Claire Emerentienne : un chemin de joie et de simplicité

Adoptée à l’âge de neuf mois par une famille catholique au format XXL, Claire Emerentienne Fichefeux va apprendre à accepter son handicap pour répondre à l’appel de Dieu. Porteuse de trisomie 21, elle témoigne d’un chemin de foi joyeux, simple et radical. Elle meurt à 27 ans en ayant accompli sa vie et choisi « Dieu seul ».

Une adoption particulière

Jacques et Marie-Hélène Fichefeux ont déjà sept enfants, lorsque des amis leur parlent de l’Eau de Vie, une pouponnière varoise qui accueille des enfants porteurs de trisomie 21. Suite à un concours de circonstance, ils visitent l’établissement après un pèlerinage à Cotignac. Une charmante petite fille blonde aux yeux bleus leur saute dans les bras en guise d’accueil. Ouverts à la vie, ils se posent la question de l’adoption, sans jamais y avoir songé auparavant. Durant trois mois, ils prient à cette intention et tombent chacun de leur côté sur la parole : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ». Cet appel de couple devient familial, lorsqu’ils demandent l’avis de leurs enfants. Même le petit dernier, âgé de deux ans, appose sa signature sur le dossier. Quand Marie-Hélène téléphone à la pouponnière, elle apprend que la jolie fillette blonde a été adoptée la veille. « On comprend immédiatement la leçon du Seigneur pour nous. Dans le royaume de Dieu et de l’Amour, on ne prend pas, on ne choisit pas. On accueille, on reçoit. » À la place, Claire Emerentienne s’invite dans leur vie. Amaigrie par un passage à l’hôpital, elle semble leur dire dès le premier regard : « Voulez-vous ? Je ne suis pas très gênante, mais j’ai besoin qu’on m’arrose d’amour. Je serai insatiable. Moi aussi, je vous aimerai beaucoup. Voulez-vous ? »

L’apprentissage de l’autonomie

Ses parents lui donnent un prénom composé qui évoque la pauvreté, à laquelle son handicap l’appelle. « Comme ses deux saintes patronnes, Claire Emerentienne embrasse la pauvreté. Nous avons souhaité lui transmettre qu’elle était aimée et aimable, sans jamais nier ses limites. » D’un naturel joyeux et espiègle, toujours prête à faire la fête, elle témoigne d’une « grande intelligence du cœur », qui lui attire l’amour des autres. Surnommée Claire Aime par ses proches, elle grandit à Toulon, va en maternelle à l’école Sainte-Philomène, puis en classe CLIS à Jean-XXIII. « Nous nous sommes battus pour que Claire puisse continuer à apprendre et à devenir de plus en plus libre et qu’elle puisse prendre sa vie en main », confie Marie-Hélène. De 13 ans à 20 ans, elle rejoint l’école catholique de Brignoles qui ouvre une section collège pour les enfants à particularité. Elle y découvre la philosophie. « Pendant six ans, avec ténacité, Claire fait les 50 km en bus. » Cette autonomie la prépare à travailler ensuite dans la restauration pour la Marine nationale, en se levant quotidiennement à 5h30 pour prendre son service. « Là, elle sait faire sa place et prouve sa compétence. Claire désirait tout vivre et tout expérimenter pour « devenir adulte », c’est-à-dire pour prendre sa place dans le monde. » Elle détient son propre compte bancaire et règle ses dépenses par chèque. Marie-Hélène se souvient avec humour : « Claire était attentive aux besoins des autres et donnait avec grand cœur et générosité, d’autant plus qu’elle n’avait pas conscience de la réelle valeur de l’argent. Ainsi, croyant faire un très grand cadeau, elle a vidé tout son porte monnaie pour offrir six euros à son frère qui se mariait ! »

Accepter ses limites pour aimer Dieu

À l’occasion du mariage de son unique sœur, dont elle est très proche, Claire Aime prend douloureusement conscience de sa vocation particulière. Alors qu’elle s’apprête à faire un discours comme à tous les mariages familiaux, elle n’arrive pas à parler et murmure dans un soupir : « Moi, cet amour, je ne le connaîtrai jamais ». C’est ainsi qu’à 18 ans, elle choisit de suivre Dieu, sans savoir encore comment. Depuis son plus jeune âge, elle fréquente la Communauté de l’Emmanuel grâce à ses parents. Elle demande donc à y entrer en étape d’accueil et de discernement, mais doit patienter. Neuf années d’attente viendront consolider son appel, avant qu’elle puisse s’y engager en novembre 2013. Sa joie est immense. Ce soir-là, son père est en déplacement professionnel. Claire a la possibilité de retarder son engagement au mois de juin pour qu’il puisse y assister, mais elle refuse malgré toute l’affection qu’elle lui porte. Devant le tableau de Marie Auxiliatrice, elle prononce ses vœux et une mission spéciale de prière pour les prêtres lui est confiée. Claire vivra les six prochains mois au rythme des maisonnées hebdomadaires et des partages, qui témoigneront de son parcours de foi radical. Un soir, elle prie : « Seigneur, merci pour l’adoration, pour la chance qu’on a de te prier ici. Nous croyons en toi. Tu es présent dans cette hostie. Tu es là au milieu de nous. Montre-nous ta gloire. Nous voulons te voir. »
Le 24 mai 2014, en la fête de Marie Auxiliatrice, Claire Emerentienne est retrouvée morte dans son lit, à l’âge de 27 ans. Sur sa table de chevet, sa maman découvre un livre ouvert « Comment prier chaque jour ? », ultime témoignage de son beau chemin de foi. Marie-Hélène témoigne : « Après sa mort, j’ai eu l’intuition que sa vie était accomplie. » Quinze jours auparavant, son bilan médical était excellent. Épanouie et heureuse, elle avait annoncé à ses parents : « J’ai compris, c’est Dieu seul… avant les prêtres ! »
 

écrit par Lætitia d’Hérouville

 

 


En savoir plus :

Les réalisateurs Steven et Sabrina Gunnell consacrent leur prochain documentaire à Claire Emerentienne. Soutenez dès à présent la production de « Claire Aime ou la joie de vivre » pour porter son message de joie et de simplicité au monde.

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