Vive le blasphème !

Assurément, Jésus est en agonie jusqu’à la fin du monde, comme le disait le philosophe Pascal. Il a blasphémé ! C’est le motif de la condamnation de Jésus au cours de sa Passion… Il a blasphémé ! C’est encore aujourd’hui la raison de sa Passion prolongée au cours des âges. Ainsi, révéler son identité de Fils de Dieu, rendre témoignage à la Vérité, apparaît tout aussi insupportable il y a deux mille ans que de nos jours.


Par le Père Louis-Marie Guitton, Responsable de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon

Assurément, Jésus est en agonie jusqu’à la fin du monde, comme le disait le philosophe Pascal. Il a blasphémé ! C’est le motif de la condamnation de Jésus au cours de sa Passion… Il a blasphémé ! C’est encore aujourd’hui la raison de sa Passion prolongée au cours des âges. Ainsi, révéler son identité de Fils de Dieu, rendre témoignage à la Vérité, apparaît tout aussi insupportable il y a deux mille ans que de nos jours.

On reparle avec force du blasphème à propos des caricatures de Mahomet. Sur ce sujet, comme sur bien d’autres en ce moment, on ne sort décidément pas d’un discours de type affectif et fondé sur l’émotion. Dialogue de sourds : il y a des choses dont on ne peut se moquer disent les uns, liberté d’expression disent les autres. A force de vouloir absolument faire de la laïcité, conçue comme plus petit dénominateur commun, la pierre angulaire du vivre ensemble en France, on en devient incapable du moindre raisonnement un tant soit peu sérieux. Héritiers du Grand Siècle, « je veux parler du XVIII°, disait Michelet», nous serions redevable à cette belle invention française de la stabilité de nos Institutions… La laïcité de combat, anticléricale et radicale, est de retour avec des David Assouline ou Vincent Peillon. Elle n’a jamais vraiment disparu, à côté des tentatives de lui substituer une laïcité plus ouverte et positive… Menacée, affirme-t-on haut et fort, on a vu fleurir des comités pour la promouvoir et la défendre. Elle est l’enfant chérie des loges et des ateliers, qui travaillent notamment sur la question du… blasphème. Enfin sortis de l’obscurantisme de l’Ancien Régime, l’un des droits acquis par la Révolution est celui du blasphème. Les Frères reconnaissent dans le Chevalier de la Barre, guillotiné en 1766 pour impiété, leur martyre, auquel il voue une dévotion toute républicaine. Sur quelle base pourrait-on condamner maintenant la moindre critique de l’Islam, ou de tout autre religion ?

On aura bien compris, en particulier dans les propos de monsieur Peillon, que la laïcité est une nouvelle religion, dont il est plus qu’un fidèle, mais bien un apôtre. La religion de la laïcité a ses prophètes, parmi lesquels Ferdinand Buisson ; la sainteté qu’elle poursuit est un humanisme athée. La morale laïque, qui permet de distinguer le bien et le mal, permet à l’école « d’exercer un pouvoir spirituel dans la société. » Cette religion sans Dieu, qui garantira le droit au blasphème, après avoir aboli le sacré, ne connaîtra d’autre divinité que celle de la Tolérance. Sans vouloir aller trop vite, on comprend rapidement que le relativisme institué au rang de loi divine exige que l’on reconnaisse l’existence d’un péché, un seul, irrémissible, celui commis contre la tolérance. Oser croire que vérité puisse exister au singulier, distincte de la simple harmonie des opinions, est le seul véritable blasphème. C’est pourquoi on pourra longtemps épiloguer sur la notion de sacrilège… Devenue équivoque, elle ne peut désormais exister que contre les nouveaux dogmes de la laïcité.
Dame Laïcité, frileuse, a admis -à juste titre- des exceptions, pénalement répréhensibles, pour les délits mémoriels liés à la Shoah, la xénophobie, le racisme ou l’homophobie… Bientôt l’islamophobie, car elle est aussi peureuse ! Il ne restera de liberté de blasphémer, pardon de s’exprimer pour dénoncer le dogmatisme, que celui de se répandre sur le christianisme, source de tous les obscurantismes, suprême forme de la liberté d’excrétion. Rassurez-vous, les mobilisations pour les Pussy Riot ou les séries télévisées caricaturales sur l’histoire de l’Eglise ou la formation des prêtres ont encore de beaux jours devant elles.

A quand le goût pour le dialogue fondé sur la raison droite, illuminée et purifiée par la foi ? Il n’est bien sûr pas possible de tout dire ou de tout représenter dans les medias, au risque de voir proliférer toutes formes de vices et de perversions, au risque aussi de provoquer et de blesser inutilement des croyants dans leur foi. A quand l’humble soumission au réel et à la vérité qui est adéquation avec lui? A quand la reconnaissance de cet ordre que nous découvrons en nous, source du bien et du mal ? « Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir… C’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme ; sa dignité est de lui obéir. » (Concile Vatican II)

La fermeture idéologique à l’égard de Dieu et l’athéisme érigé en systèmes ont montré leurs fruits au XX° siècle. Il est temps de redécouvrir que Dieu révèle l’homme à lui-même par la Révélation de son Fils Jésus-Christ. Le christianisme est la religion de l’homme ! « Sans Dieu, l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est… L’humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain. » (Benoît XVI, encyclique Deus caritas est, 78)

Publié le 01.10.2012.

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