Les rogations : qu’est-ce que c’est ?
Dimanche 7 mai, la paroisse de Draguignan a vécu « les rogations », une grande procession pour demander la pluie. Ces jours-ci, diverses paroisses du Diocèse de Fréjus-Toulon vivent également ce moment solennel. L’occasion de revenir sur cette belle tradition ancestrale et le sens de celle-ci.
« Demandez et vous recevrez »
Les « rogations » viennent du mot latin « rogatio » qui signifie « demander », « supplication », « prière », mettant en application l’invitation du Christ : « Demandez et vous recevrez » (Lc 11,9). Elles sont des prières publiques et solennelles ayant pour vocation d’attirer les bénédictions de Dieu sur les biens de la terre, en particulier les cultures et les troupeaux.
Cette cérémonie est instituée au Ve siècle par saint Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné, période où cette ville est une métropole importante de l’église de Gaule. Cette époque, connue pour être le temps des grandes invasions, est calamiteuse en de nombreux points dans cette région : tremblements de terre, famines, épidémies… Outre sa sainteté, ce saint évêque est renommé par son savoir et ses miracles. Ainsi, il décide d’instaurer des processions pour demander l’aide du Ciel, notamment pour les travaux des champs en vue des récoltes à venir. A celles-ci ils ajoutent les psaumes et les prières, le jeûne, l’encouragement à la confession et la componction du cœur. Les trois jours précédant l’Ascension sont choisis et approuvés par le concile d’Orléans en 511 pour cette prière publique locale, qui va rapidement se répandre dans toute la Gaule puis en Occident. Le Concile de Tours impose en 567 l’obligation du jeûne pendant ces jours déclarés fériés et les rogations sont adoptées par Rome et étendues à l’Église universelle au VIIIème siècle.
Initialement, l’imposition des cendres et l’aspersion de l’eau bénite introduisaient la cérémonie. Clercs et laïcs processionnaient nu-pieds en chantant des antiennes, des psaumes ainsi que les litanies des saints. La procession s’achevait enfin sur le saint Sacrifice de la messe.
Dans les campagnes, le circuit était balisé par des croix temporaires ou fixes et des haltes étaient faites dans des chapelles ou des reposoirs ornés de fleurs. Le premier jour était normalement dédié aux prés, le second aux champs et le troisième aux vignes ou autres cultures secondaires.
Les rogations aujourd’hui
Cette tradition encore trop souvent oubliée commence toutefois à être remise au goût du jour et certaines paroisses ont à cœur de prier pour les récoltes de leurs contemporains. Jamais délaissées par le père Nachez, curé des Arcs-sur-Argens, les rogations sont « une supplique qui part du cœur des hommes pour demander au Seigneur ses grâces particulières pour le monde du travail, les animaux et pour le monde du créé, c’est-à-dire pour Dame Nature que nous devons protéger et garder. Dans cette prière, il y a une vraie recherche du Bien Commun et un caractère de justice. Il y a également une autre part importante : on supplie, mais aussi on rend grâce. Il faut savoir être dans la gratitude pour les biens créés. C’est notre mission de chrétiens. On doit savoir recevoir et remercier », exhorte-t-il.
La messe et la procession des rogations ne sont plus nécessairement liées aux lundi, mardi et mercredi qui précèdent l’Ascension. Il revient aux Conférences épiscopales de fixer le ou les jours des rogations, tandis que les communautés paroissiales et religieuses ont généralement la liberté de choisir les jours qui leur conviennent.
Lors de la procession, les prières qui consistent en la lecture des psaumes, la récitation de « Notre Père » et de « Je vous salue Marie », reposent sur trois axes :
- Pour notre saint Père, le pape
- Pour la paix dans le monde
- Pour le monde agricole
Le chant des litanies constitue la part principale des prières chantées et, dans la mesure du possible, une messe est célébrée à la fin de la procession.
Ces prières de rogations sont une invitation à entrer plus profondément dans la sagesse et la miséricorde de Dieu comme Créateur de la terre et de ce qu’elle contient. Elles sont un appel à faire confiance en Celui qui conduit toutes choses à bonne fin.
Tel le paysan, capable de discerner la présence et l’action de Dieu dans la Création, apprenons à entrer dans la confiance et l’adoration pour voir en toute chose l’œuvre de Dieu.
https://archives.frejustoulon.fr
écrit par Liloye Navarre
Publié le 16.05.2023.
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