Peut-on être catho sans être écolo?

Il est assez révélateur de l’état de la prise de conscience chez les catholiques de la question environnementale que Monseigneur Dominique Rey ait intitulé sa lettre pastorale « Peut-on être catho et écolo ? ». Un vrai retard que notre évêque pointait en écrivant « L’écologie concerne les chrétiens au même titre que le reste de l’humanité, et même à un titre supplémentaire ».[1] Il mettait également en évidence que les catholiques se doivent d’aller outre « l’écologie mondaine ».


Par Philippe Conte

Commission Cadre de vie et Environnement de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon

Il est assez révélateur de l’état de la prise de conscience chez les catholiques de la question environnementale que Monseigneur Dominique Rey ait intitulé sa lettre pastorale « Peut-on être catho et écolo ? ». Un vrai retard que notre évêque pointait en écrivant « L’écologie concerne les chrétiens au même titre que le reste de l’humanité, et même à un titre supplémentaire ».[1] Il mettait également en évidence que les catholiques se doivent d’aller outre « l’écologie mondaine ».

Notre évêque a admirablement montré pourquoi cette question environnementale était absolument connectée à la vision chrétienne de l’homme et de la création qui est véritablement sa demeure[2] aménagée par Dieu. Aussi c’est très logiquement que la dégradation de cette maison commune est un signe indubitable de la prégnance du péché dans nos actes quotidiens.

Mais c’est ici, s’écartant un peu du champ problématique de la lettre pastorale, qu’il est particulièrement intéressant de mettre en rapport l’ensemble de ces comportements fautifs (qui ont tous un impact néfaste sur notre environnement) et la notion particulièrement novatrice que le bienheureux Jean-Paul II a mis en évidence : les « structure de péché ».

Il faut rappeler la définition qu’il en donne dans la lettre encyclique Sollicitudo rei socialis : « Si la situation actuelle relève de difficultés de nature diverse, il n’est pas hors de propos de parler de «structures de péché», lesquelles, comme je l’ai montré dans l’exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentia, ont pour origine le péché personnel et, par conséquent, sont toujours reliées à des actes concrets des personnes, qui les font naître, les consolident et les rendent difficiles à abolir. Ainsi elles se renforcent, se répandent et deviennent sources d’autres péchés, et elles conditionnent la conduite des hommes »[3].

Dans le domaine environnemental ce concept permet de faire le lien entre ces comportements fautifs et le modèle économique. En effet une bonne part des modes de vie en cause est le résultat d’actions délibérées des acteurs économiques. On ne peut en effet ignorer que le consumérisme délirant qui est une des caractéristiques de notre modèle social est le produit direct de la publicité, du système des marques autant que l’idéologie hédoniste.

Système économique et doctrine idéologique se renforcent ainsi réciproquement et conditionnent fortement les comportements individuels. Par ailleurs, sous l’influence des mêmes forces, le système éducatif a abandonné ses racines chrétiennes, a abandonné l’enseignement des vertus, a abandonné la recherche de la vérité. Ceux qui en sortent, y compris les meilleurs, sont livrés désarmés aux injonctions du consumérisme et de l’individualisme. Seule parmi les institutions, l’Eglise catholique éclaire les consciences et rappelle la joie de l’ascèse et la sobriété.

Il ne peut ainsi être question d’être réellement sérieux dans la volonté de changer ces attitudes, ces modes de vie dévastateurs, sans dans le même mouvement s’attacher à la transformation radicale des structures de péché qui les renforcent en permanence !

Plus important encore, y renoncer est un grave manquement à la charité car comme on l’a vu ces structures de péché entraînent nos frères vers le péché. Il n’est pas inutile de rappeler ici le texte même du Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise : « l’enseignement et la diffusion de la doctrine sociale de l’Église appartiennent à sa mission d’évangélisation; c’est une partie essentielle du message chrétien, car cette doctrine en propose les conséquences directes dans la vie de la société et elle place le travail quotidien et la lutte pour la justice dans le cadre du témoignage rendu au Christ Sauveur. Nous ne sommes pas en présence d’un intérêt ou d’une action marginale, qui s’ajoute à la mission de l’Église, mais au cœur même de sa dimension ministérielle: grâce à la doctrine sociale, l’Église annonce Dieu et le mystère du salut dans le Christ, et, pour la même raison, elle révèle l’homme à lui-même »[4].

[1] Mgr Dominique Rey « Peut-on être catho et écolo ? » Lettre sur l’écologie Ed. Artège p8.

[2] L’étymologie du mot écologie provient du grec oikoV maison commune (à la tribu). Etymologie commune avec le terme œcuménique !

[3] Sollicitudo rei socialis, Rome, le 30 décembre 1987.

[4] Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise n°67.

Publié le 07.06.2012.

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