Tout quitter
En septembre 2022, après avoir quitté son travail d’infirmière ainsi que son logement, Marie-Alix, cette jeune femme pétillante de 37 ans, traverse la France à pied pour prendre du temps pour elle et rejoindre Cotignac. À l’issue de cette épopée, elle se casse la jambe et se voit dans l’obligation de rester presque immobile pendant plusieurs mois. Une année salvatrice de repos choisi et imposé, qu’elle nous raconte.
Infirmière en chirurgie à l’hôpital à Bordeaux depuis plus de 10 ans, Marie-Alix alterne le travail de jour et de nuit. Ce rythme effréné ne lui permet plus d’avoir une vie saine ni d’exercer son métier comme elle le souhaite et comme elle l’aime. Aussi, elle décide de mettre fin à cette spirale infernale et de prendre du temps pour elle, pour souffler, prendre du recul et réfléchir sur ce qu’elle désire profondément. Elle quitte travail et logement et s’offre la liberté de pouvoir partir sans attache. « Je me suis dit que pour avoir l’esprit vraiment libre, il fallait que je sois détachée de tout. J’ai donc quitté mon travail et rendu mon appartement ». Elle qui n’a jamais vraiment marché décide de partir sur les chemins, pour couper avec le monde. La Sainte Famille semble l’appeler et elle choisit de se mettre à son école en rejoignant Cotignac.
Le départ sonne le 2 septembre. Marie-Alix endosse son sac, qu’elle a minutieusement délesté au maximum, emportant le strict nécessaire avec pour seule arme son chapelet, et part seule traverser la France, empruntant GR* et chemins de saint Jacques. L’itinéraire, elle ne l’a pas vraiment calculé et vit au jour le jour. Chaque matin, elle regarde le tracé qu’elle fera dans la journée et pour le reste, elle s’abandonne à la Providence. « A chaque fois que j’arrivais quelque part je disais à mon ange gardien : « bon maintenant, c’est à vous de jouer ! ». Il n’y a pas un soir où je me suis retrouvée en rade. C’est hyper reposant de ne rien prévoir ! Je n’avais aucune vraie préoccupation, rien qui me stressait. C’est un gros exercice d’abandon, mais on se rend compte qu’on n’est jamais seul. C’est assez fou ! Puis on découvre la bienveillance des gens. Il n’y pas eu un seul moment où j’ai eu peur sur les chemins ».
Pendant deux mois et sur 1250 km, Marie-Alix fait l’expérience du lâcher-prise. Vivant au rythme du soleil, au temps long de la marche et méditant le chapelet au fil des heures, elle a également expérimenté le vrai ressourcement personnel. « Quand tu pars seule, tu te retrouves juste face à toi-même, face à Dieu, et complètement à l’écoute. J’ai retrouvé un rythme sain de vie que je n’avais plus du tout (…) Il n’y a rien de plus reposant que de se laisser porter, de ne pas vouloir tout contrôler : tu es toujours guidé. Et au milieu de la nature, tout est beau, tout pousse à la contemplation. Ça repose aussi, physiquement et spirituellement ».
Au terme de ce voyage, qui prend fin à Cotignac à la Toussaint, la jeune femme souhaite prendre encore du temps pour retrouver sa famille, ses amis et asseoir ses choix avant de commencer un nouveau travail en février et de s’installer à Vannes. Mais ses plans sont déjoués par la Providence qui semble en avoir décidé autrement. Peu de temps avant l’échéance, lors d’une sortie entre amis à la montagne, elle se casse la jambe, se voyant dans l’obligation d’être immobilisée pendant plusieurs mois. « C’est un comble : ce qui m’a portée pendant deux mois et m’a fait traverser la France me lâche ». Malgré la douleur, les rééducations nombreuses, la dépendance contraignante aux autres, etc., Marie-Alix s’abandonne en confiance, y voyant la main de Dieu qui la conduit. « En repassant à l’hôpital pour mon opération, je me suis dit : « la Providence fait bien les choses ». Tous ces dysfonctionnements que je retrouvais m’agaçaient encore beaucoup trop. J’ai senti que je n’étais pas encore prête à reprendre exactement le même travail. J’avais donc l’opportunité de peaufiner la suite ».
Aujourd’hui elle profite de ce repos forcé, qu’elle accueille paisiblement, pour achever son discernement personnel et professionnel, en attendant d’être de nouveau sur pieds. « Je suis maintenant prête à reprendre le travail, je patiente en sachant que la Providence fait toujours bien les choses ».
Conseil de Marie-Alix : « Faire une pause et prendre du temps pour soi n’est pas de la feignantise ou de l’égoïsme, au contraire. Cela permet de mieux se connaître, de se ressourcer et surtout de se recentrer sur l’essentiel pour mieux se tourner vers les autres ensuite ».
écrit par Liloye Navarre
Publié le 12.07.2023.
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