmes posés quotidiennement par la croissance de l’islam et les prétentions des islamistes ne peut laisser indifférentes les communautés chrétiennes.


Retrouvez ici le « dossier » présenté dans le n° 156 de novembre 2011 du mensuel diocésain « Eglise de Fréjus-Toulon« .

Certes il n’est pas possible, en ces quelques lignes, de donner une présentation satisfaisante de l’islam et de résoudre tous les problèmes qui peuvent se poser dans le dialogue avec les musulmans. Notre ambition est simplement de donner les lignes directrices, les points de repère qu’un chrétien doit avoir bien présents à l’esprit quand il cherche à s’informer, quand il rencontre un musulman et quand il prend position sur une question d’actualité.

Pour présenter l’islam nous partirons de ce qui pour nous est le plus accessible et le plus compréhensible, les croyances et les pratiques. Tous les observateurs non musulmans peuvent constater comme une donnée de fait la réalité de ces croyances et de ces pratiques qui sont répandues sur l’ensemble du monde musulman et qui en font son unité.
Mais au-delà de ces croyances et de ces pratiques il y a, au cœur de l’islam, un livre, le Coran, qui aux yeux des musulmans mérite la plus haute vénération. Nous aurons à signaler l’essentiel de ce qu’il faut savoir à propos de ce livre qui est si étranger à la plupart d’entre nous et dont l’interprétation est si délicate.

Cette référence au Coran est ce qui fait l’unité de l’islam mais aussi de sa diversité. C’est aussi ce qui rend si laborieux les relations avec les divers groupes musulmans qui invoquent l’autorité du Coran dans diverses perspectives.

Malgré les difficultés il faut quand même dialoguer avec les musulmans. Pour cela, il convient d’abord de préciser ce que nous nommons dialogue. Nous serons en mesure d’esquisser quelques grandes perspectives pour le dialogue avec les musulmans.

Il est clair que ce dossier n’est qu’une ébauche. Pour ceux qui le souhaitent une formation sera proposée l’an prochain dans le cadre de l’IDFP (coordonnées ci-dessous).

Les croyances

On peut dire qu’il existe un socle de croyances communes au judaïsme au christianisme et à l’islam. Il y a tout d’abord la foi en un Dieu créateur, tout puissant, qui gouverne le monde. Ensuite ce Dieu est porteur d’une exigence morale et il juge les hommes. Enfin ce Dieu est reconnu comme miséricordieux.

Vis-à-vis du christianisme, l’islam proclame avec intransigeance l’unicité et l’unité divine. Il voit dans la doctrine trinitaire comme une atteinte portée à l’unité divine. Surtout il n’arrive pas à concevoir la génération éternelle du Fils. Il est prêt à accepter que Jésus est le Verbe de Dieu mais rejette l’idée que Dieu puisse être Père et avoir un Fils. Il accepte la conception virginale de Jésus et son ascension mais rejette le mystère de la croix.

Vis-à-vis du judaïsme l’islam rejette l’idée de peuple élu.

Les cinq piliers

Les cinq piliers sont les cinq pratiques fondamentales qui sont demandées au musulman. C’est sans doute ce qui permet le mieux de définir l’identité du musulman. Ce sont la confession de foi, la prière, l’aumône, le jeûne, et le pèlerinage à la Mecque. Ce qui différencie ces pratiques des pratiques analogues que l’on trouve par exemple dans le christianisme, c’est leur réglementation extrêmement précise.

A. La confession de foi est très simple. Elle porte sur l’unicité de Dieu et sur le rôle de Mohammed reconnu comme son messager. Pour devenir musulman il suffit de prononcer cette affirmation de foi en présence de témoins.

B. La prière. Elle est accomplie cinq fois par jour à heure fixe. Elle se suit selon un rituel très précis fait de gestes et de formules.

C. L’aumône légale (distincte de l’aumône spontanée) est une sorte d’impôt permettant de favoriser une certaine solidarité dans la communauté.

