Bénir et bénédiction

Comment définir la bénédiction ? Comment nous est-elle communiquée et révélée ? Comment se présente-t-elle ?


La bénédiction, c’est la lecture du «miracle» (de l’extraordinaire) dans les choses ordinaires, considérant par là que tout nous vient de Dieu, par Lui, grâce à Lui, et que son seul désir est notre bonheur. Dieu est la source de tout don, de toute vie, de toute création. C’est en cela que Dieu nous bénit.
Bénir = Dire du bien (bene-dicere)
Quand Dieu bénit, c’est qu’il dit du « bien ». Et Dieu ne peut dire que du bien car il n’est que bénédiction. Réalisons cela car c’est essentiel pour nous tous : Dieu ne dira jamais de mal sur nous, mais toujours du bien car il a une vision très particulière de chacun de nous. En effet, Dieu ne nous voit que comme des hommes déjà sauvés en son Fils ressuscité. Quand je me décourage de moi-même, quand j’en viens à me mépriser, je dois me souvenir que Dieu me « bénit », il me veut toujours du bien, il dit toujours du bien de moi…
Dans la Bible, la 1ère bénédiction de Dieu est dite sur l’homme et la femme, sur le couple (Génèse 1, 28)
Tout le récit de la Création est « bénédiction » : «Dieu vit que cela était bon»

N’hésitez pas à relire Ephésiens 1, 3-14, l’hymne de Paul aux 7 bénédictions…

La bénédiction dans le judaïsme

En hébreu, le mot « bénédiction » a pour racine ces trois simples lettres : brk,
Le substantif Beraka (Berakoth, au pluriel) ; le verbe Barék ; l’adjectif barûk = bénédiction

Dans le judaïsme, la Beraka, est très fréquente dans la vie quotidienne et liturgique et il y a 3 occasions pour bénir Dieu :

  1. Les bénédictions faites avant de faire usage d’un bien (un aliment, par exemple). La tradition affirme qu’user de quoi que ce soit en ce monde sans prononcer une bénédiction, c’est agir en voleur et en profanateur : l’homme en effet s’attribue alors quelque chose comme si elle lui appartenait de droit, et il la profane en n’en reconnaissant pas l’Auteur qui la rend sainte. (Berakhot 35 a et b. TB)
  2. Les bénédictions des Mitswot¸ que l’on prononce avant d’accomplir une Mitswah, un précepte, un commandement
  3. Les bénédictions liturgiques de la prière quotidienne qui rythme la journée.

La berakah place l’homme dans un triple rapport : à Dieu, au monde, aux hommes. Par la bénédiction, le juif reconnaît :
– Dieu comme origine de toutes choses
– Le monde comme un don à accueillir et à humaniser
– Les hommes comme des frères avec qui on ne peut que partager le don de la terre.

  • Un juif bénit Dieu en toutes choses. Tout bon juif bénit au moins 100 fois par jour. Rien n’existe qui ne soit occasion de Berakoth, même des réalités négatives (injustice, maladie…) car il garde l’espérance inébranlable de l’espérance messianique. La beraka est le reflet de la lumière qui, pour le moment est cachée, mais que dans la foi on sait voir.
  • Bénir, c’est dire — et redire à Dieu — l’ultime identité des choses et des hommes, l’ultime destinée de toutes choses liées à Dieu créateur. La beraka transforme le profane en sacré, les objets en dons, les hommes en créatures divines, l’univers en sanctuaire.
  • La beraka interdit l’appropriation des choses car tout vient de Dieu. La bénédiction enlève à l’homme le pouvoir sur les choses et elle rend toute chose à Dieu, Créateur de tout bien. L’homme ne peut que recevoir sans posséder.
  • La beraka engage au plan éthique : elle défend à l’homme de recueillir plus que n’exige ses besoins personnels, en étant confiant pour le lendemain qui est entre les mains de Dieu et qui pourvoira par de nouveaux dons.
  • La beraka est une joie : la joie du don reçu et la joie de rendre à Dieu le don qu’il nous fait.

Les deux mouvements de la bénédiction

Allez relire le Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 1077-1083, qui définit les 2 mouvements de la Bénédiction :
Bénir est une action divine qui donne la vie et dont le Père est la source. Sa bénédiction est à la fois parole et don (bene-dictio, eu-logia). Appliqué à l’homme, ce terme signifie l’adoration et la remise à son Créateur dans l’action de grâce (n° 1078).

La bénédiction qui nous vient de Dieu, et plus exactement de Dieu-Père, est à la fois parole et don, don inclus dans une parole (Parole et don = Esprit)
On comprend que le Livre des Bénédictions déconseille vivement de « bénir des objets ou des lieux par un simple signe de croix sans l’accompagnement d’aucune Parole de Dieu ou de quelque prière » (Préliminaires, n° 27).

Quant à la bénédiction qui monte de l’homme vers Dieu, elle est adoration [ad – orare = prier vers, en direction de, à] et eucharistie (eu – charis = bonne grâce, rendre grâce).

Le Catéchisme va plus loin, en expliquant comment « fonctionne » la bénédiction divine dans la liturgie chrétienne et dans l’économie sacramentelle : « Dans la liturgie de l’Eglise, la bénédiction divine est pleinement révélée et communiquée : le Père est reconnu et adoré comme la Source et la Fin de toutes les bénédictions de la création et du salut ; dans son Verbe incarné, mort et ressuscité pour nous, Il nous comble de ses bénédictions, et par Lui, Il répand en nos cœurs le don qui contient tous les dons l’Esprit-Saint (n° 1082).

Il y a là un double enseignement :

  1. La célébration chrétienne de la liturgie et des sacrements est le lieu où la bénédiction divine est pleinement révélée et communiquée : nous retrouvons ici l’idée du sacrement comme moyen de la manifestation et de la communication de la vie divine.
  2. D’autre part, la bénédiction est présentée dans sa structure trinitaire : le Père en est la source et le terme, le Verbe dans les mystères de son incarnation et de sa Pâque en est le médiateur nécessaire, et l’Esprit-Saint en est le fruit qui remplit nos cœurs. En régime chrétien, en régime de liturgie chrétienne, la parole et le don mentionnés au n° 1078 deviennent la Parole ou le Verbe de Dieu (le logos), et le Don de Dieu par excellence qu’est son Esprit-Saint.

Publié le 16.09.2008.

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