D. Le jeûne. Durant tout le mois du ramadan un musulman ne doit pas manger ni boire du lever au coucher du soleil.

E. Le pèlerinage à la Mecque.

Le Coran

Nous arrivons maintenant à l’élément le plus caractéristique de l’islam. Il s’agit d’un livre : le Coran. Précisons tout de suite que le statut du Coran n’est pas du tout comparable à celui de la Bible. Pour nous chrétiens, l’Ancien testament annonce la venue du Christ et le Nouveau Testament atteste que Jésus est le Christ annoncé par l’Ancien Testament. Pour nous, la Bible est subordonnée à la personne de Jésus-Christ. Une telle subordination n’existe pas dans l’islam. Mohammed est vénéré parce qu’il a reçu et transmis le Coran et organisé la première communauté musulmane mais le Coran est plus fondamental pour un musulman que la personne de Mohammed.

Le Coran est un texte écrit dans la langue arabe du septième siècle après Jésus-Christ. Cette langue est à l’origine de ce que l’on appelle l’arabe littéraire qui ne doit pas être confondu avec les diverses formes dialectales de l’arabe, parlées sur les pourtours du bassin méditerranéen. Le texte coranique est écrit dans une prose rythmée qui d’après les spécialistes est d’une grande beauté. Cette beauté littéraire est aux yeux des musulmans un argument décisif en faveur de l’origine divine de ce texte. Aucun homme ne pourrait, disent-ils, écrire un texte aussi étonnant. Souvent ils insistent sur le fait que Mohammed était illettré et que lui-même n’a pas pu rédiger le texte sacré.

Telle est la raison pour laquelle il n’est pas facile de connaître vraiment l’islam. Seul celui qui a étudié l’arabe littéraire est en mesure de lire le Coran. Il s’agit d’une langue difficile que la plupart des musulmans ne comprennent pas. Et parmi les non-musulmans bien rares sont ceux qui peuvent faire l’effort d’apprendre cette langue. Pour vraiment connaître l’islam nous devons faire appel à des spécialistes.

Le Coran, comme tous les textes qui jouissent d’un prestige et d’une autorité dans une communauté, pose des problèmes d’interprétation.
Pour nous chrétiens, le problème de l’interprétation de la Bible est aussi ancien que le christianisme lui-même. Grâce à son organisation interne, le christianisme a pu, non sans crises et sans conflits parfois violents, élaborer une interprétation officielle des textes fondateurs. On ne trouve rien de tel en islam. Il n’y a pas l’équivalent d’un magistère qui puisse dire le sens officiel des passages controversés. Certes il y a des docteurs et des érudits. On fait appel à leurs services pour savoir comment mettre en pratique concrètement les préceptes coraniques. Mais cela ne va pas plus loin.

L’absence de magistère doctrinal dans l’islam explique le problème posé par l’islamisme. Il y a dans le Coran comme dans l’Ancien Testament des passages qui appellent à la violence. Tout le problème est de savoir comment les comprendre. Il serait souhaitable qu’une autorité puisse condamner les interprétations abusives.

La diversité de l’islam

Nous avons évoqué les points fondamentaux qui peuvent caractériser l’islam. Mais nous avons souligné aussi le difficile problème de l’interprétation du Coran. L’absence de magistère explique que l’islam peut être vécu de multiples manières. De plus l’absence d’organisation interne n’a pas suscité l’émergence de la distinction apparue dans l’histoire du christianisme entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. La grande question qui est à l’ordre du jour est de savoir si une telle distinction peut apparaître ou pas. Il ne nous appartient pas de répondre à cette question. Mais nous devons éviter de projeter sur l’islam des notions caractéristiques de notre tradition et qui ne sont pas adaptées à cette réalité.

Sur le plan géopolitique l’islam est une réalité extrêmement complexe. Il convient d’éviter les simplifications et les naïvetés. Il convient aussi de penser que des évolutions sont toujours possibles. L’Eglise et les états occidentaux s’efforcent de rencontrer les hauts responsables musulmans. Incontestablement c’est une chose vraiment nécessaire.

Les principes du dialogue

Dans l’esprit de beaucoup de gens le mot dialogue évoque une rencontre où chacun exprime son point de vue et repart avec la satisfaction d’avoir mieux compris le point de vue d’autrui. Cette pratique n’est pas mauvaise, mais elle ne suffit pas pour un authentique dialogue. Pour le pape Paul VI qui a lancé le mot dans son encyclique Ecclesiam suam, le dialogue est lié à la mission. Paul VI demandait aux évangélisateurs d’écouter attentivement les personnes auxquelles ils s’adressaient afin de leur présenter l’évangile de façon adaptée et en reconnaissant ce qu’il y a de vrai et de bon chez ces personnes. Pour Paul VI, dialogue et mission sont inséparables. Il convient de s’en souvenir. Trop souvent en effet le dialogue est un alibi pour renoncer à évangéliser. En sens contraire, il arrive assez souvent qu’en réaction contre le relativisme ambiant certains chrétiens annoncent l’évangile sans trop se soucier de ce que vivent et pensent les personnes auxquelles ils s’adressent.

Dans tout dialogue, le chrétien doit se souvenir que son interlocuteur et lui ont un terrain commun. Tous nous sommes des hommes. Nous appartenons à l’unique famille humaine créée par Dieu et que Dieu veut rassembler en son Fils. Certes le péché a introduit de nombreuses déchirures au sein de la famille humaine. Mais il faut maintenir que la nature humaine n’est pas détruite. La loi naturelle est inscrite au cœur de l’homme même si elle est souvent partiellement méconnue. Un dialogue mené au nom de la raison doit nous aider à mieux découvrir cette loi naturelle en sa plénitude.

Le dialogue peut nous aider à comprendre ce qui chez notre interlocuteur est aspiration et ouverture vers l’Evangile. Et aussi ce qui est blocage et incompréhension. La conversion, en définitive, sera l’œuvre de Dieu dans le cœur de cette personne. Mais Dieu peut et veut se servir de notre parole. Il est important de sentir quand et comment nous pouvons présenter le mystère du Christ.

Le dialogue avec les musulmans


A la lumière de tout ce qui vient d’être dit nous pouvons dès à présent donner quelques indications sur l’indispensable dialogue avec les musulmans.

Il y a d’abord le dialogue de la vie. Il est important que des relations de bon voisinage et d’entraide s’exercent dans nos quartiers. Si les services caritatifs de l’Eglise permettent de nouer des relations d’amitié avec des musulmans ce sera certainement très profitable. Dans certains pays et en France dans certains lieux, les fêtes sont des occasions de rencontre de repas partagés, on ne peut que s’en réjouir.
Il y a le dialogue au niveau de ce que nous avons appelé loi naturelle. Ce dialogue est particulièrement important. Il se place comme nous l’avons dit au niveau de la raison. Sur certains points de morale, il peut y avoir une vraie convergence entre chrétiens et musulmans et cela peut favoriser une coopération en vue du bien commun. Mais il faudra aussi aborder le problème de la liberté religieuse. Le droit à la liberté religieuse c’est le droit à ne pas être empêché dans notre recherche de la vérité. Ce droit fait partie de la loi naturelle. Il faudra courageusement aborder cette question et interpeller nos amis musulmans sur les violations de ce droit fondamental (sans nier d’ailleurs que, par le passé dans le monde chrétien et occidental, ce droit n’a pas été toujours respecté).
Il y a enfin le dialogue missionnaire proprement dit. Beaucoup de musulmans sont de façon plus ou moins consciente à la recherche du Christ. Respecter leur liberté ne signifie pas renoncer à leur proposer l’évangile. Il convient bien sûr de faire cette proposition avec intelligence et douceur, mais l’expérience montre que la découverte de Jésus-Christ a illuminé la vie de nombreux musulmans.

Un autre dossier « Chrétiens et musulmans, avons-nous le même Dieu ? » réalisé par Annie Laurent sera prochainement publié dans ces pages.

Publié le 23.11.2011.

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